Sociologie des résistants



Dans la Drôme, comme ailleurs, les résistants sont majoritairement des hommes, mais la présence des femmes est minimisée. Elles secondaient leurs maris, cachaient, soignaient, ravitaillaient et étaient agents de liaison. Mais elles n’ont pas sollicité une reconnaissance après la guerre.

L’âge moyen se situe autour de 30 ans, mais cette moyenne est plus basse (entre 22 et 29 ans) si l’on considère les compagnies combattantes. La proportion des jeunes augmente avec le refus du STO (Service du travail obligatoire). Les états-majors (souvent composés d’anciens militaires de l’armée d’armistice), les mouvements, les réseaux ont une moyenne d’âge plus élevée, comptant d’anciens militants politiques reconstituant leur parti comme le PCF.

Toutes les catégories sociales ont fourni des résistants. Néanmoins, les ouvriers, les employés (publics ou privés) constituent les catégories les plus importantes. On trouve aussi des agriculteurs, des enseignants, des étudiants, des gendarmes, des intellectuels, des médecins et autres personnels de santé, etc.

Les étrangers ont tenu une place non négligeable, notamment des Italiens et Espagnols, tous adversaires déterminés du fascisme et du nazisme.



                                         Sociology of Resistants

In Drôme, as elsewhere, the resistants are mostly men, but the presence of women is minimised. They are second to their husbands, and hide, care for, and supply liaisons to officers. But they have not sought recognition after the war.

The average age of resistant is around 30, but this average is lower when combatant groups are considered. The proportion of the youth increases when those who refused STO (Service du travail obligatoire) are included. Staffs, (often composed of former military armistice army), movements and networks often have a higher average age, counting former political activists who revived their parties, such as the PCF (Parti communiste français).

All social groups are strong. Nevertheless, workers, employees, (public or private), are the most important categories. There are also farmers, teachers, students, police, intellectuals, doctors, other healthcare personnel, etc...

Foreigners have a significant place, especially Italians and Spaniards, all determined opponents of fascism and Nazism.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s): Jean Sauvageon
Source(s):

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007. Cartes CVR, ONAC Drôme. Listes fournies par la Fédération des FFI ou les compagnies.

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Femmes dans la Résistance haut ▲

Les femmes ont été souvent oubliées dans la mémoire résistante pour des raisons socio-culturelles liées à la société existant lors de la Seconde Guerre mondiale et au statut de la femme dans cette société.

Dans la Drôme, Patrick Martin* a estimé à un peu plus de 600 le nombre de femmes résistantes. 250 d’entre elles ont effectué une demande de cartes CVR (Combattants volontaires de la Résistance). Or, les conditions d’attribution étaient surtout basées sur la forme de la Résistance armée mais c’est sous d’autres formes souvent que les femmes ont apporté leur contribution à la lutte.
Voici une liste non exhaustive des actions de Résistance des femmes dans la Drôme :
- aide à la désertion de soldats italiens ;
- cache des juifs, des réfractaires, des chefs de la Résistance (civils ou militaires), des détenus évadés continuant la lutte en France ou partant pour rejoindre la France libre, des aviateurs dont l'avion avait été abattu, récupérés souhaitant rejoindre l'Angleterre ;
- interprète auprès des parachutistes et autres soldats alliés ;
- participation aux manifestations patriotiques (14 juillet, 11 novembre) ;
- manifestations spontanées ou organisées contre les pénuries ou la politique de Vichy ;
- adhésion à un mouvement de Résistance, diffusion de la presse clandestine de ces mouvements, participation au NAP (Noyautage des administrations publiques) ;
- hébergement des réunions clandestines de la Résistance ;
- acheminement du courrier clandestin ;
- fabrication des faux papiers ;
- garde de documents divers (archives d'une compagnie, stockage de livres des éditions de Minuit, etc.) ;
- gestion des finances de la Résistance, répartition des fonds de secours aux familles des résistants arrêtés ou tués dans le cadre du Service social de la Résistance ;
- participation aux réseaux de renseignements d'espionnage des Allemands ;
- cache des postes radio en liaison avec Londres ou Alger ;
- déchiffrage radio ;
- réception des parachutages ;
- membre d'un groupe-franc, ou d'un maquis, combattantes les armes à la main pendant les combats, ou participant à la garde des prisonniers ;
- infirmières pour la Résistance ;
- agent de liaison, rôle des plus risqués.

Les femmes ont souvent agi dans l’ombre de leur mari, de leur fiancé, de leur père (parfois en opposition à lui) ou de leur frère. Elles assuraient la plupart du temps le triple fardeau des tâches ménagères, d’un travail à l’extérieur et d’une activité clandestine. Leur rôle qui a été considérablement amoindri a été fondamental, ne serait-ce que par le soutien que les Résistants, pour la plupart, recevaient, même si elle ne prenait pas une part plus active à la lutte contre l’occupant.

La famille a été souvent le premier cercle de relations pour participer à la Résistance. Les familles « résistantes » ont été nombreuses. Citons seulement quelques exemples, les familles Chancel de Saint-Donat, Planas d’Étoile, Maisonny de Bourg-lès-Valence, Hérold de Crest, Allègre ou Groullier de Montélimar, etc.

(*) Patrick Martin, La Résistance dans le département de la Drôme, 1940-1944, Paris IV Sorbonne, 2002, 520 p.

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Jeunes dans la Résistance haut ▲



On désigne souvent les résistants en disant « les jeunes ». En effet, près des deux tiers d’entre eux ont moins de 30 ans. Les plus âgés occupent souvent les postes de responsabilité. Mais ceux qui constituent l’essentiel des effectifs des maquis sont des jeunes.

Cette tendance se renforce surtout en 1943 et 1944 avec l’instauration du STO (Service du travail obligatoire). Ces mesures touchent les personnes nées entre le 1er janvier 1920 et le 31 décembre 1922. Ceux qui refusent de partir travailler en Allemagne, les « réfractaires », vont d’abord, souvent, se cacher dans les campagnes où ils apportent une main-d’œuvre bon marché. Les camps doivent alors s’organiser pour accueillir ces nouveaux jeunes.
Les résistants ont environ 30 ans de moyenne d’après les archives, mais dans les maquis, cette moyenne descend à 25 ans, voire moins.

Ils ont apporté dans la Résistance les qualités et les défauts de leur âge : intrépidité, enthousiasme, gaîté, insouciance et impatience parfois. Ils ont constitué la partie active des combattants.



                             Youth of the Resistance

Often referred to as "les jeunes", young people under thirty years old comprise nearly two-thirds of the Resistance movement. Older children often occupy positions of responsibility. But those who constitute the bulk of the manpower of the maquis are young.

This trend is reinforced in 1943 and 1944 with the introduction of the STO (Service du travail obligatoire). This affects those born between January 1, 1920 and December 31, 1922. Those who refuse to work in Germany, the "réfractaires", or draft dodgers, go first, often hiding in the countryside where they provide a cheap labor market. The sides then have to be organised to accommodate these new young people

. Resistants are about 30 years old on average according to records, but in the maquis, this average drops to 25 or less.

They bring to the Resistance the qualities and faults of their age: fearlessness, enthusiasm, gaiety, indifference, and sometimes impatience. They constitute the active portion of combattants.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.

Etrangers dans la Résistance haut ▲



Les étrangers sont nombreux à s’être engagés aux côtés des résistants français : Espagnols républicains fuyant le franquisme, Allemands, Autrichiens, Tchèques, Italiens antinazis ou antifascistes, souvent juifs, Arméniens considérés comme apatrides, etc. Les lois xénophobes qui les frappaient déjà avant la guerre se durcissent jusqu’à aboutir à leur internement dans des camps ou des GTE (Groupe de travailleurs étrangers). C’est ainsi qu’on a recensé quatorze nationalités différentes au 352e GTE de Crest. Beaucoup ont pu y échapper ou s’en évader pour rejoindre la Résistance sous des formes diverses. Leur apport technique, en matière d’armes, et politiques, de par la connaissance, l’expérience et la détermination acquises, a été précieux.




                                   Foreigners in the Resistance

Foreigners are likely to have been engaged in the French Resistance: Spanish Republicans fleeing the Franco regime, Germans, Austrians, Czechs, Italians, anti-Nazi fascists, often Jews, Armenians considered stateless, etc. Xenophobic laws that were in place even before the war led to hardened internment in caps or GTE (Groupe de travailleurs étrangers). Thus fourteen different nationalities have been identified in the 352nd Crest of GTE. Many are able to escape or join the Resistance in various forms. Their technical input in terms of weapons and policies through their knowledge and gained experience is valuable.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Robert Serre
Source(s) :

Dvd-rom, La Résistance dans la Drôme – le Vercors, édition AERI-AERD, 2007. Vincent Giraudier, Hervé Mauran, Jean Sauvageon, Robert Serre, Des indésirables, les camps d’internement et de travai

Intellectuels dans la Résistance haut ▲



Les intellectuels, écrivains, poètes, journalistes, musiciens, plasticiens… ont joué un rôle important dans la Résistance. Ils ont utilisé leurs armes habituelles, l’écriture, la peinture, etc. pour lutter contre l’idéologie nazie, le collaborationnisme.

Pour cela, ils ont créé, animé des revues clandestines (Confluences, Poésie 41, 42…, Fontaine, etc.) dans lesquelles ils publiaient des poèmes, des nouvelles entretenant un esprit de lutte, de résistance et assuraient la présence de la littérature française. Ils ont créé ou participé à des journaux clandestins apportant des informations contrant la propagande vichyste. Ils ont mis en place, comme Aragon, des réseaux d’écrivains, de juristes, de médecins, d’enseignants.

D’autres, tout en continuant leur œuvre d’écrivains ont aussi participé à la lutte armée tels Jean Prévost ou René Char.

La Drôme a été un des départements d’accueil des intellectuels menacés par le nazisme et le gouvernement de Vichy, notamment à Dieulefit, Mirmande ou Saint-Donat-sur-l’Herbasse.



                                                Intellectuels in the Resistance

Intellectuels, writers, poets, journalists, musicians, and visual artists play an important role in the Resistance. They use their usual weapons, writing, painting, etc...to fight against the Nazi ideology and collaborationism.

To that end, they create and host clandestine journaux (Confluences, Poésie 41, 42...Fontaine, etc.) in which they publish poems and short stories that maintain a spirit of struggle and resistance, and ensure the presence of French literature. They create or participate in underground newspapers providing information against the Vichy propaganda. They put in place, like Aragon, networks of writers, lawyers, doctors, and teachers.

Others, while continuing their work as writers, also participate in the armed struggle, such as Jean Prévost and René Char.

Drôme was one of the districts that hosts intellectuels threatened by the Nazis and the Vichy government, including in Dieulefit, Mirmande, and Saint-Donat-sur-l'Herbasse.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Religion et Résistance haut ▲



Le département de la Drôme est à majorité catholique, mais certaines régions centrales ont une forte minorité protestante (région de Crest, Loriol, Saillans, Die), voire une majorité (région de Bourdeaux et Dieulefit).

Les catholiques respectueux du pouvoir établi, de la hiérarchie ecclésiale qui cautionne dans son ensemble le gouvernement de Vichy doivent se libérer de cette emprise pour entrer en Résistance. Monseigneur Pic, évêque de Valence, a largement soutenu le régime, même si on l’a vu défiler à la Libération avec les autorités issues de la Résistance.

Les protestants, moins tributaires de la hiérarchie, sont plus libres dans leurs décisions et rejoignent plus facilement la Résistance. Ils sont héritiers de leurs ancêtres drômois qui ont combattu pour obtenir le droit de pratiquer leur religion. De plus la Fédération protestante de France est présidée par Marc Boegner, ancien pasteur d’Aouste-sur-Sye, qui n’est pas favorable aux mesures prises par Vichy.

Mais ce serait simplifier que de s’en tenir à ce constat. Des protestants comme Yvonne Oddon, Marguerite Soubeyran, Jeanne Barnier, Gaston Vincent ("Azur"), Charles Chapoutat ou René Courtin se sont engagés du côté de la Résistance. A contrario, René Gillouin est un intime du Maréchal. Chez les catholiques, si une proportion importante a collaboré, Brentrup, la famille Lémonon-Chancel ou les abbés Magnet, Chalamet, Lémonon, ont participé de différentes manières à la lutte des Résistants. Ce ne sont que des exemples.



                                                    Religion and Resistance

The district of Drôme is predominantly Catholic, though some central regions have a strong Protestant minority (such as the regions of Crest, Loriol, Saillons, and Die), and sometimes even a Protestant majority, (such as in the Bordeaux region and Dieulefit).

Catholics, who are respectful of established authority and the ecclesiastical hierarchy that endorses the whole Vichy government, have to free themselves of their right to enter the Resistance. Bishop Pic, of Valencia, largely supports the Vichy regime, even if at the Libération he is seen with the authorities of the Résistance.

Protestants, less dependant on the hierarchy, are freer in their decisions and more easily able to join the Resistance. They are heirs of ancestors in Drôme who fought for the right to practice their religion. Moreover, the Protestant Federation of France is led by Marc Boegner, former pastor of Aouste-sur-Sye, which is not conducive to the actions of Vichy.

But it would be easier to hold onto this finding. Protestants such as Yvonne Oddon, Marguerite Soubeyran; Jeanne Barnier, Gaston Vincent ("Azur"), Charles Chapoutat and René Courtin pledge towards the Resistance. On the contrary, René Gillouin was a friend of Maréchal. Among Catholics, though a significant proportion collaborate, Brentrup, the Lémonon-Chancel family and the Magnet, Chalamet and Lémenon abbots participate in various ways to fight for the Resistance. These are only some examples.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Quelques figures de la Résistance drômoise haut ▲



Des drômois se sont particulièrement investis dans les actions de la Résistance à l’occupant et dans leur lutte contre le gouvernent de Vichy et toutes ses organisations. La lutte armée n’a pas été le seul moyen de manifester leur opposition qui a pris des formes très diverses, cache de personnes poursuivies, persécutées, fabrication de faux papiers, « boîtes aux lettres », transmission de messages, transport, d’armes, de ravitaillement pour les maquis, interception ou non application de directives, etc.

Nous donnerons ainsi les biographies, les parcours de quelques drômois dont les activités, souvent très discrètes, ont contribué à créer les conditions amenant à la libération.

                                     Some Individual Figures of the Drômoise Resistance

The Drômois are particularly invested in the actions of the Resistance towards the occupant, in their fight against Vichy, and in all their organisations. Armed struggle was not the only way to show their opposition, which took many diverse forms: hiding those being prosecuted and persecuted, manufacture of false documents, "mailboxes", transmission of messages, transport, weapons, supplies for the guerrillas, interception or non-application of guidelines, etc.

Thus we will give the biographies and the routes of some Drômois whose activities, which were often very discreet, helped create the conditions leading to the Liberation.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s) : Jean Sauvageon

Drômois ayant des responsabilités hors du département haut ▲



On ne peut négliger de parler des Drômois engagés dans la Résistance hors de leur département d’origine.

Certains ont joué un rôle important dans des instances dirigeantes, auprès de De Gaulle et du BCRA (Bureau central de renseignement et d'action), dans des organismes de la France libre ou dans la Résistance intérieure.

Le réseau du Musée de l’Homme, à Paris, a été une des toutes premières tentatives de constitution d’un mouvement de Résistance autour de la bibliothécaire Yvonne Oddon sont la famille habite le Diois, dans la Drôme. Bruno Larat, de Romans-sur-Isère, chef du Centre d’opérations de parachutages et d’atterrissages (COPA) a été arrêté, le 21 juin 1943, avec Jean Moulin, à la réunion de Caluire. Denise Marin, de Valdrôme, faisait partie du même réseau Action et a été arrêtée le lendemain.

Nous en présentons quelques exemples.

 

 

   

 

                  Responsibilities outside Drôme

One can not neglect to mention those Drômois involved in the Resistance outside their district of origin.

Some play an important role in governing bodies, from De Gaulle and the BCRA, (Bureau central de renseignements et d'action), as well as organisations for a free France and the internal Resistance.

The network of the Musée de l'Homme in Paris is one of the earliest attempts to form a resistance movement around the librarian Yvonne Oddon, the Diois family, who lived in Drôme. Bruno Larat, of Romans-sur-Isère, chief of Operations Center airdrops and landings, (COPA), is arrested on June 21, 1943, at a reunion meeting of Caluire. Denise Marin, of Valdrôme is part of the Action network and is arrested the next day.

We present some examples.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Robert Serre et Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme – le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.