La Libération de Paris (24-26 août 1944)

Depuis décembre 1943, le général Leclerc, chef de la 2e Division blindée, nommé gouverneur militaire de Paris par intérim, a reçu du général de Gaulle l'ordre de libérer la capitale. Eisenhower, commandant en chef des forces alliées débarquées en Normandie, a donné des ordres pour contourner la capitale, craignant les difficultés logistiques. L'insurrection parisienne, les demandes d'aide de Rol-Tanguy, l'insistance de Leclerc et l'intervention du général de Gaulle auprès d'Eisenhower, le 20 août, convainquent ce dernier d'envoyer sur Paris la 2e DB de Leclerc et la 4e division d'infanterie américaine.

Le 24 août au soir, Leclerc donne l’ordre au capitaine Dronne de gagner Paris pour annoncer l’arrivée de la division tout entière le lendemain, vendredi. Dronne et sa 9e compagnie du 3e régiment de marche du Tchad (la Nueve) atteignent l’Hôtel de Ville vers 21h30. 

Le vendredi 25 août, la Division Leclerc entre dans Paris. Le groupement Billotte suit l’itinéraire de Dronne et se dirige directement sur la préfecture avec l’ordre d’intervenir aussitôt sur les Tuileries, la Concorde et l’hôtel Meurice. Le groupement Dio met en route deux colonnes : Noiret passe par les boulevards extérieurs pour se rabattre sur le Champ-de-Mars. Rouvillois, qui s’assure au passage des ponts principaux, converge par les Invalides vers le palais Bourbon et le quai d’Orsay. Le groupement Langlade atteint l’avenue Victor Hugo en début d’après-midi et l’action principale se porte sur l’hôtel Majestic, avenue Kléber. Puis les chars de Langlade descendent les Champs-Élysées et font la jonction avec ceux de Billotte qui les remontent après avoir nettoyé la place de la Concorde. Avec son escadron de protection, suivi du groupement Dio prêt à intervenir, le général Leclerc s’est réservé la porte d’Orléans et la gare Montparnasse. 

Pendant ce temps, la 4e division américaine (4e DIUS), aux ordres du général Barton, entre dans Paris par la porte d’Italie et libère l’Est de la ville selon une ligne porte d’Italie - place de la Bastille et au-delà.
A 15h, après de rapides et violents combats dans le secteur Concorde-Tuileries, les blindés du groupe tactique Billotte et les FFI prennent l’hôtel Meurice, siège du quartier général du commandant du Gross-Paris et capturent Von Choltitz. A 15 h 30, le général Leclerc, commandant les forces françaises de Paris, reçoit la reddition de Choltitz dans la salle de billard de la préfecture de police. A 16 h15, à la gare Montparnasse, Choltitz signe l’ordre de reddition des points d’appui.

A 16 h 30, de Gaulle arrive à la gare Montparnasse où il est accueilli par Leclerc qui lui remet l’acte de capitulation de Von Choltitz. A 19h, le Général se rend à l'Hôtel de Ville où il prononce son discours devenu célèbre.


Le 26 août, les Parisiens acclament le général de Gaulle sur les Champs-Elysées comme leur libérateur et le chef légitime de la République depuis son appel du 18 juin 1940. Paris, artisan de sa libération, communie dans une même liesse. Mais les Allemands tentent une ultime contre-attaque sur la capitale. Le 26 août au soir, Paris est sévèrement bombardé alors que la 47e division d'infanterie allemande lance sa contre- offensive au Bourget, repoussée par la 2e DB. 

Source(s):

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

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L'arrivée de la colonne Dronne (24 août 1944) haut ▲

Le 24 août au soir, Leclerc piétine d’impatience au carrefour de la Croix-de-Berny et donne l’ordre au capitaine Dronne de gagner Paris pour annoncer l’arrivée de la division le lendemain, vendredi. Le capitaine Dronne a sous ses ordres un peloton de chars moyens réduit à trois unités (le Montmirail, le Romilly, et le Champaubert), deux sections d’infanterie portées par 10 half-tracks, dont les noms rappellent la guerre civile espagnole (Guadalajara, Guernica) et une section de génie. Les Républicains espagnols sont la composante principale de la 9e compagnie du 3/RMT, dite La Nueve. Aidée dans sa progression par des FFI, la colonne se glisse à travers Fresnes, L’Haÿ-lesRoses, Bagneux, Cachan, Arcueil et passe au large du fort de Bicêtre. Dronne atteint la porte d’Italie à 20h45. Ses blindés remontent l’avenue d’Italie puis descendent le boulevard de l’Hôpital, soulevant au passage des cris de joie, et atteignent l’Hôtel de Ville à 21 h22. Georges Bidault, en train de dîner, se lève et crie: “les premiers chars de l’armée française franchissent la Seine au cœur de Paris”. Au milieu des ovations et des accents de la Marseillaise, Dronne est reçu par les états-majors du CNR et du CPL. Depuis la veille, les Parisiens sont informés par les journaux de l’avancée de la 2e DB. Au studio d’essai de la rue de Grenelle, Pierre Schaeffer fait aussitôt connaître la nouvelle aux Parisiens et demande aux curés de faire sonner les cloches de toutes les églises. La 2e DB, qui veille quelques kilomètres au sud, apprend ainsi que Dronne a rempli sa mission.

Source(s) :

Christine Levisse-Touzé et Vladimir Trouplin, Paris, Compagnon de la Libération, Comité d’histoire de la Ville de Paris, 2010

La 4e DIUS à Paris (25 août 1944) haut ▲

Le 23 août, à une heure du matin, devant la situation périlleuse à Paris, Gerow, commandant le 5e corps d'armée américain dont dépendent la 4e DIUS et la 2e DB donne comme base d’ordre le « 5e corps avancera sans attendre sur Paris par deux routes, prendra la relève des FFI à Paris, s’emparera des ponts au sud de la ville et établira une tête de pont au sud-est de Paris ». 
La 4e DIUS s'est regroupée au sud de Paris, sur la rive gauche de la Seine. Pour lui faire honneur, Barton a désigné le 12e régiment d'infanterie US, très durement éprouvé en Normandie, pour entrer le premier dans Paris, escorté par le 102e groupe de cavalerie. Parti d'Arpajon, le 12e RI, guidé par les FFI, entre dans Paris par la Porte d'Italie et atteint Notre-Dame vers midi. Le reste de la 4e DI investit les gares de Lyon et d'Austerlitz, puis oblique vers l'Est, en direction de Vincennes.

Source(s) :

Christine Lévisse-Touzé in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.
Jean-François Muracciole, La libération de Paris, Tallandier, 2014.

Les combats du 25 août haut ▲

Le 25 août 1944, à 8h30, le groupe tactique Billotte arrive à la Préfecture de Police. Billotte, après des discussions avec Ely, Chaban-Delmas et Parodi, rédige un ultimatum à Von Choltitz, commandant de Paris pour le Reich. Choltitz le refuse. Suivi du groupement Dio prêt à intervenir, le général Leclerc s'est réservé avec son escadron de protection la porte d'Orléans et la gare Montparnasse où il établit son PC à 10h.
Le groupement Dio met en route deux colonnes : Noiret passe par les boulevards extérieurs pour se rabattre sur le Champ de Mars ; Rouvillois, s'assurant au passage des ponts principaux, converge par les Invalides vers le Palais Bourbon et le quai d'Orsay. Le Central téléphonique de la rue des Archives contrôlant les communications téléphoniques à distance est attaqué par les FFI  avec les renforts apportés par les hommes du capitaine Dronne. A 12h30, pour la première fois depuis juin 1940, le drapeau tricolore flotte sur la Tour Eiffel.

A 13h, Warabiot et ses hommes de la 2e DB, stationnés au Châtelet, reçoivent l’ordre de Billotte d’attaquer la Kommandantur, située place de l'Opéra. Le Sénat, dans les Jardins du Luxembourg, où sont retranchés environ 600 soldats allemands dont quelques troupes SS bien décidées, est attaqué vers 14 heures par les FFI (sous les ordres du colonel Fabien), la 2e DB (un détachement du lieutenant colonel Putz et l'escadron de protection du général Leclerc aux ordres du capitaine de Boissieu) et quelques éléments américains. 

Le groupement Langlade atteint en début d'après-midi l'avenue Victor-Hugo, l'action principale est portée sur l'avenue Kléber. Ses hommes font la jonction avec ceux de Billotte à la Concorde.
A 14h30, le groupe tactique Langlade obtient la reddition des Allemands du Majestic, ancien siège du Militarbefehlshaber in Frankreich, le commandement en chef pour la France.
Les Allemands de la Kommandantur fixent le drapeau blanc sur le balcon vers 15h. Une douzaine d’officiers et 250 hommes se rendent aux soldats de Leclerc renforcés des FFI.
A 15h, après de rapides et violents combats dans le secteur Concorde-Tuileries, les blindés du groupe tactique Billotte et les FFI prennent l’hôtel Meurice, siège du quartier général du commandant du Gross-Paris et capturent Von Choltitz.

Auteur(s) : Département AERI

Les services de santé dans la libération de Paris haut ▲

L'une des premières missions du Service de Santé de la Résistance est de se préparer à prendre en charge le travail sanitaire selon les circonstances de la Libération. Effectivement, dès le début de l'insurrection parisienne, le service de santé des FFI se révèle au grand jour. Mais parallèlement, les initiatives, plus ou moins improvisées, se multiplient au gré de la localisation et des circonstances des combats dans la capitale. Dans le Quartier latin, par exemple, une "école de secourisme" a été constituée dès le début de 1944. Elle a formé au fil des mois quelques centaines d'étudiants des diverses facultés qui contribuent à la relève et au transport des blessés, sous l'égide d'étudiants en médecine.

Auteur(s) : Bénédicte Vergez-Chaignon
Source(s) :

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

La reddition de Von Choltitz haut ▲

À 10 heures, le colonel Billotte envoie un ultimatum au commandant du Gross Paris par l’intermédiaire du consulat de Suède. Faute de réponse, à midi, il décide d’attaquer son QG de l’hôtel Meurice. Von Choltitz capitule. Les lieutenants Karcher et Franjoux et le commandant de La Horie l’emmènent avec ses officiers à la Préfecture de Police où Leclerc et Chaban les attendent. Introduit dans la salle de billard, Von Choltitz s’assure qu’il est en présence de troupes régulières. Il prend connaissance des termes de la reddition avant de signer, en présence de Chaban, de Rol-Tanguy, de Luizet et de Kriegel-Valrimont, la convention que lui tend le général Leclerc. La capitulation signée, encore faut-il la rendre effective. Von Choltitz est transporté, dans le scout-car du général Leclerc, à la gare Montparnasse. Les officiers de son état-major suivent péniblement dans un camion des FFI, hués par la foule massée le long du trajet. Von Choltitz signe une vingtaine d’ordres de “cessez-le-feu” destinés aux autres points d’appui allemands. La question militaire est réglée. À la demande de Kriegel-Valrimont et sur l’insistance de Chaban, Leclerc accepte que Rol-Tanguy, qui a pris une large part aux combats en tant que chef des FFI, signe une des ampliations de la convention de reddition. Des missions mixtes partent alors de Montparnasse : un officier allemand accompagné d’un officier français porte, à chaque réduit, l’ordre signé de Von Choltitz de rendre les armes et de se constituer prisonnier. 

Source(s) :

Christine Levisse-Touzé et Vladimir Trouplin, Paris, Compagnon de la Libération, Comité d’histoire de la Ville de Paris, 2010

Le général de Gaulle à Paris haut ▲

Il est un peu moins de 17 heures le 25 août lorsque Leclerc accueille, avec le colonel Rol-Tanguy, le général de Gaulle à la gare Montparnasse. De Gaulle se rend au ministère de la Guerre, qu’il avait quitté en 1940, rue Saint-Dominique, accompagné d’André Le Troquer, commissaire pour les territoires libérés, et du général Juin, chef d’état-major de la Défense nationale. 

Deux heures plus tard, après être passé par la Préfecture de Police, il se rend à pied à l'Hôtel de Ville, où la foule n'a cessé de grandir. Là, il est reçu solennellement par Georges Bidault, chef du CNR qui évoque dans son allocution la mémoire de son fondateur Jean Moulin, et par Georges Marrane qui représente le Comité parisien de Libération. C'est en réponse à cet accueil chaleureux que de Gaulle prononce son discours devenu célèbre, dont il dit dans ses Mémoires qu'il fut "improvisé". 

A 20 h, l’ensemble des îlots de résistance allemands dans Paris se sont rendus. En revanche, à Vincennes, Champigny, Saint-Denis, Joinville, les garnisons allemandes refusent de se rendre. Les pertes causées par la bataille de Paris sont pour la 2e D.B. de 76 tués et de 200 blessés ; pour les FFI de 901 tués, de 1 455 blessés et de 233 capturés ; pour les Allemands de 3 200 tués et de 12 800 prisonniers.

Auteur(s) : Département AERI
Source(s) :

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

La descente des Champs-Elysées (26 août 1944) haut ▲

En dépit de la pression ennemie au nord de Paris, où la 47e division allemande contre-attaque au Bourget et des ordres de Gerow prescrivant à la 2e DB de la déloger, de Gaulle conserve Leclerc auprès de lui. Juste récompense ou par mesure de sécurité ? Luizet a signalé quelques incidents imputables à des tireurs isolés. Seul le sous-groupement de Roumiantzoff se porte au nord, aidé des fractions des FFI.

Pendant le défilé, trois groupements de la 2e DB se tiennent en alerte à l'Arc de triomphe, au Rond-Point des Champs-Elysées et devant Notre-Dame. Leclerc marchant derrière le général de Gaulle, reste en communication constante avec ses divers éléments. Vers quinze heures, au milieu de la liesse populaire, De Gaulle descend les Champs Elysées, accompagné des membres du gouvernement, du CNR, du CPL, des préfets, des officiers généraux FFL ou FFI Place de la Concorde, De Gaulle monte dans une voiture avec Parodi, s'arrête à l'Hôtel de Ville, puis se rend à Notre-Dame, interdite au cardinal Suhard, trop soumis au gouvernement de Vichy. L'arrivée à la cathédrale est perturbée par une fusillade. Le Général entonne le Magnificat. Le défilé a été émaillé de tirs sporadiques, de miliciens et d'Allemands.

Auteur(s) : Christine Levisse-Touzé
Source(s) :

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Le bombardement de Paris par les Allemands haut ▲

Le soir même du défilé, la Luftwaffe mène une action d’envergure. Environ 150 appareils de la 3e Flotte aérienne allemande bombardent Paris. Un témoin relate l’horreur : “Les sirènes hurlent : l’ennemi revient une dernière fois semer la mort. De nombreux quartiers sont touchés, les 4e, 5e , 13e et 18e arrondissements (huit infirmières tuées à l’hôpital Bichat), Saint-Denis, Saint-Ouen, Ivry, Vitry, etc. Le dernier bilan connu donne: 189 morts, 890 blessés, 372 immeubles détruits et 395 endommagés”. 

Source(s) :

Christine Levisse-Touzé et Vladimir Trouplin, Paris, Compagnon de la Libération, Comité d’histoire de la Ville de Paris, 2010

Le défilé des troupes américaines (29 août 1944) haut ▲

La 4e division nettoie du 25 au 29 août la partie est de Paris, se regroupe dans le bois de Vincennes et repart non sans avoir paradé le 29. Sa parade d’une troupe de victoire est celle d’une troupe qui s’en va au combat. La 28e division d’infanterie du général Norman V. Cotta et un autre groupe mélangé d’unités tueuses de tanks, et d’artillerie, sous les ordres du colonel Jim Dan Hill, sont des éléments de chocs de la parade.

Auteur(s) : Christine Levisse-Touzé