Les conséquences de la manifestation
Pendant plusieurs jours, la presse officielle ne souffle mot de ces incidents par crainte de ternir l'image d'une population unie derrière Philippe Pétain. Cela n'empêche pas certains de régler les comptes. Le recteur Gustave Roussy est relevé de ses fonctions et remplacé par Jérôme Carcopino. L’Université et les grands établissements parisiens sont fermés jusqu’aux vacances de Noël. Vis-à-vis des manifestants arrêtés, les Allemands optent pour une sorte de mise à l'épreuve en liberté surveillée. Les moins de 18 ans sont libérés le 4 décembre ; les autres sont astreints à se rendre chaque jour au commissariat.
Les arrestations haut ▲
Le communiqué officiel de la vice-présidence du Conseil fait état de 123 arrestations. Une trentaine est le fait de la police française, les autres émanent des forces allemandes. Les lycéens sont très majoritaires parmi les personnes arrêtées (90 lycéens et 14 étudiants). Les individus interpellés sont incarcérés à la prison de la Santé et au Cherche-Midi.
Après les avoir interrogé, le commandement allemand comprend que ces jeunes ont agi de manière spontanée et de façon "apolitique", sans appartenir à une organisation. Il les libère alors en trois vagues successives, le 20 novembre, le 3 et le 11 décembre. Deux étudiants et René Baudoin, professeur de sciences naturelles au lycée Lakanal, seront eux condamnés par un tribunal militaire allemand.
La fermeture des facultés haut ▲
Le 12 novembre au soir, les autorités allemandes prennent la décision de faire fermer tous les établissements d’enseignement supérieur. Les étudiants non domiciliés à Paris doivent rejoindre leur famille en province et les étudiants parisiens doivent quotidiennement pointer au commissariat de police de leur quartier. Le recteur Gustave Roussy est relevé de ses fonctions et remplacé à titre temporaire par le directeur de l’ENS, Jérôme Carcopino. La réouverture de l’Université ne sera effective que le 20 décembre 1940.
Les rumeurs autour des victimes du 11 novembre 1940 haut ▲
Partout courent les rumeurs de nombreux tués dont certains auraient été fusillés à bout portant. Informé par une secrétaire venue de Paris, Jean David, président de l'UNEF replié à Clermont-Ferrand, évoque quatre Allemands tués et six étudiants fusillés à bout portant, une soixantaine étant enfermés à Chevilly-Larue en attente de déportation. Les Anciens combattants croient savoir, quant à eux, qu’il y eut 18 morts, dont plusieurs Allemands. Jérôme Carcopino lui-même s’adresse au préfet pour faire démentir par les Allemands la rumeur de 300 tués.
Difficilement informée, la France libre cède également aux rumeurs : Le journal France, imprimé à Londres, évoque le 21 novembre plusieurs manifestants exécutés sur place, et la radio de Londres parle le 28 novembre de 11 morts et cinq cents déportés. Un mois plus tard, le Times du 17 décembre , citant l’agence Reuter, affirme que cinquante manifestants vont être déférés à un tribunal militaire allemand, les autres, les cas les moins graves n’étant finalement pas poursuivis. La rumeur persistera dans plusieurs écrits et discours après la Libération.
Alain Mochablon