Ramon Garrido (1915-1995)
Né le 24 mai 1915 à El Grove (Espagne), Ramon Garrido déserte l'armée espagnole pour rejoindre les troupes républicaines en octobre 1937. En février 1939, il franchit la frontière et est interné dans divers camps où il prend immédiatement des responsabilités clandestines. Livré aux Allemands pour travailler à la base sous-marine de Brest, il s'en évade sur l'ordre du Parti communiste espagnol, pour constituer des groupes d'action à Lorient. En juillet 1942, il est responsable du Comité de Bretagne couvrant cinq départements. Arrêté lors d'un rendez-vous à Paris le 30 novembre 1942, il est incarcéré à la Santé puis condamné le 11 décembre 1943 à deux ans d'emprisonnement. Le 18 décembre 1943, il est transféré à la maison centrale d'Eysses d'où il sera déporté via Compiègne à Dachau puis Landsberg et Allach. Ramon Garrido est décédé le 14 janvier 1995 aux Lilas (Seine-Saint-Denis).
1915-1939 haut ▲
Ramon Garrido est né le 24 mai 1915 à El Grove, petit port de Galice (Espagne). En 1933, il effectue son service militaire dans la marine, à la base militaire du Ferrol (Galice). Passionné d’aviation, il passe le concours pour être pilote d’hydravions de la Marine de Guerre espagnole (Ecole de Barcelone). Mais, faute de crédit, l’école est fermée à cette époque. Mobilisé en septembre 1936, il est affecté au 102e bataillon de la 105e division du corps d’armée marocain. Son unité est maintenue en réserve jusqu’en octobre 1937 pour être engagée sur le front de Jaulin (Zaragosse). Ramon Garrido en profite alors pour déserter avec de nombreux jeunes conscrits et passer dans le camp républicain. Il rejoint alors un régiment d’infanterie de marine, basé à Carthagène. Puis, il est affecté, avec un groupe de Galiciens et d’Asturiens, à la 151e Brigade mixte.
Durant l’hiver 1937-1938, Ramon Garrido participe à la bataille de Teruel dans le secteur de la Sierra Palomera. Son unité s’étant retrouvée encerclée par les troupes franquistes, il s’échappe à la tête d’une cinquantaine de volontaires décidés à rompre l’encerclement. Puis, il rejoint la caserne Lénine située rue de Tarragone. Il est alors nommé commissaire politique de compagnie. Son unité est affectée à la défense des côtes catalanes entre Castellon de Ampurias et Llansa (Gerona). Ensuite, il participe à la Bataille de l’Ebre entre La Cava et la mer. Son bataillon est alors rattaché à la 14e Brigade Internationale commandée par Marcel Sagnier.
1939 - Décembre 1941 haut ▲
Le 8 février 1939, lors de la retraite de Catalogne, Ramon Garrido franchit la frontière pour être aussitôt désarmé et interné au camp d’Argelès sur Mer. En juin 1939, il est transféré à Barcarès où il devient responsable clandestin de quatre baraques de prisonniers. En octobre 1939, il est affecté à la 211e compagnie de travailleurs étrangers, avec laquelle il part à Saint-Médard-en-Jalles (Gironde) en janvier 1940. Outre sa compagnie, la responsabilité de Ramon Garrido s’étend à une dizaine d’autres CTE des environs. En juin 1940, la 211e CTE repart à Argelès. Ramon Garrido, toujours responsable clandestin de la compagnie, devient membre de la Commission d’information du camp. En janvier 1941, la 211e CTE est envoyée à Elne pour combattre les dégâts d’une inondation. Outre sa compagnie, la responsabilité de Ramon Garrido s’étend désormais à une dizaine d’autres CTE des environs.
Le 30 juillet 1941, la Compagnie est livrée aux Allemands par les gendarmes français et se retrouve internée au camp de Saint-Pierre à Brest pour travailler dans la base de sous-marins (organisation Todt). Ramon Garrido devient rapidement le responsable clandestin du camp. Il organise aussi les premiers groupes armés espagnols de Brest et assure la diffusion de tracts dans la population ainsi que parmi les occupants (tracts en langue allemande).
Janvier – novembre 1942 haut ▲
En janvier 1942, il reçoit l’ordre de la direction du PCE de s’évader et de rejoindre Lorient avec pour mission de prendre la responsabilité du travail politique parmi les Espagnols de cette ville chargés des travaux dans la base de sous-marins. Ce qu’il fait, après avoir coupé les barbelés du camp, il rejoint Lorient à pied, sans argent ni papiers. Il reste responsable de Brest ; les deux villes appartenant au secteur 3 de l’organisation espagnole.
A Lorient, Ramon Garrido organise les premiers groupes de combat et de sabotage. A la fin du mois de février 1942, plus d’une vingtaine de groupes d’action sont constitués. Ils ont pour responsables quelques jeunes Lorientais qui ont combattu pendant la guerre 1939-1940 et des étrangers ayant combattu pendant la guerre d’Espagne. A partir du 15 mars 1942, les actions contre l’occupant se multiplient à une cadence rapide. Le 17 juillet 1942, Ramon Garrido s’enfuit de Lorient pour se réfugier à Rennes en changeant son identité en Léon Carrero Mestre (en hommage à sa grand-mère maternelle Léonore CARRERO MESTRE). Il devient alors permanent et membre du Comité régional de Bretagne. Il est plus précisément responsable des résistants espagnols des départements du Finistère, des Côtes du Nord, du Morbihan, de la Sarthe et de la Loire Inférieure, avec le grade de capitaine FTPF.
30 novembre 1942 : l'arrestation haut ▲
Le 30 novembre 1942, à 10 heures, Ramon Garrido, accompagné de Rafaël Salazar dit Laborda, responsable régional venant d’Orléans, a rendez-vous avec Francisco Perramon Ducasi, ancien responsable du Sud-Ouest, l’un des principaux responsables de la Résistance espagnole de la Zone Occupée. Ce rendez-vous se tient dans un café à l’angle de la rue de la Gaité et du boulevard Edgar Quinet. Or, Francisco Perramon et Rafaël Salazar étaient suivis, depuis quelques temps déjà, par des inspecteurs de la 3e Section des Renseignements Généraux. Après le rendez-vous, Ramon Garrido, toujours accompagné de Rafaël Salazar, se dirigé à pied vers la place d’Italie. Ils sont arrêtés près d’une bouche de métro par les agents des RG craignant de ne pouvoir continuer à les suivre. Il semble que ce même jour, en cette même place d’Italie, un autre rendez-vous était prévu avec Louis de la Direction des FTP-MOI. La véritable identité de Ramon Garrido, ainsi que ses responsabilités en Bretagne, n’ont jamais été découvertes par la Police ; aucun de ses camarades n’ayant parlé.
Cette rafle du 30 novembre fut, en 1942, la seconde de par son importance numérique après celle du mois de Juin. Ce jour là, 40 inspecteurs procédèrent à 28 arrestations et incarcérations. José Miret Must, ancien Secrétaire d’Etat de la Generalitat de Catalogne, et dirigeant de la Résistance en Zone Occupée figure parmi les détenus. La plupart des militants arrêtés étaient des cadres en charge de la propagande et de la lutte armée.
Le 4 décembre 1942, Ramon Garrido est transféré au Dépôt (3, quai de l’Horloge). Il y retrouve Luis Montero, chef du détachement des FTP-MOI espagnols de la région parisienne, déporté ensuite à Mauthausen.
1942-1944 : jugement et emprisonnement haut ▲
Le 15 décembre 1942, Ramon Garrido est incarcéré à la prison de la Santé (n° 2-83 et n° 13-50) où il devient responsable clandestin des Espagnols de la 13e Division. Du 2 au 11 décembre 1943, il est jugé par la Section Spéciale du Tribunal de Paris, avec 53 républicains espagnols dont beaucoup sont originaires de la région de Nantes-St Nazaire. Il est condamné à deux ans de prison et à 1.200 F d’amende pour « activités communistes ».
Le 18 décembre 1943, il est transféré à la Centrale d’Eysses où il devient secrétaire à l’action, c’est—à-dire responsable militaire au sein du triangle de direction des Espagnols (avec Miguel Portolès et Angel Huerga).
1944-1945 : la déportation haut ▲
Suite à l’insurrection des patriotes détenus à Eysses, Ramon Garrido est livré avec ses co-détenus aux autorités allemandes le 30 mai 1944 et transféré au camp de Compiègne. Le 18 juin 1944, il est déporté à Dachau où le convoi arrive le 20 juin. Le 14 juillet 1944, il est transféré au Kommando de Landsberg. Le kommando est évacué le 25 avril 1945 ; les détenus quittent le camp à pied en direction de Dachau. Le lendemain, la colonne de déportés bifurque vers Allach, le camp principal étant complet. Le 27 avril, les déportés arrivent à Allach après avoir parcouru 70 Km en une journée et demie.
1945-1995 : l'après-guerre haut ▲
Libéré d'Allach le 30 avril 1945, Ramon Garrido est de retour en France un mois plus tard. Il séjourne quelques semaines dans le Morbihan près de Quimper puis part s’installer à Orléans. Il y travaille successivement comme aide-cuisinier pour l’armée américaine, terrassier puis au Service des eaux de la ville. Du 6 juillet 1945 au 5 novembre 1946, il est responsable de l’organisation des Espagnols d’Orléans et du Loiret, puis appelé à Paris, il assume des responsabilités au sein du syndicat espagnol UGT de la Seine et de la Seine-et-Oise. Fonction qu’il abandonna en mai 1947 pour entrer à l’école de formation professionnelle d’Ivry. Il travaille comme tourneur dans diverses entreprises de la région parisienne et termine sa carrière professionnelle comme employé à la FNAC.
Durant son exil, il fut l’un des adjoints de Santiago Alvarez, membre du Bureau Politique du PCE. Il réalisa de nombreuses missions clandestines en Espagne, sous la dictature de Franco, sans jamais être arrêté.
Ramon Garrido est décédé le 14 janvier 1995 aux Lilas (Seine St Denis). Ses cendres reposent dans le cimetière municipal de son village natal, El Grove.