Le Bund en Pologne et en France
Légende :
Rassemblement bundiste en France avant la Première Guerre mondiale
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © YIVO, 1400nyc (876) Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : sans date (avant 1914)
Lieu : France
Contexte historique
Le Bund
Parti socialiste juif, le Bund est créé clandestinement dans l’Empire russe, à Vilnius, en octobre 1897. A la différence des sionistes, qui appellent à la création d’un foyer juif en Palestine, le Bund prône l’avènement du socialisme et le développement de la culture yiddish en diaspora, dans les territoires où vivent les masses ouvrières juives. Après la Révolution russe de 1917, le Bund, dont la composante nationale juive de son programme politique s’avère incompatible avec le bolchevisme, est dissout en Union soviétique. Il ne devient un parti légal que dans la Pologne indépendante de l’entre-deux-guerres, où il remporte des sièges lors d’élections municipales, développe un réseau influent de structures sociales et culturelles et poursuit ses actions d’auto-défense face aux attaques antisémites.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, la majorité des membres du comité central du Bund parviennent à fuir la Pologne avant l'occupation nazie et à se réfugier aux Etats-Unis. Ses deux principaux dirigeants, Henryk Erlich et Victor Alter, sont pour leur part emprisonnés en Union soviétique. Le premier se suicide dans sa cellule le 15 mai 1942, le second est fusillé par les Soviétiques le 17 février 1943. Dans plusieurs villes et campagnes de Pologne, des bundistes qui parviennent à échapper à la mort prennent part à la résistance civile et armée, en particulier des militants du Tsukunft (mouvement de jeunesse du Bund, signifiant avenir en yiddish). Sous la direction du tsukunftiste Marek Edelman, qui représente le Bund au sein de l'Organisation juive de combat, de jeunes bundistes participent au soulèvement du ghetto de Varsovie (19 avril-16 mai 1943).
Après la Shoah, les rangs du Bund sont majoritairement constitués de rescapés de retour d’Union soviétique et le mouvement ne parvient à rebâtir qu’un fragment de son activité d’avant-guerre. Au cours de l’année 1948, le Bund est progressivement dissout dans le parti communiste polonais et cesse définitivement ses activités en Pologne en janvier 1949.
Le Bund en France
Pendant plusieurs décennies, des bundistes en migration poursuivent des activités politiques, sociales et culturelles inspirées de leur expérience en Russie et en Pologne. Depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, nombreux sont en effet les bundistes qui, fuyant l’antisémitisme, l’oppression politique et les difficultés économiques, immigrent en Amérique (majoritairement aux Etats-Unis) ou dans une moindre mesure en Europe occidentale. Si des ouvriers et intellectuels bundistes sont présents à Paris dès le tournant du XXe siècle, ces derniers s’y installent en plus grand nombre dans les années 1920, lorsque les portes des Etats-Unis se ferment à l’immigration est-européenne.
Dans la capitale française, leurs activités se développent autour de plusieurs associations dont la société de secours mutuels Arbeter-ring ("Cercle ouvrier" en yiddish, association connue en France sous le nom de Cercle amical), la bibliothèque Medem (nommée d’après le théoricien du Bund Vladimir Medem, 1879-1923) et le SKIF (Sotsyalistisher kinder-farband – Union socialiste des enfants). A la veille de la Seconde Guerre mondiale, il est estimé qu’environ 800 à 1000 adultes sont sympathisants bundistes en France.
Dans plusieurs parties du monde, de nouvelles générations se réclament encore de nos jours de cet héritage bundiste. C’est par exemple le cas de l’association parisienne Centre Medem-Arbeter ring, dont le programme culturel juif et laïque s’inscrit dans cette filiation.
Auteur : Constance Pâris de Bollardière
Bibliographie (sélection) :
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Daniel Blatman, "Bund", dans Gershon David HUNDERT (ed.), YIVO Encyclopedia of Jews in Eastern Europe, New Haven (Conn.), Yale University Press, 2008, vol. 1, p. 274-280.
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Nicole Mandolinier, Maurice Rothnemer et Raoul Rouan, "Les jeunesses du BUND dans la résistance", Combat pour la diaspora, 23-24, 1977, p. 25-34.
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Henri Minczeles, "La résistance du Bund en France pendant l’Occupation", Le Monde juif. Revue d’Histoire de la Shoah, 154 (1) 1995, p. 138-153.
Constance Pâris de Bollardière, "Bund", dans Jean Leselbaum et Antoine Spire (dir.), Dictionnaire du Judaïsme français depuis 1944, Paris/Lormont, Armand Colin/ Editions Le Bord de l'Eau (coll. "Judaïsme"), 2013, p. 127-129.
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Fajwel Schrager, Un militant juif, trad. du yiddish [Oyfn rand fun tsvey tkufes (zikhroynes)] par Henry Bulawko, Paris, Les Editions Polyglottes, 1979.
David Slucki, The International Jewish Labor Bund after 1945. Toward a Global History, New Brunswick (N.J.)/Londres, Rutgers University Press, 2011.
Pinches Szmajer, "Contribution à l’histoire du Bund à Paris", Combat pour la Diaspora, 4 (3), 1980, p. 51-59.
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Claudie Weill, "Le Bund russe à Paris, 1898-1940", Archives Juives. Revue d’histoire des Juifs de France, 34 (2), 2001, p. 30-43.
La résistance sociale et politique bundiste en zone Sud
Esther Ryvka Richter dite Ika
Fajwel Schrager
Samuel Leber
Julien Selonczyk / Solonczyk
Les bundistes dans la libération de Lyon et de sa banlieue
Charles Szulc (ou Schultz)
La préparation des jeunes bundistes à la lutte armée