"Littérature et Résistance"
L’effondrement de 1940 bouleverse le rapport à l’écriture de nombreux écrivains. Faut-il continuer à écrire et à publier dans un régime de censure imposé par l’occupant et le régime de Vichy au risque de paraître cautionner les nouveaux pouvoirs ? L’écriture peut-elle être une arme de combat pour convaincre et mobiliser ? Rares sont les écrivains qui ont cessé toute publication légale pour choisir la lutte armée comme René Char ou Jean Prévost. La plupart des écrivains résistants continuent à publier tout en agissant clandestinement. Les écrivains de toute obédience politique sont appelés à lutter avec leur plume. Les écrits publiés clandestinement, notamment aux Editions de Minuit, sont le fait d’une poignée d’auteurs qui choisissent de défendre leurs valeurs face à des pouvoirs qu’ils combattent. Dans le même temps, des revues littéraires légales paraissent en zone sud pour affirmer l’existence d’une littérature soustraite à l’influence de l’occupant et de la Révolution nationale. L’arme principale est la « poésie de contrebande » chargée d’allusions cryptées selon l’expression de Louis Aragon. Enfin le patrimoine culturel est abondamment cité dans les tracts qui circulent et dans la presse clandestine : Charles Péguy et Victor Hugo sont des références qui donnent aux rédacteurs et aux lecteurs des références d’opposition communes.