Les maquis et groupes d'action

Outre la propagande, les résistants de Libération-Nord passent très tôt à l’action directe. Ainsi, René Parodi, en dépit de charges professionnelles lourdes, puisqu'il est substitut au tribunal de Versailles et à celui du département de la Seine, réussit, avec son groupe, à embouteiller le canal de l’Yonne, empêchant les transports allemands ; plus tard, en mars 1942, Parodi et son groupe favorisent le bombardement anglais ciblé sur les usines Renault de Boulogne-Billancourt, en éclairant le lieu lors de l’opération. Le sabotage a été précoce et constant. Le journal Libération-Nord recommande au printemps et à l’été 1942 : « Saboter, C’est paralyser ; saboter, c’est démoraliser l’adversaire ; saboter, c’est se battre ».
Gabriel Thierry, employé des chemins de fer, résistant pionnier, expérimenté dans ce type d’action, se voit confier par Libération-Nord la direction du service de sabotages ferroviaires sur 40 départements de zone occupée. A Libé-Nord où les cheminots sont nombreux, les renseignements fournis, les plans de gare copiés ou redessinés, les relevés d’ateliers, favorisent les sabotages des voies ferrées, des ateliers, des dépôts, des gares de triage… Ces dessins, d’une grande méticulosité, permettent, sur la foi de relevés exacts, de frapper fort. Outre les sabotages, ces relevés, communiqués à Londres, permettent des bombardements plus précis des usines travaillant pour l'occupant.
Dans la perspective du débarquement allié en Normandie au printemps 1944, Jean Gosset confie la direction du réseau Cohors à Albert Guerville pour mieux se consacrer, en accord avec les directives du BCRA, à la coordination des opérations de sabotages. Il participe à la mise en œuvre de l’action de la Résistance par des plans de sabotage. Son action porte sur la région parisienne. Grâce à sa secrétaire Gabrielle Vienne ("Victorine"), liée à des ouvriers syndicalistes, il obtient les plans de l’usine Hotchkiss qui fabrique des mitrailleuses. L’opération a lieu le 20 février 1944 et réussit parfaitement. Le 7 avril, c’est au tour de l’usine de roulements à billes Timkem à Asnières, d’être sabotée.

Plan de l'expo

Crédits

Biographie(s)

Police et Patrie haut ▲

La réunion fondatrice de Libération-Police se tient en juillet 1942 au magasin « le nouveau-né », rue des Pyramides à Paris. Elle résulte de la volonté des membres du comité directeur de Libération-Nord, dont Henri Ribière, ancien directeur de cabinet de Marx Dormoy, de renforcer la composante policière. Le réseau s’édifie autour du commissaire Pierre Combes, de Roger Priou-Valjean, de Jean Angousset. S’appuyant sur les militants socialistes de la police, le groupe est organisé par Jean Straumann, cheville ouvrière, secrétaire de l’amicale socialiste à la préfecture de police depuis 1936, employé aux services techniques, aidé des brigadiers André Michel de la Défense passive et Joseph Lamboley de la police municipale. Libération-Police devient Police et Patrie en 1943. Grâce à la structuration et au recrutement conduits par Jean Straumann, l’activité associée à celle d’autres fonctionnaires de la Préfecture de Police et des départements limitrophes concerne autant la détection des policiers collaborateurs que la protection des résistants. Plus tard sont mis sur pied les corps francs pour le sabotage. Police et Patrie diffuse, à partir de 1944, un bulletin d’information. Son implantation dans la sûreté nationale, la police municipale, les services techniques, la garde républicaine et les services de la Défense passive lui permet de recueillir des informations de tout premier plan sur les initiatives de l’occupant, informations que Police et Patrie transmet ensuite aux réseaux Cohors-Asturies et Brutus. Son comité exécutif joue un rôle décisif dans le déclenchement de l’insurrection parisienne en août 1944 en s’associant à Honneur de la Police et au Front national de la Police.

Auteurs : Christine Levisse-Touzé et Dominique Veillon

Le groupe des Cloches des Halles haut ▲

En janvier 1941, Simon Cantarzoglou fonde un club sportif, "Les cloches des Halles", au sein duquel il forme un groupe de résistants comprenant entre autres Louis Genoix, le docteur Hugonnet et deux entraîneurs de boxe, MM. Barraut et Mayot. Il installe son PC au 14, rue Sauval, Paris Ier, dans le quartier des Halles.

Le groupe ainsi formé aurait eu des contacts avec plusieurs organisations résistantes, avec l'organisation naissante de l'Organisation Civile et Militaire (OCM), avec Libération-Nord, Brutus et la Confrérie Notre-Dame (CND). Finalement rattaché à Libération-Nord, dont il fut l'un des groupes d'action, il mena à ce titre des activités de propagande, de sabotage, de renseignement et d'évasion ainsi que des transports d'armes.

Le bilan humain du groupe s'élève à 130 engagés volontaires, dont 33 déportés, 23 morts en déportation, 4 fusillés, 17 tués et 15 blessés aux barricades.

Le groupe Maximilien haut ▲

Le groupe Maximilien se constitue dans le milieu cheminot autour de Jean Le Guen. Ses activités s’orientent vers la propagande, l'évasion et le renseignement. Le groupe est essentiellement implanté dans l'ouest parisien et entretient des contacts avec les socialistes et le Front national.  A la suite de son rattachement à Libération-Nord, il met en place des sections tournées vers l'action armée et participe activement aux combats de la Libération.

Auteur(s) : Fabrice Bourrée

Les maquis haut ▲

Symboles de la Résistance et de la libération de la France, les maquis ont pour origine l’opposition à la réquisition de la main d’œuvre pour le Reich, instaurée par la législation de Vichy (4 septembre 1942 et 16 février 1943). Ceux qui ne veulent pas d’un départ en Allemagne sont obligés de se cacher. Certains d’entre eux rejoindront ultérieurement les maquis pour se préparer au combat. Concentrés plutôt dans les massifs montagneux, les maquis sont aussi formés dans le bocage et les régions boisées. Leur formation requiert, outre une topographie protectrice, un point d’eau, la proximité d’une ferme pour le ravitaillement et la nécessité de liaisons pour obtenir les moyens armés par parachutage. Libération-Nord crée ses propres maquis par l’intermédiaire du réseau Cohors que coordonne ses chefs Jean Cavaillès puis Jean Gosset, en liaison avec le chef du service national maquis de zone Nord. Le premier maquis armé est celui de Poulmain, dans le Morbihan. Attaqué en février 1944, Mathurin Henrio, âgé de 14 ans et ayant aidé les maquisards, est abattu par les Allemands. C’est le plus jeune compagnon de la Libération. D’autres se forment plus au nord de la Bretagne, en Normandie, en Seine-et-Oise, en Eure-et-Loir et dans l’Aube. La formation de maquis est encouragée par le journal Libération-Nord. Jean Texcier, dans Libération du 25 janvier 1944, appelle les jeunes à se soustraire à la réquisition du travail pour l’Allemagne en rejoignant les rangs de la Résistance et « le cas échéant, les maquis ». Libération-Nord a cherché à s’agréger également des structures existantes : c’est le cas, en août 1943, du groupe Bayard à Joigny dans l’Yonne, formé dès 1941 par Paul Herbin qui travaillait pour un réseau anglais.

Auteurs : Christine Levisse-Touzé et Dominique Veillon