La journée du 11 novembre

Le 11 novembre 1940, de nombreux Français ont décidé de témoigner leur opposition à l’occupant et à la politique de collaboration menée par le gouvernement du maréchal Pétain. Ils l’ont fait en rendant hommage à leurs aînés de 1914-1918. Si la manifestation parisienne du 11 novembre 1940 est devenue le symbole des prémices de la Résistance alors qu’elle fut surtout un acte de refus, elle ne doit pas occulter les événements survenus dans certaines villes de province où des Français ont célébré individuellement ou collectivement la signature de l’armistice de 1918.

Plan de l'expo

Crédits

Bibliographie

A Paris haut ▲

À Paris, les premiers rassemblements et dépôts de gerbes ont lieu tôt le matin, notamment devant la statue de Clemenceau située au bas des Champs-Elysées. L'un de ces dépôts est l'œuvre d'André Weil-Curiel et Léon-Maurice Nordmann, deux avocats partisans du général de Gaulle.
La journée se déroule dans le calme jusqu'à la sortie des cours vers 16h. Plusieurs groupes de jeunes, après avoir quitté leurs établissements respectifs, se dirigent vers l'Arc de triomphe. Les rapports de police comme les témoignages des acteurs illustrent tous le caractère spontané de la manifestation. Il n’y a ni cortège ordonné, ni banderoles, ni dirigeants désignés. Au plus fort de la manifestation le long des Champs-Elysées, ils sont plusieurs milliers à clamer des slogans comme « Vive la France ».
La préfecture de police recense quelques 750 bouquets de fleurs et gerbes déposés au pied de la statue de Clemenceau, environ 1500 sous l’Arc de triomphe.
La police française puis la Geheime Feldpolizei, la police militaire allemande, interviennent. Les Allemands font plusieurs blessés par leurs tirs. Dispersée par les charges policières et les arrestations, la manifestation prend fin vers 18 h 30. Le bilan officiel fait état de 123 arrestations dont une majorité de lycéens.

En province haut ▲

À Compiègne, des collégiens déposent une gerbe de fleurs tricolores devant la plaque commémorative de leur établissement. Les Allemands procèdent à l'arrestation d'une douzaine d'élèves dont quatre sont incarcérés. Suite au rapport dressé le 24 novembre par M. Laurent, chef d’établissement du collège, le recteur de Paris prononce l'exclusion temporaire des quatre élèves le 3 décembre suivant. M. Laurent sera muté peu après.
À Nantes, un tract émanant des élèves du lycée Clemenceau incite à ne pas se rendre en cours et à célébrer l’Armistice. Le 11 novembre 1940, le centre-ville et les établissements scolaires sont placés sous étroite surveillance. Malgré les interdits, plusieurs rassemblements ont lieu en divers endroits de la ville. Deux jeunes, Michel Dabat et Christian de Mondragon, réussissent à hisser le drapeau tricolore au sommet de la tour sud de la cathédrale.
À Caen, en fin d’après-midi, quelques centaines de jeunes gens viennent afficher leurs sentiments patriotiques devant le monument de la place Foch, situé à quelques pas du siège de la Feldkommandantur. L’intervention rapide des Allemands entraîne la dispersion des jeunes.
Le dépôt de gerbe au monument aux morts de Brest le 11 novembre 1940 n’est connu que par ses conséquences. En effet, suite à cette manifestation, le commandant militaire allemand ordonne la surveillance du monument par « des gardes composées de Brestois » durant 8 jours.