En mémoire du massacre de juillet 1944 à Miribel-Lanchâtre

Légende :

Un des exemples de ces lieux de massacre où tombèrent des Drômois tentant de fuir le Vercors. Stèle à Miribel-Lanchâtre (Isère), en mémoire du massacre de juillet 1944.

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © AERD, fonds Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en couleur.

Date document : juillet 2005

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère - Miribel-Lanchâtre

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Analyse média

Le monument, une pierre brute, dont la face est aplanie, dressée sur un socle, porte le « chamois » symbolique des Pionniers du Vercors.

Il rappelle la mort dans ces parages de neuf Français fusillés, tués ou abattus par les Allemands en juillet 1944 à la fin de la bataille du Vercors. Parmi eux, trois résistants drômois : Louis Caillet, 41 ans, et son fils Pierre, de Romans, Pierre Cholet, de Bourg-de-Péage.

Inscription sur la plaque : « ici tombèrent pour la Libération le 24 juillet 1944 », suivie des neuf noms classés par ordre de grade militaire.


Auteurs : Robert Serre

Contexte historique

Après l’ordre de dispersion du Vercors le 23 juillet 1944, beaucoup de maquisards tentent de traverser les lignes allemandes pour regagner la plaine. Le terrain accidenté et la ceinture de surveillance ennemie rendent l’opération périlleuse. Seule la ruse et la chance permettent de réussir, en général durant la nuit. Pourtant, beaucoup y parviendront.
Mais certains tomberont sur une sentinelle aux aguets. Ils seront soit abattus sur place, soit arrêtés et fusillés un peu plus loin. Rares seront ceux qui, se disant innocents, seront écoutés et crus, et garderont la vie au prix d’un internement ou d’une déportation Les fusillades se succèdent, le pourtour du Vercors est bientôt jonché de cadavres affreusement meurtris. Des Drômois périssent ainsi à Corrençon, à Miribel-Lanchâtre, à Saint-Guillaume, à Beauvoir, et divers autres lieux.
Les sources ne donnent pas toujours la même indication, c’est pourquoi on lira parfois deux mentions différentes.

Corrençon, 21 juillet 1944
Dans cette commune limitrophe de la Drôme, le 21 juillet, les FFI (Forces françaises de l'intérieur) essaient de stopper l’attaque des bataillons de la division allemande d'infanterie de montagne. Un groupe de 7 résistants de Romans et Bourg-de-Péage installé au Pas de la Balme a pour mission d’empêcher les Allemands d’atteindre le plateau par les sentiers venant de Corrençon et de Château Bernard. L’un d’eux, parti chercher de la nourriture, est tué dans la descente. Le 22 juillet 1944 au matin, une fusillade éclate. Deux hommes sont tués sur le coup au milieu du sentier, dont Jean ou Marcel Vachon, 21 ans, né à Romans. Ernest Besson, 39 ans, est arrêté et fusillé à l’entrée du Pas. Robert Sauvan, 19 ans, né à Saint-Vallier, mécanicien, voulant secourir ses camarades, est grièvement blessé près du poste de guet, il sera sauvagement achevé par l’ennemi et jeté en bas de la falaise avec les trois autres corps. Les deux survivants atteignent en courant les lacets du sentier et s’abritent dans une faille où ils passent la nuit debout. Un épais brouillard matinal leur permet de reprendre la descente et, par la suite, de rejoindre Romans.

Miribel Lanchâtre, 24 juillet 1944
Deux ouvriers en chaussures de Romans, Louis Caillet, 41 ans, et son fils Pierre, 19 ans, se sont engagés dans la compagnie Prévost ("capitaine Goderville"). Après avoir combattu à Saint-Nizier, ils sont pris et fusillés le 24 juillet 1944 à Miribel-Lanchâtre (Isère). Leurs corps sont retrouvés sous Chênière vers les Jardaires, en face de Saint-Guillaume. Pierre Cholet, 24 ans, chapelier, résistant de Bourg-de-Péage, s’est caché dans un petit bois à Miribel-Lanchâtre (Isère), lors de la dispersion du Vercors. Grâce aux générosités des fermiers du hameau, il est ravitaillé chaque jour par des enfants habillés en bergers. En tentant de poursuivre sa fuite, Pierre est pris. Le 28 ou 29 juillet 1944, les Allemands lui font creuser sa tombe dans le parc du château à Miribel-Lanchâtre et l'abattent.

Saint-Guillaume, 31 juillet 1944
Déjà, André Picard, 33 ans, négociant en chaussures réfugié, résistant de Romans, lieutenant à l'état-major du Vercors (PC d'Huet) à Saint-Martin-en-Vercors, avait été fusillé par les Allemands le 20 juillet 1944 à Saint-Guillaume ou Saint-André (Isère). Avec un compagnon, ils avaient empaqueté et enterré les fiches des maquisards. Le 31 juillet, Louis Guibaud, 27 ans, marié, 2 enfants, originaire de Saint-Donat ; Marcel Messe, Mosellan de 25 ans, tous deux résistants de Romans ; Samuel Salzmann, 29 ans, bijoutier, et David Tanzi, coiffeur de 27 ans, sont fusillés le 31 juillet 1944 à Saint-Guillaume (Isère).

Beauvoir, 26 juillet 1944
Les miliciens, accompagnés de leur égérie, Simone Waro ("Mireille Provence"), se font remettre dix-neuf prisonniers internés par les Allemands à Saint-Nazaire-en-Royans, et les fusillent le 26 juillet 1944 à Beauvoir-en-Royans (Isère) : André Barrau, 36 ans, originaire du Tarn, marié, gendarme à Vinay (Isère) ; Marcel Cartier, 23 ans, de Die ou de Serres-Nerpol (Isère), marié, mécanicien à Villard-de-Lans ; Léon Chalaye, de Montéléger (Drôme) ou Desaignes (Ardèche), marié, gendarme à Vinay (Isère) ; Georges Clesse, 21 ans, originaire de Arrancy (Meuse), gendarme à Saint-Marcellin (Isère) ; Henri-Marius Courrech, 37 ans, originaire de l’Hérault, marié, gendarme à Roybon (Isère) ; Aimé Fallavel, 20 ans, chasseur au 12e BCA (Bataillon de chasseurs alpins), originaire de Chatuzange-le-Goubet ; Germain ou Jules Fines, 25 ans, ouvrier en chaussures à Romans ; Aimé Goudin, 33 ans, originaire de Seyssins (Isère), métallurgiste, marié, domicilié à Grenoble ; Louis Lespinasse, 39 ans, originaire du Rhône, marié, maréchal des logis-chef à Marcilloles (Isère) ; Gaston Pelloux, 38 ans, originaire de La Flachère (Isère), chasseur du 6e BCA ; Paul Primat, 27 ans, originaire de La Côte-Saint-André (Isère), marié, domicilié à Villard-de-Lans, résistant drômois, chauffeur au service de Santé ; André ou Paul Raillon, 31 ans, de Saint-Vincent-de-Charpey (érigée en commune sous le nom de Saint-Vincent-la-Commanderie depuis 1954) ; Maurice Raphaël, 23 ans, originaire de Grenoble, domicilié à Saint-Lattier (Isère), marié, menuisier, Drômois, chasseur du 12e BCA ; Bruno Santi, né en Italie, 27 ans, ouvrier en chaussures, résistant de Romans, communiste ; Émile ou Louis Uzel, 19 ans, originaire de Grenoble, domicilié à Saint-Jean-en-Royans, boulanger ; René Veyret, né à Faramans dans l’Isère, 23 ans, ouvrier en chaussures, demeurant à Romans, et trois inconnus du 6e ou du 12e BCA.

Tués en divers lieux
Des paysans aident les maquisards, mais le payent parfois de leur vie comme Laurent Cheval, 30 ans, cultivateur, fusillé à Échevis le 31 juillet 1944 et « trouvé troué de balles ». Certains se noient en voulant traverser l’Isère à la nage. Auguste Dumoulin, 23 ans, résistant de Montrigaud, domicilié à Grenoble, dont le corps est retrouvé sur une berge de l’Isère le 15 août 1944 à Rovon, Serge Sola, 22 ans, originaire de Marseille, déserteur des Chantiers de la jeunesse de Bourg-de-Péage, résistant appartenant à la compagnie Daniel, qui s’est noyé le 27 juillet et qu’on découvre dans l’Isère au barrage de Pizançon le 6 août.
Jean Cheval, 17 ans, résistant de Romans, qui avait fait partie de l’équipe chargée d’établir le terrain d’atterrissage de Vassieux, échappe miraculeusement au massacre du 21 juillet. Il est fusillé par les Allemands le 29 juillet 1944 à Malleval. Son père, retraité, est abattu un mois après à Romans. Henri Cheynis (« Noël ») 26 ans, Résistant de La Bâtie-Rolland, sous-lieutenant du Génie, chef du camp 6, est blessé à la tête de sa section et achevé par les Allemands le 21 juillet 1944 au hameau d’Écharlière à Autrans.
Trois jeunes résistants romanais sont pris en tentant de quitter le Vercors, Roger Gérard, 19 ans, Florentin Rosset et Néron Rossi, maçon de 20 ans. Ils sont fusillés le 7 août 1944 à Saint-Paul-de-Varces (Isère), dans le village où leur camarade Marius Ginot ou Ginoux avait été tué le 26 juillet. Roger Rappelin ou Reppelin (« Roger »), né à Saint-Donat, 25 ans, membre du groupe de la Maison des Jeunes de Romans, qui a rejoint la compagnie Daniel, était parti en reconnaissance le 28 juillet 1944. Au retour, il tombe sur une soixantaine d'Allemands occupant Presles (Isère), qui n’ont pas de peine à le rattraper et le matraquent à coups de bâton. Il a la force de cacher sous une pierre la carte d'identité d'un camarade qu'il avait sur lui, avant de mourir. Il était père de deux enfants.
Ajoutons encore Gaston Lantheaume, 19 ans, étudiant, résistant de Romans, fusillé à une date imprécise de juillet-août 1944 à Le Gua ; Raymond Champey, né à Margès, 23 ans, métallurgiste, père d’un enfant de 2 ans, résistant de Bourg-de-Péage, fusillé près d’un ravin le 26 juillet 1944 à Revolleyre - Saint-Barthélemy, hameau de la commune du Gua ; Arsène Pironato, 26 ans, soudeur autogène, réfugié lorrain né en Italie, résistant de Bourg-de-Péage, fusillé le 23 juillet 1944 à Pont-de-Claix ou Presles ; René Auzias, résistant de Crest, 23 ans, tué le 28 juillet 1944 à Gresse-en-Vercors ; Aimé Batrelot ou Bathelot, 28 ans, réfugié lorrain, agent de police, résistant de Romans, tué le 31 juillet 1944 à Villard-de-Lans ; Pierre Sagaspe, 41 ans, né à Iholdy (Basses-Pyrénées, maintenant Pyrénées-Atlantiques), 41 ans, professeur, résistant de Romans, capturé par les Allemands lors de la tentative de sortie du Vercors et fusillé le 31 juillet 1944 à Saint-Andéol (Isère) ; Louis Sylvestre, 20 ans, Résistant de Chabeuil, fusillé le 4 ou le 6 août 1944 à Méaudre.


Auteurs : Robert Serre
Sources : ADD, 9 J 5, 9 J 3, 132 J 1, 132 J 30, 1920 W. AC Crest, 4 H 2. Martin, thèse. A. Chaffel, Thèse. Pons. Deval. La Picirella. J. Parsus, Malleval. Tanant. Guide-mémorial du Vercors résistant. Leroyer, MJ Romans, journal de Mohican. Les Allobroges 8 sept 1944. Le Pionnier du Vercors n° 45 de janvier 1984. Histoire Magazine n° 17, mai-juin 1981. Vincent-Beaume. site miribel.lanchatre.free.fr Plaques commémoratives à Saint-Andéol (Isère), Presles (Isère), Corrençon (pas de la Balme Isère), Marignac-en-Diois, Romans, amphithéâtre lycée Triboulet Romans. Monuments aux morts Bourg-de-Péage, Chabeuil, Échevis, Montrigaud, Marches, La Bâtie-Rolland, Peyrins, Montéléger, Chatuzange-le-Goubet, Saint-Vincent-la-Commanderie, Saint-Jean-en-Royans.