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Collège - travail collectif


Auteur: Wyssem BAZIZ, Mallorie HOHL, Cécilia VERGNAUD, Anissa BRINI, Mélissa ELAMRI, Yasmine KOURI, Malika ISSILAMOU, élèves de 3e du collège Stéphane-Mallarmé (Marseille)

« Fille de dos réfléchissant le passé sur le Vieux Port »

Les femmes de la Libération, défilant le 29 août 1944 sur le Vieux Port à Marseille : le choix de cette photographie a été une évidence pour nous. Elle met en scène des icônes de la Résistance, alignées, résolues et heureuses en ce jour de fête. Ces femmes incarnent un grand combat et nous voulions leur rendre hommage. Elles portent en elles la victoire et l’expriment à travers leur visage fier. Elles symbolisent aussi la liberté. Nous pourrions même dire qu’elles représentent des Mariannes. Oui, car elles sont bien les reflets de la liberté, de l’égalité et de la République qui va se mettre sur pieds dès la Libération. Ces femmes sont des modèles, non seulement parce qu’elles personnifient des valeurs fortes, mais aussi parce qu’elles ont gagné un combat de longue date au-delà de la Résistance, il y a aussi eu le combat pour l’émancipation et un début de reconnaissance en cette année 1944 : enfin le droit de vote ! 

Le rôle de ces femmes de l’ombre, en pleine lumière en ce 29 août, a été très important. On sait qu’elles ont beaucoup œuvré pour la Libération. Alors que Marseille était occupée depuis novembre 1942 par les allemands, ces résistantes participaient à des opérations clandestines afin de lutter contre l’Occupant. Comment ne pas citer le nom de Lucie Aubrac ? figure oh combien remarquable de la Résistance, au sein du mouvement Libération-Sud. Ces femmes ont bravé tous les dangers, au risque de se faire arrêter, torturer. Et rien ne paraît de ces souffrances sur la photographie de leur défilé. C’est ça la « magie » de la Libération : c’est le temps de la fête, pas de la tristesse. Comment donc oublier ces icônes ? Comment ne pas leur témoigner notre respect ? Ces figures combattantes, héroïques font prendre tout son sens au terme d’icône, celui-là même que nous retrouvons dans l’intitulé de votre concours.

Pour réaliser notre travail, nous avons d’abord souhaité approfondir nos connaissances sur l’occupation puis la libération de Marseille. Pour cela, nous avons lu différents articles et nous nous sommes également rendus aux Archives municipales. Là nous avons pu consulter différentes sources, dont des documents iconographiques de 1943 et 1944 ainsi que des documents administratifs sur les bombardements de Marseille. Cela nous a permis de nous familiariser avec le contexte des photographies proposées dans ce concours. Est ensuite venu le choix de la photographie : le défilé des résistantes a fait l’unanimité. Il restait cependant à discuter du cliché que nous devions prendre et du message à faire passer. Cela a été plus difficile : nous imaginions beaucoup de montages différents, pas toujours évidents à réaliser. Nous faisions des essais dans la cour avec nos ombres, nos reflets. Puis nous nous sommes mises d’accord et sommes sorties sur le Vieux Port pour réaliser des photographies avec nos professeurs. L’Ombrière a été un des endroits où nous avons pris le plus de clichés, puisque nous voulions faire un jeu de reflets. Puis nous avons pris le plus de clichés, puisque nous voulions faire un jeu de reflets. Puis nous avons également posé sur le pavé, devant la Grande Roue. Les conditions n’étaient pas idéales : soleil de face, vent, beaucoup de personnes… et la Grande Roue que nous n’avions pas prévue sur nos prises de vue ! Beaucoup de réglages ont dû être faits au moment des prises. Au départ, nous voulions rendre qu’un seul projet de photo. Puis il se trouve qu’une de nos professeurs a demandé à l’une d’entre nous de se mettre face à la mer, en tenant un miroir dans sa main et en faisant en sorte de regarder dans ce petit objet. La prise était originale, mais a priori sans rapport avec notre projet initial de photographie. La semaine suivante, en découvrant tous les clichés, nous nous sommes vite rendues compte que nous pouvions monter non pas un mais deux projets, avec quatre filles sur le premier et trois sur l’autre. Nous avons sélectionné des photos, les avons découpées et assemblées afin de faire des sortes de maquettes avant de réaliser le montage par informatique la semaine d ‘après. Ces dernières étapes ont été difficiles car elles demandaient beaucoup de patience et un regard aiguisé. De plus, les choses n’allaient pas toujours comme nous voulions et le temps passait très vite.

Finalement, nous avons réalisé un montage assez simple certes, mais qui à notre sens communique un message fort. Une jeune fille se regarde dans un petit miroir de poche. Elle ne voit pas son reflet mais celui d’une résistante de 1944. Quel est le message d’après vous ? Nous dirions que cette photographie pose d’abord un questionnement : qu’en est-il de la Mémoire ? Est-elle intacte ? Non. Le contour du reflet est flouté : l’érosion de la mémoire est irrémédiable. Parle-t-on toujours de ces icônes de la Résistance ? Oui. Et la jeune fille incarne une résistance moderne : elle est la descendante de la résistance passée. La jeune fille est tournée vers la mer, en somme, vers l’avenir. Elle ne veut pas que s’efface ces souvenirs de la Mémoire (comprenez l’Histoire). La femme du reflet, telle une apparition, ne veut pas dans ce petit miroir, que s’effacent ses souvenirs.

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