"Au service du contre-espionnage"

L'engagement de Joséphine Baker est extrêmement précoce puisqu’il se situe au début de la guerre, et non au début de l’Occupation. En septembre 1939, Daniel Marouani, frère de l'agent de Joséphine Baker, la présente au capitaine Jacques Abtey, officier du Deuxième Bureau de l’état-major de l’armée française, qui la recrute comme agent de renseignement. Sa notoriété et sa renommée internationale lui permettent de recueillir de précieux renseignements au cours des soirées mondaines auxquelles elle est conviée. Titulaire d’un brevet de pilote, elle rejoint, pour masquer son engagement dans le contre-espionnage, les Infirmières Pilotes Secouristes de l'Air (IPSA).

La motivation patriotique de son engagement ne fait aucun doute, révélé par sa précocité et par ses modalités. Jacques Abtey témoigne que lors de leur première entrevue elle lui déclara "C'est la France qui m'a fait ce que je suis, je lui garderai une reconnaissance éternelle. La France est douce, il fait bon y vivre pour nous autres gens de couleur, parce qu'il n'y existe pas de préjugés racistes. Ne suis-je pas devenue l'enfant chérie des Parisiens. Ils m'ont tout donné, en particulier leur cœur. Je leur ai donné le mien. Je suis prête, capitaine, à leur donner aujourd'hui ma vie. Vous pouvez disposer de moi comme vous l'entendez." On notera la dimension spécifique de son patriotisme qui se fonde en partie sur son antiracisme, tout en estimant qu’elle se montre bien optimiste en considérant qu’il n’existe pas parmi les Français de préjugés racistes.

Au début de l'occupation allemande, refusant de se produire devant les troupes allemandes, Joséphine Baker quitte Paris pour son château en Dordogne. En janvier 1941, elle rejoint l'Afrique du Nord par l'Espagne et le Portugal et y retrouve Jacques Abtey ; il devient Jean-François Hébert, ancien artiste de music-hall et désormais secrétaire et assistant de Josephine Baker. Sous couvert de ses activités artisitistiques, elle accomplit de nombreuses missions de renseignement, notamment en Egypte et au Proche-Orient. Les renseignements sont transcrits en langage chiffré et à l'encre sympathique sur les partitions musicales qu’elle transporte toujours avec elle. 

Hospitalisée en juin 1941 (et durant 19 mois), sa chambre devient un centre d'échanges d'informations entre puissances alliées. Elle s'emploie également à convaincre tous les officiels américains qu'elle rencontre de soutenir le général de Gaulle et la France Libre ; ce qui n’est pas une mince tâche car Roosevelt est, et restera longtemps, hostile au général de Gaulle !

Une note de renseignement émanant de la direction des services de renseignement et sécurité militaire, établie à Alger le 17 octobre 1943 , observe que « les sentiments nationaux de Joséphine Baker ne sont absolument pas discutables. Son dévouement est sans borne, son désintéressement est total. D’un esprit prompt et dynamique, Joséphine est capable de nous rendre de très grands services dans les milieux des grands Chefs marocains, où elle est on ne peut mieux introduite ».

Le récit des activités de Joséphine Baker au service du contre-espionnage a été publié en 1948 par le commandant Abtey dans un ouvrage intitulé La guerre secrète de Joséphine Baker.

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