"Antifascistes"
L’avènement du fascisme en Italie vient conforter l’immigration italienne en Pays d’Arles avec l’arrivée des fuorusciti ("ceux qui sont sortis du pays", les réfugiés politiques). A la fin des années trente, l’antifascisme devient un dénominateur commun avec certains mouvements politiques, syndicaux et associatifs. Lorsque la France entre en guerre contre l’Allemagne et l’Italie, nombre d’immigrés italiens se mobilisent en faveur de leur pays d’accueil. Mais la défaite et l’instauration du régime de Vichy vont à nouveau les renvoyer au statut d’opposants au pouvoir en place.
Né à Milan le 23 mars 1919, le fascisme fait référence aux Faisceaux italiens de combat (fasci) et au système politique fondé en 1922 par Benito Mussolini quand il arrive au pouvoir. Le Duce (le chef, le guide) qu’incarne Mussolini dispose de tous les pouvoirs. Le Parti fasciste encadre, contrôle et dirige toute la vie de la population. Le but ultime est la création d’un Homme nouveau, le « citoyen-soldat », et d’une société guerrière dont la maxime est « croire, obéir, combattre ».
Jusqu'à la fin des années 1930, les antifascistes se rassemblent autour de plusieurs mouvements : la LIDU (Ligue italienne des Droits de l'Homme), Giustizia e Libertà, qui rassemble républicains, socialistes et démocrates (et dont le principal dirigeant, Carlo Rosselli, sera assassiné en 1937) et l'UPI (Union populaire italienne), issue du Parti communiste italien. Par ailleurs, des organisations françaises, parmi lesquelles des partis politiques (communiste, socialiste), des syndicats et des associations (Ligue des Droits de l'Homme et du Citoyen) s'engagent également contre la montée du fascisme en Europe. Lorsque la guerre d’Espagne éclate, nombre de militants se mobilisent en faveur des Républicains et s’engagent, pour partie, dans les Brigades internationales.
Si l'antifascisme s'organise, le régime mussolinien tente aussi de s'implanter en France par l’intermédiaire des fasci, dont les sections ont pour objectif de maintenir des liens entre les migrants, le pays natal et son régime fasciste, et de les surveiller.
Le 10 juin 1940, Mussolini veut profiter de la faiblesse de la France vaincue pour annexer les Alpes. La campagne des Alpes dure quinze jours mais n’a pas les résultats que le Duce en escomptait. Plus tard, en novembre 1942 et jusqu’à septembre 1943, Hitler le laisse occuper un territoire de 800 km², dont une partie des Alpes-Maritimes et des Basses-Alpes (Alpes de Haute-Provence), sans parler de la Corse. De 1940 à 1943, l’Italie est l’ennemi de la France.
Le 3 septembre 1940, le régime de Vichy promulgue une loi « à l'égard des individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Les forces de « l'anti-France », désignées responsables de la défaite, ont pour noms : le Juif, le communiste, le franc-maçon et l'étranger. En Pays d’Arles, les premières arrestations frappent les communistes. Beaucoup d'entre eux sont italiens ou d'origine italienne.