"Sauvetage des indésirables"

 Le 14 avril 1938, le ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut, invite dans une circulaire les préfets à  " mener une action méthodique, énergique et prompte en vue de débarrasser le pays des éléments indésirables. " Ces " indésirables " désignent aussi bien les réfugiés anti-nazis allemands que les travailleurs immigrés ou les  familles de Républicains espagnols qui fuient la guerre. Les difficultés économiques, l'afflux de réfugiés à la suite de l'arrivée au pouvoir de Hitler et de l'emprise grandissante du nazisme en Europe centrale entraînent une montée de la xénophobie et de l'antisémitisme, attisée par une partie de la presse et de la classe politique. Les gouvernements de la IIIe République adopte une législation de plus en plus contraignante à l'égard des " indésirables ".

Le décret-loi du 12 novembre 1938 permet l'internement des indésirables  dans des " centres spécialisés ".  Le décret-loi du 18 novembre 1939 aggrave les dispositions du décret de 1938 et permet l'internement à titre préventif de tout élément " suspect au point de vue national et politique. "C'est une loi des suspects. Les communistes français rejoignent les indésirables étrangers dans les camps après la signature du pacte germano-soviétique. Après l'entrée des troupes allemandes en Belgique, le 15 mai 1940, il est décidé l'internement des ressortissants du Reich âgés de 17 à 56 ans et le 17 mai des femmes âgées de 17 à 65 ans.

Par l'article 19 de la convention d'armistice signée le 24 juin 1940 avec l'Allemagne, le gouvernement français accepte de livrer sur demande les réfugiés antinazis à qui il a donné asile.Tous les échelons de l'administration sont sommés de participer à la traque et l'internement des " indésirables ".

Pour les organisations caritatives, militants politiques ou syndicalistes, simples citoyens, il ne suffit plus de secourir les internés des camps, il faut aider les persécutés menacés de déportation et peut-être pire à quitter la France. Très vite le choix s'impose à eux : rester dans une légalité paralysante ou passer à l'action illégale et clandestine. Marseille et sa région qui étaient apparues à beaucoup comme un refuge et une porte vers l'émigration deviennent un piège mais aussi la plaque tournante de nombreuses  filières de sauvetage.

Auteur(s) : Sylvie Orsoni
Source(s) :

Les camps en Provence ; exil, internement, déportation, 1933-1944, Aix-en-Provence, Alinéa, 1984.

Grynberg Anne, Les camps de la honte. Les internés juifs des camps français, 1939-1944, La Découverte/Poche, Paris, 1999.

Laborie Pierre, " Les Espagnols et les Italiens dans l'imaginaire social ", in P. Milza et D. Peschanski (sous la dir. De ), Exils et migrations .Espagnols et Italiens en France 1938-1946, Paris, L'Harmattan, 1994, p .275 .

Mencherini Robert, Midi rouge, ombres et lumières. 1. Les années de crise, 1930-1940. Paris, Syllepse, 2004.

Mencherini Robert, Vichy en Provence, Midi Rouge, ombres et lumières, tome 2. ,Paris, Syllepse, 2009.

Mencherini Robert, De la galaxie des Milles aux rafles de juifs en Provence, in Provence-Auschwitz. De l'internement des étrangers à la déportation des Juifs, 1939-1944 (dir. Robert Mencherini), collection Le temps de l'Histoire, P.U.P., Aix-en Provence, 2007.

Peschanski Denis, La France des camps. L'internement 1938-1946, Editions Gallimard, Paris, 2002.

Seghers Anna, Transit, Paris, la Bibliothèque française, rééd. Aix-en-Provence, Alinéa 1986. 

Thalmann Rita, " L'accueil des émigrés allemands en France de 1933 à la déclaration de guerre, in Jacques Grandjonc (sous la dir. de), Emigrés français en Allemagne, émigrés allemands en France, 1685-1945, Paris, 1983.

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