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Couvertures du livret du Chantier de jeunesse de Louis Genthon

Légende :

Pour organiser les Chantiers, plusieurs publications permettent aux jeunes garçons de découvrir leurs futures activités.

Genre : Image

Type : Brochure

Source : © AERD, don famille Genthon Droits réservés

Détails techniques :

Couverture en papier cartonné. Taille : 18,3 cm x 13 cm.

Date document : Octobre 1942

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère - Vizille

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Analyse média

Couverture (recto-verso) d’un livret de 16 pages, remis à Louis Genthon à l’automne 1942, à la fin de son stage en Chantier de jeunesse à Vizille en Isère (mars à octobre 1942). Ce document de propagande, avec textes et dessins en couleur, est adressé par le Gouvernement de Vichy aux jeunes des chantiers, après 8 mois de service, en octobre 1942.

La couverture (page 1) évoque le Chantier de jeunesse n°12 à Vizille en Isère. Sont représentés le paysage de montagne de Vizille, les baraquements en bois, le drapeau tricolore hissé en haut du mât, un jeune des Chantiers identifiable grâce à son béret. Au dos (page 2), on retrouve dans l’écusson la nature, singulièrement la forêt alpestre, symbolisée par le sapin et les crêtes de Belledonne ; en exergue, une devise : "A FORCE D’HONNEUR".

Descriptif des autres pages du livret* (pages 3 à 16) :

Au dos de la quatrième de couverture (page 15) de ce livret, présenté dans l’album, on peut y lire un texte moral et politique adressé aux jeunes qui vont quitter le groupement de Vizille :
… ET RAPPELLE-TOI LA PROMESSE QUE TU AS FAITE À TON DÉPART
« Devant les seize cent mille soldats tombés pour la France pendant les guerres 14-18 et 39-40, je prends l’engagement sur l’honneur : D’aimer et de suivre le Maréchal de France, Chef de l’État, de travailler derrière lui de toutes mes forces au redressement français en m’abstenant de toute critique. Voulant faire passer moi-même dans mes actes les doctrines de la Révolution nationale, je promets solennellement :
– D’être loyal avec moi-même et avec les autres, en renonçant dans ma vie privée à la ruse et à ce qu’on a coutume d’appeler le « Système D ».
– De rendre chaque jour, au moins un service gratuit à autrui, en m’efforçant d’en trouver l’occasion.
– De respecter et d’aider toute femme comme je voudrais que ma mère fût toujours respectée et aidée. »

Louis Genthon, pendant ses huit mois de séjour au Chantier de jeunesse de Vizille, faisait partie de l’équipe Mermoz – son nom figure en effet aux pages 8 et 9 où sont alignés les équipes nominativement. Chacune possède un nom évoquant la « grandeur française » (Charcot, Jean-Bart, Bayard, Mermoz), mais aussi les Alpes et le retour au travail dans la nature (équipe « Bûcheron »).

D’autres pages (pages 12, 13) exposent des clichés de visites officielles au Groupement 12 (Belledonne), dont celle du Maréchal, remettant la médaille du travail à cette institution.

Trois autres textes (pages 3, 6 et 10) accompagnent celui qui est transcrit ci-dessus, soulignant les valeurs de solidarité qu’incarne le chantier, la nécessité d’entretenir les liens forgés dans l’équipe sous les conseils du Maréchal, à qui, insiste le dernier texte, il faut faire confiance.

Quatre photos (pages 4, 5) exaltent les tâches du bûcheron en forêt, évoquant ainsi la devise gouvernementale « Travail, Famille, Patrie ». Rappelons qu’elle complète l’injonction explicite du texte présenté : en substance, « il faut travailler derrière le Maréchal en s’abstenant de toute critique. » Il s’agit bien de former, à terme, une société servile.

Dans l’immédiat, cet opuscule de propagande prône discipline militaire, cérémonies des couleurs, défilés, revues, sport en montagne, marches au pas cadencé, rappelant évidemment le côté le plus normatif et le plus autoritaire des méthodes de l’armée. La formation morale et patriotique se diffuse, dans le livret comme dans la vie quotidienne du camp, par l’intermédiaire de l’encadrement : le chef Saillet signe un « ce n’est qu’un au revoir », à la page 3.

Louis Genthon, agriculteur, n’est pas requis pour travailler en Allemagne, du fait de sa profession. Mais dès novembre 1942, lorsque les Allemands envahissent la zone occupée, les Chantiers de jeunesse deviennent un réservoir de main-d’œuvre pour le IIIe Reich. Apparaît dès lors nettement, leur double rôle de propagande et d’oppression.

(*) Le livret est présenté dans son intégralité dans l’album joint à cette notice.


Auteurs : Michel Seyve et Robert Serre

Contexte historique

Le 30 juillet 1940, une loi crée les Groupements de jeunesse, dans l'optique de la Révolution nationale et dans le cadre des mesures visant à la formation morale et patriotique des jeunes. Ils étaient destinés à regrouper, encadrer et reprendre en main les jeunes conscrits des classes fin 1939-début 1940 qui n'avaient connu de la vie militaire que la débâcle. Ces jeunes sont incorporés pour six mois sous le commandement du général Joseph de la Porte du Theil, grand admirateur du Maréchal. Très vite, les Groupements seront appelés Chantiers de jeunesse, De la Porte en étant le commissaire général. La loi du 18 janvier 1941 pérennise les Chantiers de Jeunesse en y mobilisant, dans la zone non occupée, tout Français de vingt ans pour un service de huit mois. De la Porte du Theil, naïvement, songe surtout à préparer une armée camouflée de « soldats sans armes », avec des réservistes conservés dans une association des anciens des Chantiers.
Par leurs quatre ans d'existence et l'importance des effectifs (400 000 jeunes) qu'ils ont rassemblés, les Chantiers sont un mouvement très important.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.