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Henri Durel

Légende :

Au recto, portrait d'Henri Durel. Au verso, sa carte de membre des anciens du mouvement CDLR. 

Genre : Image

Type : Portrait

Source : © Collection Jean-Claude Durel Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : France - Ile-de-France - Yvelines - Beynes

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Contexte historique

Né le 18 juillet 1906 à Paris, instituteur depuis octobre 1925, Henri Durel est incorporé le 11 mai 1927 au 153e régiment d’infanterie et gravit peu à peu les échelons de la hiérarchie militaire. En 1928, il sort deuxième de sa promotion de l’école des officiers de réserve de Saint-Maixent. Il est alors affecté au 24e régiment d’infanterie (24e RI) comme chef de section de voltigeurs avec le grade de sous-lieutenant. Henri Durel est promu au grade de lieutenant le 7 juillet 1932.

Rappelé à l’activité le 27 août 1939, il est intégré au 56e bataillon de mitrailleurs motorisés (56e BMM) en tant que chef de la 1ère section de mortiers (81 mm) au sein de la compagnie d’engins et de fusiliers-voltigeurs (CEFV) commandée par le lieutenant Marcel Prampart. Le 56e BMM est mobilisé à Versailles et formé à Buc et aux Loges-en-Josas le 27 août 1939. Affecté au secteur défensif de la Sarre, il quitte Versailles le 31 août pour la région de Forbach (Lorraine) qu’il atteint le 2 septembre. Entre le 6 septembre 1939 et le 16 janvier 1940, il occupe successivement des positions dans la région de Leyviller, à l’est de Forbach, dans le secteur de Puttelange puis dans la région de Dieuse. Le 17 janvier 1940, le bataillon fait mouvement par voie ferrée vers le Nord. Entre le 18 janvier et le 9 mai, il séjourne en cantonnement à Elincourt (Nord) puis dans la région d’Avesnes. Le 10 mai 1940, le bataillon part en Belgique où il occupe une position défensive au nord de Huy. La CEFV stationne à 200 m au nord de l’Arbre de Croix. Le 13 mai, au petit jour, le 56e BMM est en contact avec les avant-gardes ennemies. Pendant toute la journée du 13, la position est très violemment bombardée par aviation et artillerie. Plusieurs tentatives infructueuses de l’ennemi pour se porter en avant. A 20h, l’ordre de repli est donné.

Le 14 mai 1940, le commandant de la CEFV fait détruire des munitions de mortiers et doit abandonner une chenillette et un canon de 25 mm, ainsi que 4 mortiers après les avoir rendus inutilisables. Puis le bataillon, regroupé, repart en direction de Namur (Marchovellette). La longueur de l’étape oblige les commandants de compagnies à abandonner une partie de leur matériel pour arriver à Marchovellette avant l’ennemi. Entre le 15 et le 19 mai 1940, le bataillon prend successivement position sur la Sambre le 15 – le canal de Charleroi le 16 – sur la Dendre région de Lens le 18. Au cours de multiples déplacements un certain nombre de camions transportant du personnel et du matériel ont disparu. A la date du 19 mai, l’effectif est réduit d’un bon tiers ; l’armement et les munitions des 2/3 environ. Le 19 mai 1940, à 6h, la colonne motorisée arrive à Valenciennes, bombardée et encombrée par de multiples convois militaires et civils se dirigeant soit vers Douai soit vers Cambrai. Le résultat de cet encombrement est que le bataillon se sépare en plusieurs colonnes qui marcheront indépendamment. Le lieutenant Prampart, commandant la CEFV, séparé de la colonne du bataillon à Valenciennes pendant deux heures, en avait retrouvé un élément près de Cambrai. Cet élément était commandé par le lieutenant Dongeon de la 965e CT. Il comprenait, entre autres, deux voitures TTN contenant environ 50 hommes de la CEFV, commandés par le lieutenant Durel. D’accord avec le lieutenant Dongeon, le lieutenant Prampart avait décidé de tenter de traverser Cambrai vers le sud. Mais seul le lieutenant Durel l’avait suivi avec ses deux TTN.

A Cambrai, la petite colonne se met à la suite du capitaine Laun et franchit le canal du Nord puis se rend à Amiens au moment du bombardement intense. Le lieutenant Durel est laissé avec ses deux TTN à l’entrée de la ville et le capitaine Laun, avec le lieutenant Prampart, se rend au bureau de la Place. Là, il rejoint comme destination Moreuil, centre de la 2e DLM. Mais au départ, il ne retrouve plus le lieutenant Durel et ses deux camions. Après des recherches infructueuses au milieu des décombres, il quitte Amiens à 19h et se rend à Moreuil puis Montdidier, Hargicourt et Fayel-Bocage (matinée du 20). Vers 9h, la colonne motorisée du bataillon traversant la ville de Cambrai est attaquée par les Allemands. Le bataillon est décimé et dispersé. 150 officiers et hommes de troupe sont faits prisonniers. Le 27 mai 1940, le lieutenant Regnault constate la présence d’un important détachement du 56e BMM, avec les lieutenants Dubreuil et Durel dans la région de Versailles. Dans un rapport adressé au lieutenant-colonel commandant le DGI 293, Henri Durel relate son parcours depuis Valenciennes. Séparé du convoi à Valenciennes, le lieutenant Durel, à la tête de sa section montée sur deux camions TTN, cherche la route de Cambrai par Bouhain. A Cambrai, il rejoint le lieutenant Prampart. A Amiens, voyant arriver une escadrille de bombardiers légers, il gagne un bois distant de 2 km environ et y camoufle ses véhicules ; après le bombardement, il retourne en ville mais n’y trouve plus le lieutenant Prampart. Le personnel du bureau de la Place étant parti, le lieutenant Durel doit se contenter d’un renseignement imprécis : on dirige depuis le matin même les petits détachements sur Paris par Breteuil. A quelques kilomètres d’Amiens, le lieutenant Durel s’arrête et recueille 5 camions TTN du bataillon des isolés. Il recueille aussi des réfugiés exténués. Après Breteuil, un gendarme le dirige sur le centre de regroupement de Noailles où il arrive à la nuit. Le 20 au matin, le bureau de la Place le dirige sur Silly-Tillard. Là, un capitaine le fait entrer dans un convoi qui se dirige vers Bornel. Le 21 matin, un autre officier le dirige vers Meulan ; de Meulan un autre capitaine l’envoie à Maisons-Laffitte. Là, point d’officier. Le lieutenant Durel apprend la présence à Versailles du détachement Dubreuil et décide de gagner le DG213 pour y recevoir un ordre précis. Le 28 mai 1940, le gros du bataillon, 450 officiers et hommes de troupe environ, se regroupe au sud de la Somme et rejoint, sur ordre, le dépôt de Versailles où il cantonne jusqu’au 4 juin. Le 5 juin 1940, le bataillon, mis à la disposition du général commandant le camp retranché de Paris, part dans l’Oise (Nanteuil-le-Haudouin). Les éléments du bataillon sont dispersés sur 25 à 30 km entre Senlis et Nanteuil-le-Haudouin pour renforcer le dispositif déjà en place. Tous les hommes non spécialistes de service des armes collectives sont groupés dans deux formations différentes, dont un groupe-franc destiné à l’action contre les parachutistes et stationné à Dammartin-en-Goële, aux ordres du capitaine Mureau et des lieutenants Durel et Draussin.
Les 11 et 12 juin 1940, le bataillon subit de violents bombardements et assaut répétés de l’ennemi. La ligne de défense est enfoncée en certains points par suite du manque de munitions. A 21h, l’ordre de repli général est annoncé. Entre le 13 et le 25 juin, le 56e BMM fait retraite de Samois-sur-Seine (Seine-et-Marne) jusqu’à La Meyze (Haute-Vienne) où il arrive ce 25 juin. Le 14 juillet 1940, à 10h30, une fraction du bataillon sous les ordres du capitaine Mureau, encadrée par les lieutenants Durel, Rousseau et Thibault, prend part à la cérémonie qui se déroule devant le monument aux morts de La Meyze.

Le lieutenant Henri Durel est démobilisé le 28 juillet 1940. Trois jours plus tard, le bataillon est dissous. Le 8 juillet 1940, Henri Durel est cité à l’ordre du corps d’armée : « Le 13 mai 1940 à Moha (Belgique) a réglé les tirs de sa section de mortiers, réussissant à prolonger les tirs des mitrailleuses dans les partis défilées du terrain et à bloquer les tentatives d’infiltration de l’ennemi. Son PC étant repéré et attaqué en piqué par des avions, a servi lui-même un FM pour défendre sa position. Dans la nuit du 13 au 14, a rallié un grand nombre d’éléments du bataillon privés de leurs moyens de transport et les a conduits à Namur. Le 19 mai à Cambrai, se trouvant dans un convoi disloqué par des bombardements d’avions a réussi à regrouper et à sauver une partie des hommes et du matériel de la compagnie en traversant la zone occupée par l’ennemi ».

Après sa démobilisation, Henri Durel se retire à Marseille. Nous ignorons à quelle date il arrive à Beynes mais nous savons qu’il y est en poste en octobre 1940, remplaçant Louis Chastre parti à la retraite. En décembre 1943, il rejoint le mouvement Ceux de la Résistance (CDLR) et participe à la fabrication de faux-papiers. Son poste de secrétaire de mairie lui permet en effet de disposer de formulaires vierges. Il fournit notamment de fausses cartes d’identité ainsi que des tickets de rationnement aux jeunes Beynois réfractaires au STO. Il fournit également des titres d’alimentation à Monsieur Marzeguil, réfugié de l’Orne et réfractaire de ce département, celui-ci s’étant vu retirer sa carte par le maire de Beynes car il avait refusé de creuser des trous le long des routes, travail ordonné par les Allemands. Il omet volontairement d’envoyer certains documents destinés aux Allemands, tels que les recensements par exemple.

En 1944, Henri Durel intègre les Forces françaises de l’Intérieur. Son nom apparaît sur la liste des FFI officiers de l’armée d’active et de réserve du secteur de Montfort l’Amaury . En août 1944, alors qu’un commando du Special Air Service a établit son quartier général à Beynes, Henri Durel leur vient en aide pour évacuer l’un des leurs, grièvement blessé lors d’une mission de reconnaissance à Villiers-saint-Frédéric . Grâce à l’aide d’Henri Durel et de l’abbé Lucien Legrand, curé de Beynes, le blessé sera conduit en sécurité derrière les lignes des avant-gardes américaines à Marcq.

En août 1944, Henri Durel guide les avant-gardes américaines venant de Marcq jusqu’au Vol à Voile. Rappelé en situation d’activité le 30 avril 1945, Henri Durel rejoint le 48e régiment d’infanterie en qualité d’Officier adjoint au chef du 2e bataillon puis commandant de la 7e compagnie. Démobilisé le 8 août 1945, il est promu au grade de capitaine de réserve en septembre 1949 puis à celui de chef de bataillon de réserve en mai 1958. Le 23 décembre 1957, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Henri Durel est également titulaire de la croix de guerre 1939-1940 avec étoile de vermeil (juin 1941), de la croix du combattant, de la croix des services militaires volontaires de 3e classe (novembre 1950), de la médaille commémorative 1939-1945 et est officier des Palmes académiques.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources :
SHD 4N237 (journal de marche et archives du 56e BMM) et dossier individuel d’officier d’Henri Durel.
ADY 1W397
BDIC, archives du réseau Turma-Vengeance