Les forces en présence

Dans le département, l’essentiel des neuf divisions allemandes est stationné sur le littoral, dont deux divisions à La Rochelle. La Résistance dans cette portion de territoire est très affaiblie par les répressions récentes. Pourtant, l’OCM et les FTPF peuvent mobiliser environ 3 500 hommes en juin. Aussi la libération va-t-elle commencer par le sud et l’est du département dans une « marche à la mer » qui vise à couper les relations de l’occupant entre La Rochelle et Royan. L’arrivée des maquis extérieurs enrégimentés sous la bannière des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) est déterminante dans cette avancée. Le 4 septembre, Jonzac, Saintes et Saint-Jean-d’Angély sont libérées, le 12, Rochefort également. 

Le 17 août, Hitler ordonne de défendre les ports de l’Atlantique « jusqu’au dernier homme ». Le 24 août, des troupes allemandes s’enferment et renforcent leurs défenses dans les deux enceintes fortifiées de La Rochelle et de Royan. Le vice-amiral Ernst Schirlitz est nommé commandant de la poche de la Rochelle ; il fait connaître aux autorités civiles de la ville son intention de défendre le camp retranché. 

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Chronologie

Les Allemands haut ▲

La protection de la poche a été renforcée par le creusement d’un canal anti-char allant d’Esnandes au sud d’Angoulins en passant par Villedoux, Saint-Ouen d’Aunis, Dompierre, Saint-Rogatien et La Jarne. En février 1945, douze à treize mille soldats allemands bien armés sont stationnés dans l’enceinte, deux mille sur l’île de Ré et deux mille à Oléron, les deux îles dépendant de la poche de La Rochelle. Une moitié des effectifs appartient à la Kriegsmarine. Ce sont des hommes jeunes. L’autre moitié est affectée à la Wehrmacht. Les soldats y sont plus âgés et souvent d’origine étrangère et la Résistance y a rapidement trouvé des contacts et des alliés.

Les FFI haut ▲

Les Alliés souhaitent protéger le port de La Pallice de toute destruction. Mais l’armée française, limitée en nombre est déjà dirigée vers le nord-est. Aussi la tâche de libération est-elle confiée aux FFI de la zone B. Le colonel Henri Adeline, chef de l’armée secrète de Dordogne, a reçu le commandement de ces troupes venues de Charente, de Dordogne, de Vendée et des Deux-Sèvres, voire d’un peu plus loin Ces soldats sont mal équipés, autant en armes lourdes qu’en équipement de base. Dans ce domaine tout manque : vêtements réglementaires, manteaux et accessoires chauds pour l’hiver, linge, couvertures et surtout chaussures et bottes. Venus de groupes divers, ils sont parfois difficiles à coordonner et à superviser. Ces troupes encerclent les poches sous la direction du colonel Henri Adeline, sous le haut commandement du général de Larminat, issu des Forces françaises libres, et qui prend, au nom des Alliés, la tête des Forces françaises de l’Ouest (FFO) marquant l’implication du gouvernement provisoire de la République Française dans cette zone.

Son service de renseignements opérationnels (SRO) se substitue désormais à Londres pour recevoir les demandes d’armes et de matériels. Il charge alors H. Adeline du front de Royan tandis que le colonel Chêne est chargé du secteur de La Rochelle. La signature d’engagement volontaire pour la durée de la guerre, mesure prise en septembre, est mise en œuvre concomitamment. Un cinquième environ des volontaires retourne alors à la vie civile, soit par refus de s’engager, soit qu’ils soient exclus du fait de leur âge ou de leur profession (pas de cheminots, pas de fonctionnaires…). Cette mesure qui permet de faire un tri et écarte de fait un certain nombre de maquisards.

Les résistants haut ▲

A l’intérieur de la poche, les forces de la résistance ne peuvent libérer la ville seules et doivent attendre l’attaque des Forces françaises de l’Ouest. En attendant ce jour, en vue duquel il est essentiel de rester en contact avec l’extérieur, elles se sont unifiées en une unité militaire FFI désignée sous le nom de régiment Jean-Guiton. La première liste d’appartenance est fixée le 1er juin et l’unité est reconnue en octobre par la 18e région militaire de Bordeaux. Dans le microcosme de la société rochelaise pendant la poche, la proportion de résistants est particulièrement élevée. On y trouve entre autres des membres de l’OCM, d’Alliance, de Libération-Nord et les FTPF. Le chef est le lieutenant Jean Christiaen (« colonel Jean ») associé à Jean Jean Augé, responsable FN du secteur ; le médecin-colonel Georges Martinaud est coordonnateur.

Les Allemands continuent à traquer la Résistance et, en mars, le colonel Jean, repéré par l’Abwehr, doit s’enfuir laissant la place au médecin-colonel G. Martinaud qui prend la tête du régiment Guiton. Pourtant, l’occupant ne procède qu’à peu d’arrestations. Allemands et résistants se surveillent, le temps qui passe joue en faveur des Français. La propagande destinée à démoraliser l’ennemi se développe en particulier auprès des étrangers. Elle relaie les tracts envoyés par avion, entraînant l’organisation du départ des déserteurs par le marais ou par bateaux vers la baie de l’Aiguillon. Des papillons sont ainsi collés sur les manches de pioches des ouvriers travaillant au fossé anti-char.

Sur le plan civil, le Comité local de Libération (ou CRL, Comité Rochelais de Libération) est présidé par Gaston Perrier qui meurt de maladie en décembre 1944. Il est remplacé par Clément Juchereau et son adjoint, Franck Lapeyre. Ils demandent au régiment Guiton de préparer un plan d’action à mettre en œuvre le jour J où les Alliés attaqueront la ville, afin de neutraliser l’action des Allemands et surtout de désamorcer les destructions prévues avant d’installer au plus vite l’ordre et l’administration des communes. C’est le « Plan Compiègne ». Quand, le 5 janvier, Royan est anéantie par les bombardements de la RAF, la peur de voir La Rochelle subir le même sort, s’accroît en proportion.

La Milice haut ▲

En janvier 1943 à Vichy, Joseph Darnand crée la Milice qu'il place sous la suzeraineté de la SS en septembre de la même année. Dans un premier temps, les autorités allemandes n'en veulent pas en zone occupée. Elle y est finalement autorisée le 11 février 1944 et elle ne voit le jour dans le département, qu’en mars 1944. En juin 1944, le lycée Fromentin devient la caserne milicienne Philippe Henriot. Elle héberge environ 100 miliciens du département mais également de la Vendée et des Deux-Sèvres, dont beaucoup de militaires à la retraite et deux proxénètes qui avec leur équipe forment la garde personnelle de G. Delestre, le chef de la Milice. Les jeunes de 18 à 24 ans sont relativement nombreux. Étant donné le type de recrutement et compte-tenu de l’autorité armée qui leur est conférée, les exactions sont inévitables et nombreuses dès juillet 1944.

Le 1er août, François Sidos, délégué régional aux sociétés secrètes, regagne La Rochelle. Il entre en conflit avec G. Delestre dont la garde a proféré des menaces contre l'un de ses fils. Il fait arrêter celle-ci et obtient que les Allemands désarment les miliciens. Le problème est résolu le 12 août 1944, avec le départ à Poitiers des miliciens du département qui rejoignent l’Allemagne, pour gagner la division Charlemagne. Resté à la Rochelle, F. Sidos, le 24 août 1944, fonde la délégation atlantique du Gouvernement français replié à Sigmaringen. Rassemblant les éléments qui n’ont pas rejoint l’Allemagne, il forme une nouvelle milice, organise la propagande et crée Radio La Rochelle. Il diffuse un journal, Voix de la France. L’activité de cette milice ne se dément pas en particulier à partir du moment où F. Sidos crée, le 22 décembre 1944, une section d'assaut milicienne qui porte l'uniforme allemand lorsqu'elle est en service. Associé à la SIPO, elle traque sans pitié résistants et maquisards.