Les lendemains de la Libération



Les combats perdurent encore quelques jours dans certains départements. La région peut se considérer comme libérée le 24 août. Le bilan dressé fait état de « 13.000 prisonniers et de plusieurs centaines de tués ». La France rend hommage à ses morts tombés au cours des combats de la Libération « Il y a eu partout des cérémonies… ll y en a eu une à Toulouse qui s’est tenue le 23 août qui était très très émouvante devant la cathédrale Saint-Etienne pour les 35 tués dans les combats de la Libération de Toulouse. »
Dès le lendemain de sa nomination, Bertaux et l’ensemble des responsables civils et militaires s’installent dans les locaux de la préfecture. « Notre présence au grand jour à la préfecture consacre notre réussite. En quelques heures nous sommes sortis de la clandestinité. ». Progressivement et dans un joyeux désordre, les choses s’organisent. L’autorité, qui n’a jamais cessé d’exister à Toulouse, se met en place. Ce même jour, le 21 août, à l’occasion d’une manifestation organisée place du Capitole, Serge Ravanel, « nullement intimidé » fait son premier discours public du haut du balcon de l’hôtel de ville. La nouvelle équipe se présente aux Toulousains et « appelle le pays à travailler ».  

Sources : Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995.



                     After the Liberation

Because not all the departements were liberated at the same time, the region considered itself officially free on August 24th. An announcement stated that «13,000 prisoners and hundreds of others had been killed». France paid tribute to those who had fallen for the Liberation with « several ceremonies and memorials...Toulouse held a very moving ceremony on August 23rd in front of the Saint-Etienne cathedral for the 35 who had been killed. » In the days after his nomination, Bertaux and his civil and military assemblies took over the local police force once again. «Our restored presence in the police was a great day for the Resistance. In those few hours, we came out from underground». Gradually through all of the euphoria, everything came together. An official authority was established. That same day, at a rally at the place du Capitole, Serge Ravanel, «completely confident», delivered his first public speech from the balcony of City Hall. The new government called on Toulouse to «help France to rise once more».

Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s): Emmanuelle Benassi

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Bibliographie

Construire l’avenir avec des hommes nouveaux haut ▲



Avec ses frères d’armes, Serge Ravanel souhaite s’investir pleinement dans la reconstruction de son pays. Dans son esprit, elle doit en toute logique s’inscrire dans le cadre du programme du CNR, défini le 15 mars 1944, dont l’objectif est de : « mettre en place le gouvernement du général de Gaulle, de le soutenir dans sa volonté de rétablir l’indépendance nationale, et de rendre à la France sa place dans le concert des nations. » (1). Il appelle aussi à poursuivre le travail d’unité acquis grâce à cette dynamique de la Résistance. Ce programme du CNR constitue pour Serge Ravanel bien plus un guide des droits et devoirs du citoyen qu’un programme politique. « Il est un message de confiance dans les destinées du pays. » (2). Fidèle à ses convictions et à la ligne de conduite qu’il s’est fixé depuis le début de son engagement dans la lutte, Ravanel poursuit l’unification militaire de ces hommes nouveaux issus de la Résistance et leur mise en place dans ce contexte de liberté. Il place « toute sa confiance en cette fraction de la population qui a mûri et appris [pendant la guerre] l’unité et le sens de l’intérêt général. Il la sait prête à se dévouer » (3). Les acquis de la Résistance constituent, selon lui, une base sur laquelle la politique comme l’armée du lendemain de la Libération peuvent s’appuyer et permettre ainsi la restauration et la consolidation de la République.

Chef régional des FFI, issu du MLN, Serge Ravanel s’efforce de remplir sa mission dans le respect de sa double hiérarchie : d’une part le commandement militaire né de la Résistance intérieure, d’autre part, celui de la Résistance extérieure. Autrement dit, la constitution d’une nouvelle armée suppose de « faire entrer dans un moule unique » (4) les officiers de carrière et les officiers issus de la Résistance accompagnés de leur unités combattantes. Entreprise vaste et complexe mais l’optimisme et les convictions d’unité de Ravanel lui donnent l’énergie d’agir et l’assurance de gagner. Il est alors persuadé que « l’expérience acquise leur permettrait de réaliser une unité semblable dans la nouvelle armée. » (5). Dans l’optique de cette unification, il met en place dans les différents bureaux de son état-major régional un triumvirat constitué, à chaque niveau, d’un responsable accompagné de deux amis de la Résistance. L’objectif de la démarche consiste à conserver dans cette nouvelle armée l’esprit né de la Résistance tout en effectuant un brassage avec des membres des « deux camps ». Dans le cadre de la création d’une école régionale des cadres des FFI, il adresse à tous les chefs départementaux une note rappelant à l’ensemble des officiers et sous-officiers son « intention de les faire participer à un travail commun… et à l’élaboration d’un code de vie militaire tenant compte des nécessités de l’instruction militaire et de la psychologie du Français. » (6).

Cette démarche volontaire d’unifier l’ensemble des forces armées nécessite l’adhésion et la foi de tous les protagonistes. Or, exception faite de quelques officiers de carrière qui comprennent et mesurent, comme Ravanel, l’intérêt « de combiner les compétences des uns, les qualités de dynamisme des autres et le patriotisme de tous » (7), rares sont ceux qui croient en la faisabilité de cette entreprise et acceptent de porter avec conviction ce projet. Trop puriste, et certainement naïf ou « complètement inconscient », Serge Ravanel ne perçoit pas immédiatement que la Libération les a fait entrer dans une ère radicalement nouvelle.
Une ère où l’Esprit de Résistance, dont lui et ses camarades sont profondément imprégnés, ne parvient pas à se déployer.

Sources : (1) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (2) Op cit. (3) Témoignage de Serge Ravanel et de Raymond Aubrac recueilli par Costa Macros sur les valeurs de la Résistance et le programme du CNR. (4) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (5) Op cit. (6) Note de Serge Ravanel adressée à tous les chefs départementaux FFI concernant la création d’une école régionale de cadres. 3/09/44. (7) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995.


                           Building a New Future

Like his brothers in arms, Serge Ravanel wanted to throw himself into rebuilding his country. This meant followig the CNR in their new objective, declared March 15 1944: «install de Gaulle's government, help them to reestablish national freedom, and to bring France back to her rightful place in the world » (1). It also meant working under the same unity that the Resistance had fostered over the years. The CNR's agenda meant much more to Ravanel than simply guidelines for the citizens of France; it was a political message as well. «It was a vote of confidence for France's future »(2). Always faithful to the same convictions from the first days of the war, Ravanel sought to bring the military groups unified during the Resistance into the new context of a free France. He «had complete confidence in these people who had learned how to unite during the war in order to reach a common goal. They knew how to dedicate themselves to a cause » (3). Ravanel believed that what the Resistance had achieved throughout the war could help rebuild and restore the Republic, just as it had helped them during the Liberation.

As FFI's regional leader, issued by the MLN, Serge Ravanel continued to try and fulfill his duties in respect to the double hierarchy: the military command of the Resistance interior and also that of the Resistance exterior. In other words, the creation of a new army meant that «everyone would start at the same place » (4) so that career military officers and Resistance officiers would join in the ranks together. Although this was a vast and complicated enterprise, Ravanel knew that it would succeed because of the incredible unity he had witnessed during the war. He believed that the integration would «create a new, cohesive army» (5). In light of these ideals, Ravanel created a triumvirate in each department on every level that consisted of one leader flanked by two Resistance members. Ravanel did this in the hope of preserving some of the Resistance's spirit and drive in the new army by teaming up men from «both camps.» When he spoke to his departmental chiefs at the groundbreaking of a regional military school for the FFI, he echoed the same sentiments he expressed when addressing officers: «how important it was to work together...and the neccessity of understanding and incorporating the military's Code of Honnor into the French psyche» (6).

But this willing integration of the new French army required everyone's cooperation and faith in the project. With the exception of the few officiers who understood and appreciated Ravanel's vision to «combine one's abilities with another's skill for a common goal» (7), most did not believe such an undertaking was possible and refused to support it. Too much of a purist, and naive or «completely out-of-touch, » Serge Ravanel did not see that the Liberation was becoming more and more radical. The Resistance era that Ravanel and his comrades had known was over.


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

Entre illusions et désillusions haut ▲



« Nous étions accrochés à de Gaulle »
(1)

En cette fin du mois d’août 1944, les FFI prennent une part active à l’ensemble des combats de la Libération du pays. L’armée française recrute parmi ces jeunes combattants fraîchement sortis de l’ombre.
Les méfiances du général de Gaulle et de son BCRA manifestées, jusque là, à maintes reprises, à l’égard de certaines groupes militaires de la Résistante, éclatent au grand jour lorsque le général décide de publier le 25 août « un décret de dissolution des FFI alors qu’ils combattaient encore dans certaines parties de la France. » (2). Il traduit finalement leur inquiétude de voir, les rangs de l’armée traditionnelle élargis par celle d’une Résistance trop politisée et dont l’influence peut nuire à l’installation du pouvoir politique et militaire du général de Gaulle.
Le travail d’unité de l’ensemble des forces combattantes, accompli par Ravanel dans la région de Toulouse depuis le mois de juin, permet l’incorporation des FTP et des guérilleros espagnols dans les FFI. Cette réalisation qui apporte, de toute évidence, un atout, une richesse pour Ravanel représente un handicap voire un danger pour le général de Gaulle qui considère que le « Parti communiste cherche à utiliser la Résistance pour asseoir son pouvoir » (3). Pour Ravanel, il n’en est rien. Dans cette démarche d’unification qui répond à la volonté de Gaulle, les FTP souhaitent avant tout servir leur pays en lui rendant son honneur et sa liberté. En outre, c’est pour eux l’occasion « d’être reconnus comme des Français à part entière. » (4). Il est donc dans leur intérêt de respecter le chef du gouvernement provisoire. Manifestement, « notre Résistance était très mal comprise par ces hommes du BCRA et nous nous sommes demandés si finalement s’ils ne faisaient pas en sorte de brouiller les cartes et de nous dépeindre comme des dangereux révolutionnaires qui en voulions profondément à de Gaulle alors que nous étions profondément gaullistes » (5). Pour la plupart des résistants, le général représente en effet un symbole fort de la liberté. Il est celui qui dès 1940 a refusé de se soumettre à l’ennemi et a choisi d’engager la lutte. « Nous étions accrochés à de Gaulle qui disait avec une détermination fantastique je continue le combat » (6). Ce sincère et profond dévouement au général s’est manifesté tout au long de ces années de guerre. Il a permis l’unification progressive de la Résistance intérieure et s’est concrétisé en mars 1944 par le programme du CNR dont « l’objectif premier est la mise en place de De Gaulle et de son gouvernement. » (7).
De désillusion en désillusion, Serge Ravanel réalise avec désolation, que dans son projet de reconstruction du pays, le général n’accorde pas à cet esprit de résistance comme aux hommes qui le portent un respect digne (à la hauteur) de leur engagement. 

Sources : (1) Interview de Serge Ravanel et Raymond Aubrac sur le programme du CNR, année 1944. (2) Serge Ravanel, interview d’Alain Vincent 18/11/03. (3) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (4) Op cit. (5) Témoignage de Ravanel dans l’émission Le cercle de minuit, 23/05/95. (6) Interview de Serge Ravanel et Raymond Aubrac sur le programme du CNR, année 1944. (7) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995.

                               

                   Between Illusions and Disillusionment

«We believed in de Gaulle» (1)
At the end of August, 1944, the FFI was very active in the military assembly of the French Liberation. The French Army was recruiting young fighters that had just come out of the Resistance. But de Gaulle and his BCRA became more and more suspicious of certain Resistance groups. The tensions kept rising until on August 25th, de Gaulle's government announced «a decree ordering the dissolution of the FFI because they were continuing to fight in certain areas of France » (2). It showed the new government's fear that if a large part of their army was composed of the political Resistance, the members could threaten de Gaulle's political and military power.
Ravanel's successful integration in June of the FTP and the Spanish nationals into the FFI was one of his most prized accomplishments. But what he saw as an advantage, de Gaulle saw as a threat. He believed that the «Communist party had taken advantage of the Resistance in order to increase their power » (3). Ravanel thought nothing could be farther from the truth. The FTP had fought for de Gaulle's cause with courage, honor, and patriotism. On the other hand, it was an opportunity for them to «be recognized by all of France » and so it was in their interest to respect the leader of the temporary government. Clearly, «our Resistance has been gravely misunderstood by the BCRA, and we had to ask ourselves if the government had confused us with dangerous revolutionaries rather than devoted Gaullistes. » For the majority of resistants, de Gaulle was a beacon of freedom. It was him in 1940 who refused to give in, who continued the fight. «We believed in de Gaulle, the man who had declared so openly that he would not surrender» (6). The Resistance was sincerely devoted to the General for the entire war. When the Resistance agreed to the CNR's agenda in March of 1944, it was because they wanted to «install de Gaulle's government with him as their leader » (7).
More and more disillusioned, Serge Ravanel realized that in rebuilding his country, de Gaulle had not respected the work of the Resistance, or the men who had held him in such high regard.


Traduction : Catherine Lazerwitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

16 et 17 septembre 1944, l’amertume d’une visite tant attendue haut ▲



« Il nous a écrasés de son mépris
» (1)

Fortes de 60 000 hommes les FFI de la région toulousaine s’organisent en unités régulières pour participer, aux côtés des armées françaises et alliées à la lutte contre les Allemands encore présents sur certaines parties du territoire français. Depuis son état-major, le colonel Ravanel s’efforce, avec son sens inné de la discipline, d’organiser, de former, autrement dit d’uniformiser « sa jeune armée » pour ensuite répartir ses troupes, bien décidées à poursuivre le combat, dans les rangs de colonnes et de divisions en partance vers l’est et le front de l’Atlantique. Leur contribution militaire aux combats de la Libération de la France est considérable.
C’est une ville tenue et organisée que le Général de Gaulle découvre lors de sa venue à Toulouse les 16 et 17 septembre 1944. « Nous nous apprêtions à vivre un grand moment. Cette rencontre symbolisait la fusion des deux grandes forces qui s’étaient constituées, l’une en France métropolitaine, l’autre au dehors. » (2). En réalité, « Il nous a écrasés de son mépris » (3).
La ville est en émoi et les résistants se préparent à lui rendre un hommage fidèle et absolu. Tous sont convaincus qu’il saura saisir l’esprit de résistance, et en imprégner durablement sa politique. Ils attendent sa considération, son amitié. On lui réserve un accueil à la hauteur de sa réputation.
Le 16 septembre, en fin de matinée, le général de Gaulle apparaît enfin à l’aéroport de Blagnac. Entouré de son ministre de la guerre, et de son secrétaire général du gouvernement provisoire, Il gagne Toulouse où il passe en revue, avec un « regard hautain », les officiers d’état-major de Ravanel. « Il n’a pas discuté avec un seul d’entre nous. », « il n’a pas été amical avec ces combattants que nous étions alors que nous attendions de lui une camaraderie d’arme. » (4).
Dans l’après midi, il accorde un entretien d’une heure au colonel Ravanel. Ce dernier attend, de cette entrevue, « une séance de travail » permettant de donner des orientations et de fixer des nouvelles tâches afin de poursuivre ainsi leur mission. Il n’en est rien. D’emblée le ton est donné :
« Il m’a abordé en termes extrêmement sévères me demandant :
 - pourquoi vous portez la croix de Libération ? Qui vous y a autorisé ?
J’ai répondu au général qu’Emmanuel d’Astier de la Vigerie et son adjoint, Jean Pierre-Bloch, m’avaient annoncé que vous me l’aviez attribuée et j’ai pensé vous faire honneur en la portant.
- Vous ne l’avez pas, personne ne vous l’a jamais accordée »
(5).
En réalité, de Gaulle n’écoute pas. Il lui annonce l’arrivée prochaine du général Collet à Toulouse désigné pour « remettre de l’ordre » dans cette région où règne un « vaste désordre » (6). Atterré, le jeune colonel Ravanel réalise que pour de Gaulle « les FFI, c’est fini, il ne souhaite pas qu’elles demeurent dans l’état ou elles étaient ». Autrement dit, « le rôle de la Résistance est terminé. » (7).
La joie et le respect qui avaient envahi Ravanel et ses compagnons les jours précédents son arrivée, laissent place à une douloureuse déception, une profonde amertume. C’est avec ce même « mépris » qu’il assiste, le lendemain 17 septembre, à la prise d’arme organisée en son honneur. C’est avec une immense fierté que les FFI de Ravanel défilent devant le général. Parmi eux les guérilleros espagnols : « J’étais ému pour eux. Ils avaient contribué à la Libération de notre pays ils ont eu des morts pour notre cause. Et j’ai vu de Gaulle se crisper, comme si c’était dramatique de voir des Espagnols défiler dans les FFI alors qu’ils avaient contribué à la Libération de notre pays » (8). « Et, à tous ces hommes valeureux qui avaient donné d’eux même il posait comme seule question : quel était votre grade dans l’armée. Ce qui était une façon très discriminatoire de permettre à certain de se mettre au garde à vous en disant j’étais commandant et, à d’autres qui étaient de simples soldats de se sentir humiliés. On n’humiliait pas des hommes comme des résistants ; ce n’est pas possible. On leur tenait un langage d’amitié. » (9).
Au cours de ces deux jours de visite le contact avec de Gaulle est difficile, voire traumatisant. « Je me suis demandé s’il n’y avait pas eu des fautes de ma part. Mais je me suis rendu compte que c’était pareil ailleurs… » (10).

Le parcours résistant de Serge Ravanel l’a amené – comme beaucoup de la Résistance – à évoluer graduellement vers la gauche. La défiance de De Gaulle à son endroit à la Libération était aussi due à la réputation qu’avait Toulouse d’être une « république rouge ».

Sources : (1) Serge Ravanel, interview d’Alain Vincent, 18/11/03. (2) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (3) Serge Ravanel, interview d’Alain Vincent, 18/11/03. (4) Témoignage de Serge Ravanel documentaire diffusé sur France 3 1944, la France libérée : Sud-Ouest le rêve et les fusils ou l’été de la Libération. (5) Serge Ravanel, interview d’Alain Vincent, 18/11/03. (6) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (7) Témoignage de Ravanel sur l’attitude du général de Gaulle.

                        

                September 16 and 17th, 1944 De Gaulle Visits Toulouse

«We were completely unprepared for his scorn » (1)

60,000 men from the FFI in Toulouse formed units to fight the Germans alongside the French Army and the Allies present in France. Following his general's orders, Ravanel organized and trained this «young army» into units and divisions that were ready for combat. His men fought well on the Eastern and Northern fronts, and they made up a large part of the Liberation Army's military strength. Serge Ravanel was also charged with naming a new head of police for the FFI. He and Commissioner Bertaux choose lieutenant-colonel Noireau to restore order and continue to enforce the laws of the new government in Toulouse. So when General de Gaulle visited Toulouse on September 16th and 17th 1944, he was greeted by an organized and well-run post-war city.
«We were all ready for this big moment. This meeting with de Gaulle symbolized the joining of France's two great forces: the one within France and the one from outside» (2). In reality, «we were completely unprepared for his scorn» (3).

All of Toulouse waited in anticipation for the arrival and the Resistance prepared a warm and loyal welcome for the man they had revered for the entire war. Everyone believed that he embodied everything that the Resistance stood for, and completely supported him as President for the New France. Toulouse could not wait to see this great man for herself and wanted to afford him the most honorable welcome they could muster.

Late on the morning of September 16th, de Gaulle finally arrived at the airport in Blagnac. Surrounded by his Defense ministers and his Secretary General, de Gaulle entered Toulouse and greeted Serge Ravanel and his deputies with a «haughty expression». «He didn't speak a word to any of us, nor did he treat us like comrades. We had always believed he was one of us» (4).

That afternoon, de Gaulle agreed to meet with Colonel Ravanel for one hour. Ravanel assumed the meeting would cover «business matters for Toulouse» such as giving new directions and tasks in order to continue rebuilding the government. But that wasn't the case at all. Instead, the meeting went as follows:
«He spoke extremely harshly to me, demanding, -Why are you wearing the cross of the Liberation? Who authorized you to wear it? I told him that General Emmanuel d'Astier de la Vigerie and his officer Jean-Pierre Bloch told me I had earned it. And I thought wearing it today would honor his presence here in Toulouse. -But you do not have the right to wear it. No one authorized it» (5).

De Gaulle didn't listen to Ravanel at all during the meeting. He announced that General Collet was coming to Toulouse to «restore order » in a region completely immersed in «chaos » (6). Shocked, Ravanel realized that de Gaulle was «getting rid of the FFI. It was over. He did not want FFI involved at all in France.» In other words, «the Resistance was finished» (7). Ravanel and his comrades, who had once respected de Gaulle absolutely and who had been overjoyed that he was coming to Toulouse, were shocked and saddened by de Gaulle. The visit would only leave the bitter taste of disappointment in their mouths. It was with the same «illusion » that they put on a military demonstration on September 17th to send de Gaulle off. The FFI along with the Spanish nationals marched proudly in front of de Gaulle nevertheless. «My heart went out to the Spaniards. They had fought for the Liberation of our country and many had died for our cause. De Gaulle grimaced when he saw them, like it was shocking to see Spaniards in the FFI» (8). «And he only asked one thing of all of the brave men who had given everything to the cause: what is your rank? It only made the men who could say they were commanders feel more valuable then those who were common soldiers, leaving them humiliated. No one could humiliate the resistants. It was not possible because we shared an understanding» (9).

These two days with de Gaulle were difficult and traumatic for Ravanel. «I had to ask myself if I had done something wrong. But I understood that it always would have been this way...» (10). Serge Ravanel's time as a Resistant led him to become more liberal politically. De Gaulle's betrayal—in the eyes of the Resistance—also is one of the reasons that Toulouse became a «Red Republic» after the war.


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi