Lieux de mémoire

Le nombre et la variété des lieux de mémoire drômois, permettent d\'en dresser une typologie quasi exhaustive, sans toutefois tous les citer. Des exemples sont présentés. Des rues portent le nom de lieux, d’hommes et de femmes qui se sont illustrés pendant la Résistance. Trois musées sont consacrés à la Résistance. Des réalisations mémorielles atypiques renforcent l’intérêt de leur étude. Commémorations et manifestations annuelles entretiennent souvenir et mémoire des combats.

Les nombreuses cérémonies posent la question de la pérennité du souvenir, de la mémoire. L’étude de l’histoire des lieux, des commémorations met en évidence les difficultés pour perpétuer la mémoire de la Résistance. Or cet enjeu est fondamental dans une démocratie.

Auteur(s): Alain Coustaury

Plan de l'expo

Crédits

Partenaires

Bibliographie

Cartographie

Chronologie

Pédagogie

Vassieux-en-Vercors haut ▲

S'il est un nom de commune qui suscite un écho tragique lorsqu'on évoque les pages dramatiques de l'histoire de la Résistance en France, c'est bien celui de Vassieux-en-Vercors. Comme Oradour-sur-Glane, Les Glières, Tulle, Ascq, Vassieux-en-Vercors a connu le massacre d'une partie de sa population civile lors de combats en juillet 1944. Mais à cet épisode dramatique, il faut ajouter celui de combats meurtriers entre les soldats allemands aéroportés et les résistants. Ces derniers, malgré leur courage ont été impuissants face à la suprématie de la Wehrmacht dotée d'armes lourdes.

C'est cette juxtaposition sur le même lieu et à la même date du combat et du massacre qui constitue la singularité de Vassieux. La mémoire de cette histoire est particulièrement visible dans le paysage entourant le modeste village. Mémorial, musée, nécropole nationale, nombreuses stèles et plaques parsèment champs et forêts d'une commune de 48 km2 habitée par 430 habitants en 1936, 309 en 1946 et 300 en 2007.

Auteur(s) : Alain Coustaury
Source(s) :

Statistiques INED.

La Chapelle-en-Vercors haut ▲

Parmi les villages meurtris lors des événements de juillet 1944 dans le Vercors, La Chapelle-en-Vercors tient une place importante. La commune n'a pas la notoriété de Vassieux-en-Vercors. Pourtant elle a subi des bombardements, le bourg a été en grande partie détruit. Des otages ont été fusillés. Mais la commune n'a pas été le théâtre de combats semblables à ceux de Vassieux. Il n'y a pas eu l'opération aéroportée qui constitue la particularité des combats qui se sont déroulés autour de Vassieux et dans le village même. Il en résulte que les lieux de mémoire de La Chapelle-en-Vercors n'ont pas la célébrité de ceux de la commune limitrophe. Il n'y a pas eu à La Chapelle un personnage pour créer un musée, une administration nationale pour construire un mémorial. Un seul lieu rassemble les participants aux commémorations, la cour des fusillés.

Auteur(s) : Alain Coustaury
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.

Hôpital du maquis (Saint-Martin-en-Vercors / La Luire) haut ▲

La commune de Saint-Martin-en-Vercors n'a pas la notoriété de sa voisine méridionale, La Chapelle-en-Vercors et surtout de Vassieux-en-Vercors. Pourtant dans l'histoire du Vercors, Saint-Martin tient une place importante. Elle a été un certain temps le lieu de l'État-major du Vercors. L'hôpital de la Résistance était installé au nord du village. L'absence de combats, d'exactions, de destructions semblables à celles des communes citées précédemment peut expliquer le fait que Saint-Martin soit mal connue. Une simple plaque, guère visible, rappelle la présence de l'hôpital. En 2010, a été apposée une plaque sur le mur d'un bâtiment dans le village.

Auteur(s) : Alain Coustaury

Monuments aux morts communaux haut ▲

S'il est un lieu de mémoire visible et connu de tous, au moins superficiellement, c'est bien le monument aux morts. Quasiment toutes les communes de la Drôme en possèdent un. Il n'est absent ou peu visible que dans quelques-unes. Sa localisation sur la commune, la présence ou l'absence de statue, les inscriptions qu'il comporte sont chargées de signification. C'est à la suite de la guerre de 1914-1918 que l'on voit construire ce lieu de mémoire. Celle de 1870-1871 a donné lieu à l'édification de monuments résultant d'initiatives tardives et privées. Son souvenir est parfois rappelé sur des monuments édifiés après la loi du 25 octobre 1919. Le second conflit mondial, bien moins meurtrier pour la France que le premier, apparaît souvent sous la forme d'une adjonction de noms ou de plaques sur le monument de 1914-1918. De façon paradoxale et soulevant des interrogations, l'observation de la chronologie gravée sur ces ajouts révèle des erreurs sur les dates extrêmes de la Seconde Guerre mondiale.

Quelques communes drômoises ont édifié de nouveaux monuments aux morts à l'architecture et à la symbolique très différentes des précédents.

Auteur(s) : Alain Coustaury
Source(s) :

Prost Antoine, Les monuments aux morts, dans Les Lieux de mémoire, sous la direction de Pierre Nora, tome 1, page 199, Quarto Gallimard, 1997, 1643 pages

Autres monuments haut ▲

À côté des monuments bénéficiant d'une grande notoriété, mis en valeur par des cérémonies rapportées par la presse, il existe tout un corpus de constructions plus modestes ou de simples plaques, ne bénéficiant pas d'autant d'attentions. Elles commémorent des combats, le souvenir de disparus. On les trouve réparties sur tout le département. Leur pérennité, sans être mise en cause, pose le problème de leur entretien.

Auteur(s) : Alain Coustaury

Musées de la Résistance de la Drôme haut ▲

Deux musées permettent d'appréhender ce que fut la Résistance dans la Drôme. Leurs créateurs ont été un homme et un groupe de Résistants. Joseph la Picirella, ancien Résistant a créé, ex-nihilo, le musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors. Ouvert au public en 1973, le musée a été repris par le Conseil général de la Drôme en 1999. Réaménagé, il conserve toutefois les caractéristiques d'un musée réalisé par un seul homme. À Romans-sur-Isère, c'est une équipe d'anciens Résistants qui ouvre en 1974 un musée de la Résistance et de la déportation. Agrandi en 1994, réaménagé en centre historique de la Résistance en Drôme et de la déportation, le centre se dénomme depuis 2010 musée de la Résistance et de la déportation de Romans-sur-Isère. Différents par leurs créateurs, par leurs conception et approches de la Résistance, ces lieux de mémoire sont deux bons outils de la mémoire de la Résistance drômoise.

Auteur(s) : Alain Coustaury

Mémoriaux haut ▲

Le département de la Drôme possède plusieurs monuments qui sont définis par le terme de Mémorial. Ils sont répartis sur l'ensemble du territoire. L'intérêt de leur étude réside, en grande partie, par le fait que leur taille, leur destination sont très différentes. On va du Mémorial national de la Résistance en Vercors de Vassieux-en-Vercors qui vise une notoriété nationale, voire internationale au Mémorial de Sainte-Jalle dédié aux FFI du sud de la Drôme ou à celui de Romans-sur-Isère, simple bloc de granite dédié à la Résistance et à la déportation. Entre ces extrêmes, le Mémorial des FFI de la Drôme de Mirmande rend hommage à tous les Résistants, aux fusillés de Valréas, aux soldats de l'US Army morts dans la Drôme. Il a pour vocation de perpétuer une mémoire à l'échelle du département. Le Mémorial d'Espenel rend essentiellement compte des événements survenus dans la vallée de la Drôme entre Crest et Die. L'étude de chacun de ces monuments permet d'appréhender les différents volets de la conservation de la mémoire dans le département de la Drôme.

Auteur(s) : Alain Coustaury
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.

Nécropole et cimetière national haut ▲

Deux lieux de sépulture attestent des violents combats du Vercors et de l'exécution de résistants dans le sud de la Drôme. L'un, très connu, est la nécropole de Vassieux-en-Vercors où, chaque 21 juillet, se déroule une importante cérémonie commémorant les combats de juillet 1944. L'autre, le cimetière national d'Eygalayes est quasiment ignoré du public. Pourtant il rappelle le souvenir de 35 résistants exécutés par les Allemands. Plus modestes, dans les cimetières, un mausolée témoigne de l'exécution d'otages à Valréas le 12 juin 1944, un carré rappelle à Allan la mort de résistants le 30 mars 1944.

Auteur(s) : Alain Coustaury
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.

Traces, plaques et stèles haut ▲

Le département de la Drôme est parsemé de traces rappelant les lieux d'affrontement, le souvenir d'un ou plusieurs Résistants tombés au combat ou exécutés, d'otages pris, déportés ou morts à la suite d'un sabotage, de civils tués lors de bombardements allemands ou alliés. Le lieu de vie, de cache, de personnalités politiques, littéraires est souvent marqué par une plaque discrète sur un mur d'habitation. Tous ces témoignages sont souvent ignorés car ils bénéficient rarement de cérémonies commémoratives ou tout simplement leur situation fait qu'ils sont peu visibles et n'attirent pas l'attention du passant et encore moins de celui qui voyage en voiture. Le risque est grand qu'avec les aléas de la construction, les intempéries, l'avancée des forêts, notamment dans le Vercors, des traces ne tombent dans l'oubli et disparaissent. Il en est qui, au contraire, profitent de manifestations commémoratives qui en assurent ainsi la pérennité.

Auteur(s) : Alain Coustaury

Lieux de culte haut ▲

Une approche de la mémoire de la Résistance drômoise peut être réalisée à partir de l'observation des plaques, stèles des églises et temples situés dans toutes les communes, voire les hameaux drômois. La recherche de ces traces permet également d'apercevoir celles laissées par la période de l'État de Vichy. Le bâtiment religieux est aussi un lieu de commémoration d'événements tragiques comme à Vassieux-en-Vercors. Les traces de la mémoire de 1939-1945 peuvent prendre des formes diverses comme la présence du symbole qu'est la croix de Lorraine, d'une statue de la vierge du 15 août 1944.

Il faut noter que la recherche de cette mémoire et sa pérennité est gênée par le fait que beaucoup d'églises et de temples sont, à présent, souvent fermés au public.

Auteur(s) : Alain Coustaury