"Une enfance provençale"
Jean-Pierre Moulin naît le 20 juin 1899 à Béziers, mais le berceau familial se situe à Saint-Andiol dans les Alpilles (Bouches du Rhône). Son père Antonin est professeur de lettres classiques, puis d’histoire au collège Henri-IV. Radical-socialiste, ardent défenseur de la République, Antonin Moulin est très engagé dans la vie politique locale.
En 1907, la famille est endeuillée par la mort de Joseph 19 ans, le fils aîné. Les parents reportent toute leur affection sur Laure et Jean qui sont élevés suivant une morale civique exigeante : instruction, travail, justice, vérité, tolérance, solidarité. Ils leur forgent une âme de citoyen. Les enfants sont nourris d’histoire républicaine. Les enfants Moulin sont également imprégnés de culture méridionale par leurs parents liés d’amitié au poète Frédéric Mistral. Jean suit une scolarité des plus classiques, plus attiré par le dessin que par les autres matières. Un de ses professeurs porte l’appréciation suivante : "fera un excellent élève quand il se décidera à travailler", ce qu’il fait véritablement à partir de la seconde.
Jusqu'en 1917, la vie de famille est partagée entre Béziers et Saint-Andiol où il passe ses vacances entouré de ses cousins Escoffier et Sabatier. Les parents leur font découvrir les Alpilles, les lieux familiers d’Alphonse Daudet : Fontvieille, Saint-Rémy de Provence, le site antique des Glanum, nourrissant la pensée rêveuse de leur fils. Il est fasciné par un château féodal en ruines, accroché aux Alpilles, Romanin, surplombant la plaine entre Saint-Rémy et Saint-Andiol, pseudonyme qu’il adoptera pour s’adonner à son violon d’Ingres, la caricature et le dessin. Ses jeunes années sont très heureuses, riches de culture et entourées de l’affection des siens.
Il a 15 ans lorsque la Grande Guerre éclate. Ses compositions françaises et ses caricatures publiées dans La Baïonnette et La Guerre Sociale, qui révèlent un talent certain, reflètent sa peur de la guerre. Bachelier en 1917, doué pour les arts graphiques, Jean Moulin aurait voulu faire une carrière artistique, mais raisonnable, il se laisse facilement convaincre par son père de faire du droit à la faculté de Montpellier. Ayant été témoin du combat politique de son père, il estime que son devoir est plutôt de servir la République en embrassant la carrière préfectorale.
A Provencal Adolescence
Jean-Pierre Moulin was born on June 10th 1899 in Béziers but the family home was situated in Saint-Andiol in the Alpilles (Bouches du Rhône). His father Antonin Moulin was a professor of classic literature and then of history at the Henri IV College. A radical-socialist, ardent defender of the Republic, Antonin was incredibly invested in local political life.
In 1907, the family was plunged into mourning by the death of the eldest son, 19 year-old Joseph. The parents transferred all their affection to Laure and Jean who were raised according to a demanding set of civic morals: instruction, work, justice, truth, tolerance, solidarity. They forged in them the heart of a true citizen. The children were nourished on the history of the Republic and, through their parent’s friendship with poet Frédéric Mistral, the culture of Southern France. Jean followed a more classical education, more interested in drawing than other matters. One of his teachers made the following comment: “will make an excellent student when he decides to work,” which he would begin to do in his sophomore year of high school.
Until 1917, the family divided their time between Béziers and Saint-Andiol where he spent his vacations with his cousins Escoffier and Sabatier. His parents made them explore the Alpilles and familiar places to Alphonse Daudet: Fontvielle, Saint-Rémy-de- Provence, the ancient Glanum Roman site, in order to foster their day dreaming. He was fascinated by the ruins of a castle, clinging to the Alpilles, Romanin, overlooking the plains between Saint-Rémy and Saint-Andiol, a pseudonym he adopted in order to pursue his hobbies of caricature and sketching. His childhood was very happy, rich in culture and surrounded by people who loved him.
He was 15 years-old when the First World War burst out. His French essays and caricatures were published in La Baïonnette and La Guerre Sociale, which revealed a certain level of talent and reflected the fear of war. Graduating in 1917, with a God given talent for graphic arts, Jean Moulin had wanted to pursue a career as an artist but, reasonably, he was easily convinced by his father to go into law studies at the University of Montpellier. Having been a witness to his father political verve, he felt that it was his duty to serve the Republic and embrace a prefectural career.
Traduction : Gabrielle Ciceri