"Travailleurs immigrés"
Dans les années vingt, l’immigration italienne est d’abord économique. Nombre d’Italiens fuient la misère et s’installent dans le Pays d’Arles pour travailler bien souvent comme terrassiers, ou comme ouvriers agricoles. A leur arrivée, ils sont fréquemment pointés du doigt et victimes de xénophobie. Dans leur travail, beaucoup vont s’engager au sein de mouvements politiques et syndicaux aux côtés de militants français.
En Pays d’Arles, où comme ailleurs la main-d’œuvre agricole est devenue rare après l’hécatombe de la Première Guerre mondiale, l’arrivée de travailleurs italiens est appréciée des propriétaires terriens. Beaucoup de ces Italiens viennent de la province de Pise, et plus précisément des villages de Calcinaïa ou de Santa Maria a Monte. Ils fuient la misère, s’emploient d’abord à des travaux saisonniers pour rejoindre l’Italie dès qu’ils ont quelque argent en poche. Mais dès qu’ils trouvent un emploi stable, ils font venir leur famille et s’installent en France.
Les travaux manuels qui ne demandent pas de qualification précise mais exigent une bonne forme physique, de la résistance, une certaine polyvalence et une aptitude au travail d’équipe, deviennent vite la principale activité des immigrés italiens.
Sur les 11 000 hectares de marais salants du delta, la récolte du sel, qui exige force, endurance et rigueur, embauche nombre d’Italiens. Ceux-ci travaillent en équipes et à «prix faits», c’est-à-dire en fonction des quantités de sel récoltées. D’autres sont employés à des travaux de terrassement, de nivellement ou de faucardage (fauchage des roseaux) sur le vaste réseau des canaux et des roubines qui conditionne la vie du delta. Les Italiens travaillent enfin dans les mas où, grâce à leur polyvalence, ils deviennent souvent d’indispensables « hommes à tout faire ».
Bien avant qu’ils ne s’impliquent dans la Résistance, de nombreux immigrants italiens participent à des mouvements politiques et surtout, syndicaux. Leur militantisme antifasciste ne va faire que renforcer cet engagement.