Oppression et censure



Vichy et l'occupant utilisent tous les médias susceptibles de relayer leur politique. La radio diffuse les informations du gouvernement et crée un climat appelant à la collaboration. Les ménages ont acquis des postes de radio avant la guerre, ce moyen de communication permet de toucher largement la population. Les journaux quotidiens ou hebdomadaires, nationaux, régionaux, locaux sont aussi des vecteurs très utilisés par la propagande vichyssoise. Le Petit Dauphinois et
Le Nouvelliste sont largement lus et relaient cette idéologie collaborationniste. Les organes de presse reçoivent des documents du ministère de l’Information donnant l’orientation politique à suivre. La censure contrôle méticuleusement
la nature de toutes les informations.


                               

                                                      Oppression and Censorship:

Vichy and the occupiers utilise the media to relay their politics. The radio broadcasts information from the government and creates a climate that calls for collaboration. Households had acquired radio stations before the war, and the medium is able to reach a large population. The daily and weekly national, regional, and local newspapers are also used extensively by the Vichy government for propaganda. Les Petit Dauphunois et Le Nouvelliste are widely read and relay the collaborationist ideology. The media receives documents from the Ministry of Information giving political directions to follow. Censorship meticulously controls the nature of all information.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s): Jean Sauvageon
Source(s):

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

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Presse et radio officielles haut ▲



Le gouvernement de Vichy et l’occupant allemand utilisent, après les avoir soumis, tous les médias susceptibles de relayer leur politique : les journaux, la radio, les affiches, les publications des organismes collaborationnistes, etc.

La radio, notamment Radio-Paris, diffuse largement les informations du gouvernement, crée un climat appelant à la collaboration. De nombreux ménages ont acquis des postes de radio avant la guerre et ce moyen de communication permet de toucher largement la population. Les radios étrangères, favorables aux Alliés, Radio-Sottens (Suisse), largement écoutée dans le sud-est, ou la BBC émettant de Londres, combattent cette propagande vichyste. 

Dans la Drôme, deux journaux à diffusion régionale, Le petit Dauphinois et Le Nouvelliste sont des quotidiens largement lus et relayant cette idéologie collaborationniste. Tous les organes de presse reçoivent du ministère de l’Information des feuilles roses intitulées "Documents réservés à la presse" et donnant l’orientation politique à suivre. La censure contrôle méticuleusement la nature de toutes les informations.


       Official Press and Radio

The government of Vichy and German occupant use, after having subdued them, all susceptible media to relay their policy: newspapers, radio, posters, collaborationist agency publications, etc.

Radio, notably Radio-Paris, widely disseminates information from the government, creating a climate that calls for collaboration. Many households had acquired transistor radios before the war, and this method of communication allowed the message to be spread widely. Foreign radios, which favored the Allies, Radio-Sottens (Swiss), largely listened to in the South-East, or the BBC, broadcasted from London, combat Vichyist propaganda. One of the BBC's widely used slogans is "Radio-Paris lies. Radio-Paris is German", taken from a light-hearted song by Pierre Dac. Daily or weekly newspapers, distributed nationally, regionally, or more locally, are also vectors extensively used by Vichy propaganda.

In Drôme, two newspapers with regional circulation, Le Petit Dauphinois and Le Nouvelliste are widely-read dailies that relay this collaborationalist ideology. All the press mouthpieces receive pink sheets entitled "Documents reserved for the press" which give political direction to follow, from the Ministry of Information. Censorship meticulously controls the nature of all information.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Restrictions et contraintes haut ▲



Les livraisons de denrées à l’Allemagne en quantités de plus en plus grandes, le contrôle sévère et tatillon des productions agricoles, l’instauration des cartes de rationnement créent des difficultés sans nombre dans les ménages pour assurer la nourriture quotidienne des membres de la famille. La situation est encore plus difficile dans les villes que dans les campagnes. Le gouvernement de Vichy met en place tout un système de rationnement très encadré. Toutes les denrées doivent être achetées avec des coupons figurant sur différentes cartes : épicerie, viande, vêtements, semences, outils, jardinage, bons-matières, etc.

Les carburants sont réquisitionnés par les Allemands. Pour faire fonctionner les véhicules, on y installe des gazogènes produisant un gaz combustible.

Les produits manquants sont remplacés par des succédanés, par exemple le café par de l’orge, des glands ou autres denrées torréfiés.

Les semelles des chaussures sont fabriquées en bois, etc.

Ces restrictions génèrent un trafic parallèle, clandestin, le « marché noir ». Des commerçants, des trafiquants trouvent là, une source importante de profits. Les prix pratiqués sont élevés. La police vichyste lutte contre ces pratiques occultes. Malgré cette répression, le marché noir a perduré pendant toute la période de guerre, voire au-delà.

Une autre pratique se développe, c’est l’échange, le troc. Pour obtenir une paire de chaussures sans tickets, on peut glisser sous la banque une motte de beurre ou quelques saucisses.

Mais tous ces moyens pour se procurer des marchandises ne sont accessibles qu’à ceux qui ont des revenus le permettant.

Une des préoccupations, dominicales surtout, dans les zones rurales est la recherche de « ravitaillement » dans les fermes environnantes, soit pour son propre compte, soit pour envoyer à de la famille vivant dans les villes.

Le ravitaillement est un des soucis permanents des Drômois comme de la plupart des Français, pendant la guerre et même jusqu’au début des années 1950.


Restrictions and Constraints

The delivery of foodstuffs to Germany in larger and larger quantities, the severe control and nit-picking of agricultural production and the establishment of ration cards creates innumerable difficulties for households to ensure daily food for family members. The situation is even worse in cities than in the countryside. The government of Vichy puts a very narrow rationing system in place. All foodstuffs must be bought with coupons representing different things: groceries, meat, clothing, seeds, tools, gardening supplies, materials, etc.

Fuels are requisitioned by the Germans. To make vehicles work, they install gas producers that make combustible gas.

Missing products are replaced by ersatzes, for example, coffee made from barley or other roasted foodstuffs. Shoe soles are made out of wood, etc.

These restrictions generate a parallel, clandestine traffic, the "black market". Shopkeepers and traders find an important source of profit there. The prices are high. The Vichy police fight against these secret practices. Despite this repression, the black market endured during the entire war, and even beyond.

Another practice develops: exchange and bartering. To get a pair of shoes without tickets, one might slide a slab of butter or a few sausages under the counter.

But all these methods of getting merchandise are only accessible to those with permitting incomes.

One concern in rural areas, especially on Sundays, is finding "supplies" in surrounding farms, either on one's own behalf, or to send to family living in cities.

Supplies are an ongoing concern of Drômois like most French, during the war and up until the early 1950s.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Propagande et censure haut ▲



Plusieurs journaux locaux dont la diffusion est limitée à une petite région existaient avant la guerre. Ce sont surtout des publications d’annonces légales. Leur orientation est, en général, de droite, souvent catholique. Ils ont continué à être imprimés pendant la guerre, soit en adoptant les thèses vichystes, soit en voulant rester neutres et en s’adaptant aux exigences de la censure et en publiant, sous la pression, des textes de la propagande collaborationniste. Leur attitude modérée leur a permis de survivre, malgré la censure. À la Libération, ces organes de presse ont fait l’objet d’enquêtes essayant de déterminer leur degré de culpabilité de collaboration avec l’ennemi. Cependant, sous cette couverture légaliste, plusieurs imprimeurs de ces journaux locaux ont publié des tracts ou des journaux de la Résistance.


       Propaganda and Censorship

Several newspapers whose circulation is limited to a small region existed before the war. They are mostly publications of legal notices. Their orientation is generally to the Right, often Catholic. They continue to be printed after the war, either by adopting the arguments of Vichy, or by wishing to remain neutral and adapting to the demands of censorship and under pressure, publishing collaborationist propaganda. Their moderate attitude enabled them to survive, despite censorship. At the Liberation, these newspapers are under investigation in order to determine their level of collaboration with the enemy. However, under legal cover, many of these papers are able to print Resistance leaflets or newspapers.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Mesures de surveillance et contrôle haut ▲



Le gouvernement de Vichy a l’obsession de l’ordre. Il renforce la police en la centralisant, en créant les préfets régionaux et les intendants de police. Il en gonfle considérablement les effectifs et met en place les Groupes mobiles de réserve (GMR). Des juridictions d’exception sont créées. Dès 1939, sous la IIIe République, puis sous l’État français, il est possible « d’interner administrativement des personnes non pour ce qu’elles ont fait mais pour le danger potentiel qu’elles représentent ». C’est ainsi que sont créés les camps d’internement de Loriol-sur-Drôme et Montélimar permettant d’interner les étrangers « indésirables » et les militants syndicalistes et communistes. Cet arsenal de surveillance est renforcé par la création de la Milice et soutenu par des collaborateurs qui n’hésitent pas à dénoncer, parfois anonymement, les personnes soupçonnées de se dérober au STO (Service du travail obligatoire), de participer à la Résistance ou de se livrer à des activités contraires aux lois et règlements comme le marché noir.

D’autre part, un contrôle tatillon des activités économiques est instauré avec toute une kyrielle d’inspecteurs, contrôleurs chargés de veiller à la bonne application des mesures de restriction, de prélèvement de produits destinés à l’occupant. Aux périodes de pointe, on renforce ces équipes par des temporaires, comme les instituteurs pendant l’été pour contrôler les battages des céréales.

Les imprimeries sont particulièrement surveillées et doivent prendre des dispositions pour pouvoir imprimer des tracts ou journaux pour la Résistance. Leurs publications officielles doivent être soumises au service de la censure.

D’autres mesures affectent les habitants dans leur vie quotidienne. C’est le couvre-feu dans les villes notamment interdisant de circuler la nuit si l’on n’est pas en possession d’un laissez-passer. C’est l’obligation d’occulter les lumières d’où la peinture bleue qui recouvre les vitrages des usines, ou la couverture des phares de voitures ne laissant qu’une petite ouverture (les « yeux de chat »). Les contrôles d’identité sont fréquents en ville, dans les transports en commun. Il est interdit d’écouter les radios étrangères (Londres, Moscou, Sottens), ceux qui le font, de plus en plus nombreux, en prenant des précautions, sont à la merci de dénonciations de voisins mal intentionnés.



                                     Measures of surveillance and control:

The Vichy government is obsessed with order. They reinforce the police force by centralizing, creating regional prefects and police stewards. They increase considerably in size and establish the Groupes mobiles de réserve (GMR). Special courts are created. By 1939 under the Third Republic, and then under the French state, it is possible for the administration "to detain people not just for what they did but also for the potential danger they represented". Thus internment camps are created in Loriol-sur-Drôme and Montélimar for "undesirable" foreigners, trade unionists, and communists. This arsenal of surveillance is strengthened by the creation of a militia supported by a staff who did not hesitate, sometimes anonymously, to denounce those suspected of evading the STO, (Service du travail obligatoire) to participate in the Resistance or engage in activities contrary to the laws and regulations, such as the black market.

In other units, a detailed check on economic activities is introduced with a whole host of inspectors and auditors responsible for ensuring the proper implementation of restrictive measures, including deducting products determined by the occupier. During peak periods, they strengthen these units temporarily; such as teachers who during the summer control the threshing of grain.

Printing is particularly monitored, and publishers have to take specific measures to be able to print leaflets or newspapers for the Resistance. Their official publications have to be submitted to the censorship service.

Other measures affect residents in their daily lives. There is a curfew in the cities, which includes the prohibition of driving at night without a pass. Residents have to conceal the lights in factories where there was blue paint that covered the windows, as well as the headlights of cars, leaving only a small opening (the "cat's eyes"). Identity checks are common in cities and in public transit. It is forbidden to listen to foreign radio stations, (such as from London, Moscow, or Sottens), and more and more, those who do are at the mercy of the malicious denunciation of neighbors.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

François Marcot (sous la direction de), Dictionnaire historique de la Résistance, éditions Robert Laffont.