"Répression de la Franc-Maçonnerie"

Francs-Maçons et Juifs constituent une des obsessions de l'extrême-droite et plus largement des conservateurs. Considérés par Charles Maurras comme les piliers de « l'Anti-France », ils sont rendus responsables des maux qui frappent le pays. L'Église catholique se montre particulièrement hostile à la franc-maçonnerie et interdit à ses membres d'y adhérer.  Les francs-maçons sont accusés, pas toujours sans fondement, de favoriser les carrières des leurs au détriment des catholiques. Les rituels mystérieux de leurs réunions réservées aux seuls initiés alimentent tous les délires complotistes. Lieu d'une sociabilité majoritairement masculine, les loges maçonniques qui se développent à la fin du XIXe siècle regroupent les partisans d'une république laïque, souvent radicaux ou socialistes modérés. Le médecin, l'instituteur, le commerçant dans les petites villes et les villages s'opposent aux curés et aux notables conservateurs.  En conséquence, le gouvernement de Vichy fait de l'éradication de la franc-maçonnerie une de ses priorités

Aussi dès le 13 août 1940, à peine un mois après l'arrivée au pouvoir du maréchal Pétain, une loi interdit « les sociétés secrètes ». Si le mot n'est pas prononcé, c'est la franc-maçonnerie qui est visée. Un décret du 19 août 1940 lève toute ambiguïté en prononçant la dissolution de deux obédiences maçonniques, la Grande Loge de France et le Grand Orient de France. Les fonctionnaires doivent s'engager par écrit à rompre tout lien avec la franc-maçonnerie, s'ils en ont fait partie et à ne pas y adhérer à l'avenir. Un refus ou une dissimulation entraîne la révocation. Les fausses déclarations sontpunies de peines de prison et d'amendes. Immédiatement les préfets doivent veiller à l'application de la loi dans les administrations et services publics sous leur autorité. Les Allemands, en zone occupée, se montrent tout aussi répressifs. Dans les deux zones, les locaux sont perquisitionnés, mis sous séquestre et les archives saisies bien que nombre d'entre elles aient été détruites. En avril 1941 un service des sociétés secrètes est créé ainsi qu'une police des sociétés secrètes. Le 11 août 1941, une seconde loi aggrave la répression en décidant la publication au Journal Officiel du nom et de l'adresse des dignitaires francs-maçons, les livrant ainsi à la vindicte publique. Les chefs d'administration doivent vérifier qu'aucun maçon clandestin ne figure encore dans leurs effectifs. Les services de police et de gendarmerie reçoivent dénonciations et demandes d'enquête.  Ils exécutent les ordres avec un zèle mesuré qui suggère que les mesures antimaçonniques rencontraient moins d'adhésion que  celle frappant les Juifs ou les communistes.

 

Auteur(s) : Sylvie Orsoni

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