Cour d’honneur
Depuis la transformation de l’ancienne abbaye en prison centrale en 1803, la cour d’honneur symbolise la pérennité de ce lieu de réclusion. Cet espace distribue à la fois les logements de fonction, les espaces de détention et le bâtiment administratif où travaillent quotidiennement les membres du personnel pénitentiaire.
Une fois franchi le porche d’entrée (« caserne ») de la prison, les condamnés traversent cette cour, dernier lien entre la vie extérieure et les espaces de détention. Désormais, ils sont soumis au règlement unique et strict de maison centrale, le régime de Vichy réservant aux prisonniers politiques des conditions plus sévère que celles des droits communs.
Auteurs : comité de rédaction
Sources : Amicale des anciens détenus patriotes de la centrale d’Eysses, L’insurrection d’Eysses, éditions sociales, 1974. Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.
Choix d'Eysses
Une circulaire du 26 octobre 1943 signée R. Bousquet, secrétaire général de la police, décide le transfert à la maison centrale d'Eysses, (réputée bien gardée dans un environnement rural réputé tranquille), de tous les résistants condamnés par les tribunaux d'exception de zone Sud, pour menées « communistes, terroristes, anarchistes ou subversives ». Plusieurs convois arrivent également de zone Nord, dont cent prisonniers transférés de la Santé le 12 février 1944.
Qui sont les détenus d'Eysses ?
En décidant de regrouper à Eysses 1200 résistants, les autorités de Vichy, soucieuses de sécurité, ont favorisé, bien malgré elles, un foisonnement exceptionnel. La prison concentre alors un échantillon très représentatif des politiques emprisonnés sous le régime de Vichy : des hommes de toutes origines sociales ou géographiques appartenant à la Résistance dans toute sa diversité (communistes, gaullistes, socialistes, chrétiens, juifs ou athées, syndicalistes, Républicains espagnols…). C’est la conjugaison de leurs expériences, des luttes collectives acquises dans les différentes prisons qui, une fois concentrées à Eysses, explique le perfectionnement de l’organisation qui y voit le jour. Cette Centrale devient un creuset…
Surveillance de la centrale
Le bâtiment d’entrée, appelé aussi « caserne », abrite essentiellement les locaux du personnel de surveillance, la garde extérieure étant assurée principalement par les GMR (Groupes mobiles de Réserve, unités de police militarisée créés par le gouvernement de Vichy) à partir de janvier 1944.
A Eysses, contrairement à d’autres prisons, les forces d’occupation venues d’Agen n’interviendront que dans la nuit du 19 février 1944, jour de l’insurrection.
Logements de fonction
Les logements de fonction, dans l’aile ouest, sont destinés à une partie du personnel administratif : le directeur de la centrale, le sous-directeur, l’économe.
Deux directeurs se succèdent à Eysses entre 1940 et 1944 : Jean-Baptiste Lassalle qui illustre le cas des vieux serviteurs d’une administration pénitentiaire républicaine restée en place sous Vichy jusqu’en janvier 1944, puis Joseph Schivo, milicien fanatique, ami personnel du Secrétaire général au maintien de l’Ordre, Joseph Darnand.
Après l’échec de l’insurrection collective du 19 février 1944, des détenus résistants vont être « interrogés » dans ces caves (voir plan détaillé), situées sous l’appartement de Schivo.