9 sept. 1943 - 31 août 1944 : la Drôme sous occupation allemande




  • Pédagogie
  • Chronologie
  • Cartographie
  • Bibliographie
  • Partenaires
  • Crédits
  • Introduction

ESPACE PEDAGOGIQUE

Objectif de cet espace : 
permettre aux enseignants d\'aborder plus aisément, avec leurs élèves, l\'exposition virtuelle sur la Résistance dans la Drôme en accompagnant leurs recherches et en proposant des outils d’analyse et de compréhension des contenus.

L'espace d'exposition s'articule autour d'une arborescence à quatre entrées :
- Zone libre et Occupation,
- Résistance,
- Libération et après-libération,
- Mémoire.

Chaque thème est introduit par un texte contextuel court. A partir de là, des documents de tous types (papier, carte, objet, son, film) sont présentés avec leur notice explicative.

La base média peut être aussi utilisée comme ressource pour les enseignants et leurs élèves dans le cadre de travaux collectifs ou individuels, en classe ou à la maison.

Pour l'exposition sur la Résistance dans la Drôme, sont proposés aux enseignants des parcours pédagogiques (collège et lycée), en lien avec les programmes scolaires, utilisant les ressources de l'exposition :

1/ Collège :

Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Fiche 1 : La France vaincue, occupée et libérée,
     . Fiche 2 : Le gouvernement de Vichy, la Révolution nationale et la Collaboration,
     . Fiche 3 : Vivre en France durant l'Occupation,
     . Fiche 4 : La Résistance.

2/ Lycée :

- Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Dossier 1 : L'Etat français (le régime de Vichy),
     . Dossier 2 : Les Juifs dans la Drôme (antisémitisme, persécution, arrestation, déportation, protection),
     . Dossier 3 : Les résistants,
     . Dossier 4 : La Résistance armée,
     . Dossier 5 : La Résistance non armée,
     . Dossier 6 : La vie quotidienne.

Si vous êtes intéressés par ces dossiers, contactez nous : [email protected]

Réalisation des dossiers pédagogiques : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

1. De la déclaration de guerre à l’Armistice, le 22 juin 1940 : Un mois après le début de leur attaque en mai 1940, les Allemands atteignent le nord de la Drôme. L’Armistice arrête les combats sur la rivière Isère. Le nord du département est occupé par les troupes allemandes.
2. De l’Armistice à l’occupation allemande, le 11 novembre 1942 : La Drôme est située en zone non occupée.
3. Du 11 novembre 1942 au 9 septembre 1943 : La Drôme est placée sous administration et occupation italiennes.
4. Du 9 septembre 1943 au 31 août 1944 : l’armée allemande occupe la Drôme ; c’est la période la plus intense pour la lutte contre l’ennemi et le gouvernement de Vichy.


Il s'agit d'une sélection de cartes nationales et locales sur la Résistance. La plupart de ces cartes ont été réalisées par Christophe Clavel et Alain Coustaury. Il s'agit d'une co-édition AERI-AERD tous (droits réservés)


CARTE INTERACTIVE DROME ET VERCORS DROMOIS ET ISEROIS
(Suivez ce lien pour afficher la carte et sélectionnez les points du paysage souhaités pour afficher les fiches correspondantes)


  France de 1940 à 1944
  Départements français sous l’Occupation
  Régions militaires de la Résistance en 1943
  La Drôme, géographie physique
  Esquisse de découpage régional de la Drôme
  Les communes de la Drôme
  Carte des transports en 1939
  Le confluent de la Drôme et du Rhône
  Densité de la population de la Drôme en 1939
  Densité de la population de la Drôme en 1999
  Evolution de la densité de population de la Drôme entre 1939-1999
  L’aérodrome de Montélimar-Ancône
  Aérodrome de Valence - Chabeuil - La Trésorerie
  Les caches des armes et du matériel militaire
  Les terrains de parachutages dans la Drôme
  Bombardements alliés et allemands dans la Drôme
  Immeubles détruits par les Allemands et la Milice
  Emplacement de camps de maquis de 1943 au 5 juin 1944
  Localisation des groupes francs qui ont effectué des sabotages en 1943
  Implantation et actions de la compagnie Pons
  FFI morts au combat ou fusillés
  Plan-de-Baix, Anse, 16 avril 1944
  Géopolitique de la Résistance drômoise en juin-juillet 1944
  Dispositif des zones Nord, Centre, Sud vers le 10 juin 1944
  Combovin, 22 juin 1944
  Vassieux-en-Vercors 21, 22, 23 juillet 1944
  Combat de Gigors 27 juillet 1944
  Le sabotage du pont de Livron
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 21 au 24 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 25 et 26 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 27 au 29 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 29 août à 12 heures le 30 août 1944
  Etrangers au département, non juifs, arrêtés dans la Drôme et déportés
  Déportation, arrestations dans la Drôme
  Déportation des Juifs dans la Drôme
  Lieu de naissance de Drômois déportés, arrêtés dans la Drôme et à l’extérieur du département
  Cartes des principaux lieux de mémoire dans la Drôme
  Perceptions de la Résistance drômoise

Publications locales :

Une bibliographie plus détaillée sera accessible dans l’espace « Salle de consultation » du Musée virtuel.

SAUGER Alain, La Drôme, les Drômois et leur département. 1790-1990. La Mirandole. 1995.
GIRAUDIER Vincent, MAURAN Hervé, SAUVAGEON Jean, SERRE Robert, Des Indésirables, les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale. Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 1999.
FÉDÉRATION DES UNITÉS COMBATTANTES DE LA RÉSISTANCE ET DES FFI DE LA DRÔME, Pour l’amour de la France. Drôme-Vercors. 1940-1944. Peuple Libre, Valence, 1989.
DE LASSUS SAINT-GENIÈS (général), DE SAINT-PRIX, Combats pour le Vercors et la Liberté. Peuple Libre, Valence, 1982.
LA PICIRELLA Joseph. Témoignages sur le Vercors, 14e édition, Lyon, 1994
LADET René, Ils ont refusé de subir. La Résistance en Drôme. Auto-édition. Portes-lès-Valence, 1987.
DREYFUS Paul, Vercors, citadelle de Liberté, Arthaud, Grenoble, 1969.
MARTIN Patrick, La Résistance dans le département de la Drôme, Paris IV Sorbonne, 2002.
SERRE Robert, De la Drôme aux camps de la mort, Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 2006.
SUCHON Sandrine, Résistance et Liberté. Dieulefit 1940-1944. Éditions A Die. 1994.
VERGNON Gilles, Le Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, L’Atelier, Paris, 2002.

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERD-AERI, 2007.

Ce travail n’aurait pu avoir lieu sans l’aide financière du Conseil général de la Drôme, du Conseil régional de Rhône-Alpes, du Groupe de Recherches, d’Études et de Publications sur l’Histoire de la Drôme (GRÉPHiD) et de l'AERD qui y a affecté une partie des recettes de la vente des dvd-roms, La Résistance dans la Drôme et le Vercors.

L’équipe de la Drôme tient à les remercier ainsi que :
- l’Office départemental des anciens combattants (ONAC),
- la Direction départementale de l’équipement de la Drôme (DDE),
- le Centre départemental de documentation pédagogique de la Drôme, (CDDP),
- le personnel et la direction des Archives départementales de la Drôme, de l’Isère, des Archives communales de Allan, de Crest, de Die, de Grâne, de Montélimar, de Romans-sur-Isère, de Triors, de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, de Saint-Uze,
- les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv), le National Archives and Records Administration (NARA), The National Archives (les archives nationales britanniques), Yad Vashem,
- le Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation de Romans, le Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, le Mémorial de La Chau, le Musée de Die, le Musée Saint-Vallier, la Médiathèque de Montélimar, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, le Mémorial Shoah, l’Association des Amis du Musée des blindés de Saumur, le Musée de la Division Texas (USA),
- l’Association Études drômoises, l’Association Mémoire d’Allex, l’Association Sauvegarde du Patrimoine romanais-péageois, l’Association Mémoire de la Drôme, l’Association des Amis d’Emmanuel Mounier, l’Association Patrimoine, Mémoire, Histoire du Pays de Dieulefit, l’Amicale maquis Morvan, la Fédération des Unités Combattantes et des FFI de la Drôme, l’Association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors.

Mais nos remerciements s’adressent surtout à toutes celles et tous ceux, notamment résistantes, résistants et leurs familles, qui ont accepté de livrer leurs témoignages, de nous confier leurs documents et leurs photographies. Ils sont très nombreux et leurs noms figurent dans cette exposition. Ils s’apercevront au fil de la lecture que leur contribution a été essentielle pour l’équipe qui a travaillé à cette réalisation. Grâce à eux, une documentation inédite a pu être exploitée, permettant la mise en valeur de personnes, d’organisations et de faits jusqu’alors méconnus. Grâce à eux nous avons pu avancer dans la connaissance de la Résistance dans la Drôme et plus largement dans celle d’une histoire de la Drôme sous l’Occupation.
L’étude de cette période et des valeurs portées par la Résistance, liberté, solidarité, justice et progrès social…, nous semble plus que jamais d’actualité.

 

CONCEPTION, RÉALISATION

Maîtres d’ouvrage :
Association pour l’Élaboration d’un Cédérom sur la Résistance dans la Drôme (AERD), en lien avec l'Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI) au niveau national. 

Maîtrise d’ouvrage : Carré multimédia. 

Gestion de projet AERI : Laurence Thibault (directrice) – Laure Bougon (chef de projet) assistée d’Aurélie Pol et de Fabrice Bourrée. 

Groupe de travail : Pierre Balliot, Alain Coustaury, Albert Fié, Jean Sauvageon, Robert Serre, Claude Seyve, Michel Seyve. Patrick Martin et Gilles Vergnon interviennent sur des notices spécifiques. 

Sont associés à ce travail tous ceux qui ont participé à la réalisation du Dvd-rom La Résistance dans la Drôme, et qui par la même, ont contribué à une meilleure connaissance de la Résistance dans le département. 

Groupe pédagogique : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

Cartographie : Christophe Clavel et Alain Coustaury.



Après l’armistice séparé entre les Alliés et l’Italie, c’est l’armée allemande qui occupe la Drôme. C’est la période la plus intense pour la lutte de la Résistance contre l’occupant et le gouvernement de Vichy. De nombreux affrontements opposent les résistants aux polices françaises et allemandes. Les sabotages des voies ferrées, des lignes électriques sont fréquents. Après le 6 juin 1944, de nombreux jeunes rejoignent les maquis, dans le Vercors notamment. Fin juillet, les troupes allemandes terrestres et aéroportées investissent le massif du Vercors. Les résistants sont obligés de se disperser. La population civile est très durement touchée. Après le débarquement en Provence, le 5 août 1944, les Alliés remontent vers le nord. La Drôme est le théâtre de la bataille dite de Montélimar opposant d’une part, troupes alliées et résistantes et, d’autre part, l’armée allemande. La Drôme est libérée totalement dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1944.

C’est la période de la guerre qui a laissé dans l’esprit des Drômois les souvenirs les plus pénibles mais aussi les plus exaltants.



        September 9th, 1943 - August 31st, 1944 : Drôme under German occupation



After the separate armistice between the Allies and Italy, it is the German army which occupies Drôme. It is the most intense period for the Resistance's fight against the enemy and against the government of Vichy. Numerous clashes between the Resistance and French and German police. Sabotage of railways and power lines is frequent. After June 6th, many young people go underground, notably in Vercors. By the end of July, German troops besiege the massif of Vercors. The Resisters are forced to disperse. The civil population is very badly hit. After the disembarking of the Allies in Provence, they go back towards the North. Drôme is the scene of the battle known as Montélimar opposing the Allied troops and Resisters, and then the German army. Drôme is totally liberated the night of August 31st to September 1st, 1944. This period of the war was the most painful for the Drômois.


Traduction : Megan Berman

Auteur : Jean Sauvageon
Source : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.


 

Approche finale sur l'aérodrome de Valence-Chabeuil-la Trésoerie



  • Contexte historique
  • Analyse média

L'objectif de cette notice est de définir le rôle de l'aérodrome de Valence-Chabeuil-la Trésorerie pendant la Seconde Guerre mondiale. On ne rappellera que rapidement l'histoire de cette plate-forme aéronautique, de sa création à l'après-guerre. Un paragraphe rappelle la controverse sur l'absence de bombardement de cet aérodrome proche du massif du Vercors, lieu emblématique de la Résistance.

La première manifestation aérienne valentinoise se déroula en août 1910 sur le terrain de manœuvre du Polygone à Valence. Les meetings reprirent après la guerre 1914-1918. Ils étaient organisés par les Ailes rhodaniennes et l'Aéro-club de Valence créés en 1931. Le terrain du Polygone devenant inadapté, le site d'un ancien hippodrome fut retenu, sur la commune de Chabeuil. Bien situé, sur un sol favorable, le terrain de la Trésorerie est, à partir de 1936, un terrain de secours pour l'Armée de l'air. En 1937, la Chambre de commerce et d'industrie de Valence en devient propriétaire.

En septembre 1939, l'aérodrome est occupé par des militaires provenant de la base aérienne de Bron. Plusieurs unités transitèrent par la Trésorerie, un GAO, groupe d'observation. Au 10 mai 1940, les Potez 63-11, appareils de reconnaissance, étaient aux mains de pilotes en cours d'instruction. Les 1er et 2 juin, l'aérodrome est bombardé par la Luftwaffe. Le 10 juin, avec l'entrée en guerre de l'Italie, un groupe de chasse équipé de Morane-Saulnier 406 est chargé de la défense aérienne de la vallée du Rhône.

Après l'armistice du 24 juin, l'aérodrome est déserté par l'aviation. Comme la Drôme est dans la zone d'occupation italienne, une troupe italienne séjourne à Valence et fait paître ses mulets sur l'aérodrome entouré de barbelés. Elle quitte le terrain en avril 1943.

Ce n'est qu'en juin 1943, avec l'arrivée de soldats allemands, que la Trésorerie retrouve une activité aérienne. D'importants travaux sont réalisés en utilisant des entreprises locales. L'activité est essentiellement celle dédiée à l'entraînement de planeurs de combat et de troupes aéroportées. En juillet 1943, des planeurs DFS 230, des avions remorqueurs Hs 126, quelques Go 242, planeurs lourds de transport, remorqués par des He 111 et des He 111 Z pentamoteurs se livrent à des exercices de jour comme de nuit. La Trésorerie, avec d'autres aérodromes du sud de la France, devait se préparer à un éventuel débarquement des Alliés sur les côtes provençales, ces derniers ayant débarqué en Sicile le 12 juillet 1943. La présence de planeurs, en 1943, est importante à signaler car elle peut expliquer la confusion postérieure qui fait de Valence, le point de départ de tous les planeurs qui atterrirent à Vassieux-en-Vercors en juillet 1944. On montrera, plus loin, que cette interprétation est largement erronée. Tous ces appareils quittent la Trésorerie en septembre 1943 pour Nancy.

L'aérodrome accueillait aussi des avions de servitude et surtout des Fieseler Fi 156 « Storch », appareil de reconnaissance et d'observation. Lent, disgracieux, mais terriblement efficace, c'était le redouté « mouchard » qui survolait journellement le Vercors, repérait les caches des Résistants, l'avancement des travaux de la piste de Vassieux préparée dès le début de juillet 1944.

Pour abriter tous ces appareils, les protéger d'attaques aériennes, l'aérodrome est agrandi. Une piste, toujours en terre roulée de 1 600 mètres de long et de 50 mètres de large est aménagée. Des zones de dispersion, des pistes de secours sont construites sur des terrains agricoles réquisitionnés. Chaque secteur est composé d'une douzaine d'alvéoles limités par des merlons de 3 à 4 mètres de haut et de 30 à 40 mètres de côtés. Des filets de camouflage couvraient lieux d'entretien, entrepôts de munitions. Pour dissimuler les terrassements, les Allemands auraient utilisé de grosses sulfateuses pour redonner des couleurs semblables à celles des cultures afin de tromper les interprètes alliés de photos aériennes. Ces aires de dispersion étaient reliées à la piste principale par des chemins de roulement empierrés, voire goudronnés. Certaines de ces voies sont encore visibles dans les champs. Le principal dépôt de munitions était à Gachet. Dans un bois, il en subsiste de nombreuses traces sous forme de merlons de 1 mètre de haut environ. Les carrières de pierre, champignonnières de Châteauneuf-sur-Isère protégeaient matériel et bombes. Des gouttières d'écoulement des eaux, taillées dans les parois, témoignent, actuellement, de cette activité. Le vestige d'un blockhaus de surveillance domine l'entrée du domaine. La rapidité et l'importance des travaux s'expliquent par la présence de plus de 400 ouvriers, de jeunes de chantiers de la jeunesse ou de requis du STO.

La défense antiaérienne de la base était puissante et judicieusement disposée : au nord-ouest 18 canons, au nord-est 9 canons, au sud-ouest, sur le plateau de Billard 13 pièces. Dans Valence même, au Polygone, 9 tubes complétaient cette défense. Tous les calibres étaient représentés, du 25 mm au 105, en passant par le terrible 88. Des batteries mobiles complétaient cette panoplie. L'effectif militaire qui servait la base est estimé à 1 100 hommes installés à Valence, Malissard, Saint-Péray et sur l'aérodrome.

Le croquis permet d'apprécier l'étendue de la base : 8 km sur 7 km.

Très rapidement les Alliés, à la demande express de la Résistance et pour détruire un objectif important de la vallée du Rhône survolèrent, photographièrent et repérèrent les installations. La première intervention de l'USAAF semble se situer le 30 avril 1944 quand des chasseurs à long rayon d'action P 51 Mustang mitraillèrent le terrain. Quelques avions de la Luftwaffe furent détruits ou endommagés. Un P 51 fut abattu, le pilote sauta en parachute, fut recueilli par les habitants, avec les risques que cela représentait, et remis à la Résistance. Le pilote, après un long périple, put regagner la Grande-Bretagne et reprendre le combat.

Mais l'épisode le plus important se déroula le 23 juillet 1944. 24 planeurs DFS 230 et 2 Gotha 242, remorqués par des Dornier 17 décollèrent de la Trésorerie et se posèrent à Vassieux-en-Vercors, constituant la 2e vague de l'assaut aéroporté du Vercors. Le 21 juillet, le Vercors avait été attaqué de toutes parts. Un train de 20 planeurs, ayant décollé de Lyon-Bron, atterrissait à Vassieux et déposait 200 soldats d'élite qui surprirent les Résistants et se fortifièrent dans le village. Les remorqueurs retournèrent à Lyon-Bron et redécollèrent avec des planeurs. L'ensemble se posa à la Trésorerie, constituant la 2e vague du 23. Pour atterrir, contrairement à ce qui est souvent rapporté, les planeurs n'utilisèrent pas la piste aménagée par la Résistance pour accueillir des avions alliés. Devant une situation désespérée, les chefs de la Résistance du Vercors renouvelèrent leur demande pour que les Alliés bombardent et neutralisent l'aérodrome valentinois. Effectivement, le 24 juillet il fut bombardé par des B 24 de l'USAAF, des bombardiers de la RAF. Des avions furent détruits mais également des civils furent tués à Malissard et à Valence. Ces bombardements tardifs furent mal interprétés par la Résistance dans le Vercors où l'ordre de dispersion avait été émis dès le 23 juillet. Une polémique s'en suivit, née d'un malentendu. Le bombardement du 24 ne correspondait pas à une volonté affirmée des Alliés d'aider la Résistance. N'importe comment, il arrivait trop tard. Il s'inscrivait dans la préparation du débarquement de Provence, dans « l'encagement » de la zone arrière des plages de débarquement. Cela explique le malentendu, l'impression d'avoir été abandonné et l'incompréhension qui ont détérioré les rapports entre la Résistance et les Alliés. Il faut préciser que, même si cela va à l'encontre des perceptions traditionnelles, pour les Alliés, le Vercors ne représentait pas un objectif prioritaire. Englués dans le bocage normand, manquant d'avions, ils ne pouvaient soutenir réellement la Résistance du Vercors. Il n'est pas nécessaire de faire appel à la trahison, à la peur du rôle joué par des maquis soupçonnés d'être « communistes » pour expliquer l'absence de bombardement de la Trésorerie, en juin et au début de juillet 1944. De simples constats stratégiques, tactiques et matériels suffisent.

Les bombardements, les attaques au sol par des chasseurs-bombardiers se poursuivent, les 26 et 31 juillet, les 6, 15, 17, 18, 21 août. Ils ont pour but de détruire les avions, notamment les Junkers Ju 88 qui attaquent les convois alliés en Méditerranée avec des bombes planantes radioguidées. À la fin août, l'armée allemande, en retraite, quitte le terrain abandonnant une trentaine de carcasses d'avions.

Début septembre, la Trésorerie est utilisée par l'aviation alliée avec le code Y 23. Des P51 y séjournent du 5 au 9, suivis par une escadrille française, puis par des P 47 Thunderbolt de l'USAAF, des Spitfire de la RAF. De nombreux Valentinois viennent admirer ces appareils, congratuler les pilotes. Ce ne sont sûrement pas les mêmes personnes que celles qui ont subi le bombardement manqué par l'USAAF du pont de Valence le 15 août, opération qui fit environ 300 morts parmi les civils.

Le 3 septembre 1944 atterrissait le 1er régiment de chasseurs parachutistes du colonel Faure en attente d'une intervention. Pour diverses raisons, l'unité ne combattit que tardivement dans les Vosges.

En décembre 1944, pour plus d'un an, s'établit le groupe français de transport Touraine équipé de 30 C 47 Dakota. En conclusion, l'aérodrome de Valence-Chabeuil-la Trésorerie, sans avoir été une grande base aérienne, a joué, pendant la guerre, un rôle important dans la vallée du Rhône. Son implication dans le drame du Vercors a laissé un souvenir douloureux pour les Résistants de ce massif. Avec la fin de la guerre, l'aérodrome retrouve sa vocation civile. En 1946, un vaste plan de développement prévoit la construction de plusieurs pistes. Dans l'euphorie de la Reconstruction, on voit très grand ! Ce plan ne sera pas réalisé et il faut attendre 1970 pour qu'une piste bétonnée de 1 850 m soit construite. Un établissement de l'ALAT (Aviation Légère de l'Armée de Terre), suivi du GAMSTAT (Groupement Aéromobilité de la Section Technique de l'Armée de Terre) perpétuent la présence militaire.

L'absence du bombardement au moment opportun ou le bombardement tardif de l'aérodrome de Valence-Chabeuil-La Trésorerie déclenchent, dès la fin juillet 1944, une polémique au sujet du rôle des Alliés. Le manque de coordination ou son absence sont mal ressentis par la Résistance drômoise qui se sent abandonnée, voire trahie.

Si pour les Alliés, l'aérodrome de La Trésorerie, Valence-Chabeuil, représente une cible secondaire non prioritaire, pour la Résistance drômoise, il constitue un danger majeur, permanent. Pour cette raison, le commandement de la Résistance drômoise réclame plusieurs fois son bombardement. En vain.

À partir de cette base, les Allemands peuvent intervenir facilement sur l'ensemble du département. C'est le cas de Combovin, bombardé le 22 juin 1944 et des villages de la région de Crest. Le parachutage diurne au Vercors, spectaculaire mais risqué, voire maladroit, du 14 juillet 1944, a été suivi immédiatement d'un mitraillage continu par la Lutwaffe. La récupération des armes en a été fortement gênée. C'est au moment de l'attaque du Vercors que les avions partis de Chabeuil jouent un rôle majeur. Si le convoi de planeurs n'a pas décollé de Valence le 21 juillet, il a été protégé et aidé par les appareils de La Trésorerie. La destruction de cet aérodrome est donc une nécessité majeure pour la Résistance. Or il n'est attaqué, le 30 avril 1944, que par des chasseurs qui s'en prennent aux avions au sol mais qui ne peuvent que laisser intactes les infrastructures. Le bombardement n'est réalisé que le 24 juillet, après les événements du Vercors et essentiellement dans la perspective du débarquement de Provence. Pourquoi l'aérodrome ne fut-il pas bombardé plus tôt ? Plusieurs explications furent avancées. Par un malheureux concours de circonstances, tous les aérodromes corses étaient fermés durant la semaine du 21 au 27 juillet. Les pistes, sommaires, détrempées par les orages, défoncées, furent réparées et notamment équipées en grilles favorisant décollages et atterrissages en vue du débarquement prochain. Or, sur ces terrains étaient basés de nombreux appareils, des chasseurs surtout, venant opérer sur la vallée du Rhône. Ces explications ne sont pas satisfaisantes. Des bombardiers basés en Italie, en Afrique du Nord, pouvaient agir. Sur Chabeuil, ils intervinrent le 24 juillet alors que l'affaire du Vercors était en grande partie terminée. Un fort ressentiment naquit de cet événement, renforçant la rumeur que le Vercors avait été abandonné ou sacrifié tant par Alger que par les Alliés. On peut invoquer aussi la pénurie de matériel disponible en temps voulu. L'incompréhension des états-majors alliés quant à l'importance du Vercors a été soulignée. Pour eux, le Vercors n'était qu'un pion tactique et nullement un élément stratégique. Les bombardements étaient planifiés plusieurs semaines, voire plusieurs mois à l'avance et ne pouvaient accepter l'improvisation. Autant que pour des raisons politiques, difficiles à préciser, on trouve là une raison pertinente pour expliquer l'absence d'aide par l'allié au moment crucial de la bataille du Vercors. Le 12 août, le message du lieutenant-général Gammel, chef d'état-major des forces alliées, au général Cochet rejette la responsabilité de l'échec du Vercors sur les Français. Ce n'est pas l'absence du bombardement de la Trésorerie qui en est responsable.  « La perte du Vercors était due, dans une large mesure, à deux facteurs, qui vous ont été rappelés à plusieurs reprises, à savoir : 1) La publicité continue dans les journaux français d'Afrique du Nord et dans les bavardages de la radio française dépeignant le Vercors comme un territoire libre et parlant de la force du maquis dans ce territoire. 2) Les FFI ne peuvent engager avec l'ennemi un combat à outrance, offensif ou défensif, du fait de leur organisation, du type d'armes dont ils sont munis et du manque de moyens de transports ».

L'exemple tragique de l'histoire de l'aérodrome de Valence montre de façon pertinente les difficultés de la coopération entre les Alliés et la Résistance. Il n'est pas nécessaire de faire appel à la trahison ou à l'abandon pour trouver une explication. Les uns pensaient stratégie, échelle européenne, les autres tactique et petit massif préalpin.  

L'album photo montre quelques types d'avions qui utilisèrent l'aérodrome de Valence-Chabeuil. On peut penser que certains se posèrent sur les aérodromes de Montélimar-Ancône et d'Albon-Le Creux de la Thine.


Alain Coustaury

Sources : Histoire de l'aviation en Rhône-Alpes, Société lyonnaise de l'aviation et de documentation aéronautique, 1998. Pilotes français sur la vallée du Rhône, Daniel Decot, 1982 Témoignages sur le Vercors, Joseph La Picirella, 1991 dvd-rom « La Résistance dans la Drôme – le Vercors » , AÉRD, 2007

La photo met bien en évidence la plaine de Valence-sur-Rhône, barrée au nord par les collines de la Drôme des collines. La piste, en dur, est orientée nord-sud, direction des vents dominants du nord et du sud. À gauche, à l'ouest, on distingue les bâtiments de l'aéro-club, les hangars des entreprises liées à l'aviation et les installations du GAMSTAT. Les voies de dégagement des avions allemands avaient été aménagées à travers la plaine.


Alain Coustaury

Titre : Approche finale sur l'aérodrome de Valence-Chabeuil-la Trésoerie

Légende :

Vue du sud de l'aérodrome actuel de Valence-Chabeuil-La Trésorerie. En 1943, 1944, l'emprise des installations allemandes couvrait une bonne partie de la plaine de Valence-Chabeuil. Elles s'étendaient sur 8 km du nord au sud et de 7 km d'ouest en est.

Genre : Image    

Producteur : Alain Coustaury

Source :

Détails techniques :

Photo numérique aérienne prise lors d'une phase d'atterrissage sur l'aérodrome.


Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Chabeuil