"La délégation militaire"

À la suite de l'arrestation du chef de l'Armée secrète, le général Delestraint, le 9 juin 1943 à Paris, les responsables du BCRA décidèrent de revenir sur l'organisation centralisée et pyramidale de l'action militaire que Delestraint avait commencé à mettre en place, et de s'engager dans une voie nouvelle, celle de la décentralisation. Douze régions militaires autonomes furent créées et placées sous la responsabilité de Délégués militaires régionaux (DMR). Selon le projet du BCRA, les DMR ne devaient pas exercer de fonctions de commandement mais être plutôt des conseillers techniques, de façon à ne pas heurter les chefs des organisations locales de résistance. 

Le 10 mars 1944, le général de Gaulle créa officiellement la fonction de Délégué militaire national et y nomma le colonel Ely. À son arrivée en France, celui-ci constata son défaut d'information et les compétences du DMN par intérim, Jacques Delmas (Chaban). Il décida de s'effacer derrière ce dernier et de n'être que son second, le colonel Rondenay étant Délégué militaire pour la zone Nord et le colonel Bourgès-Maunoury étant Délégué militaire pour la zone Sud. C'est avec Chaban, et sous l'égide du nouveau Délégué général Alexandre Parodi, que la Délégation militaire trouva son organisation définitive. Le DMN s'intégra purement et simplement à la Délégation générale, et avec lui le lien avec les DMZ, les DMR et les DMD (délégués militaires départementaux). L'ensemble du dispositif était placé sous les ordres du général Koenig nommé le 28 mars délégué militaire du CFLN pour le théâtre d'opérations nord, c'est-à-dire, entre autres, commandant en chef des FFI.

Le 1er juin 1944, la BBC entreprit de diffuser les messages par lesquels tous les plans de sabotage et de lutte armée devaient être mis en œuvre dans les douze régions militaires et par tous les réseaux sous contrôle britannique. La réponse de la France résistante fut alors remarquable par son étendue et par ses résultats. À la fin du mois de juin cependant, compte tenu de l'ampleur des représailles exercées par les nazis et du piétinement des armées alliées en Normandie, le général Koenig décida de reporter le déclenchement de l'insurrection nationale. Il appartint au DMN Chaban, soutenu par Parodi, d'imposer cette décision au COMAC. Par ailleurs, dans l'effervescence militaire de juin-juillet-août 1944, le DMN, les DMZ et les DMR eurent fort à faire pour maintenir un semblant de coordination dans l'action paramilitaire, et ce alors que les volontaires affluaient dans les maquis et que l'EMFFI du général Koenig prenait la décision de décentraliser encore plus les actions de guérilla (envoi des jedburghs et recours aux SAS).

A la veille de l'insurrection parisienne, l'organigramme de la Délégation militaire en Ile-de-France était le suivant :
Déléguré militaire de zone Nord et de la région P : André Rondenay
Délégué militaire de la région P1 : Pierre Sonneville
Délégués militaires départementaux : Gérard Gaussen (Cosinus) pour la Seine-et-Oise Nord ; Ségur (Duroc) pour la Seine-et-Oise Sud et Henri Bouteiller pour la Seine-et-Marne.

Il restait à la Délégation militaire à apporter sa pierre à la libération de Paris. Conforté par un voyage à Londres début août 1944, le DMN Jacques Chaban-Delmas s'efforça, avec Alexandre Parodi, de retarder le plus possible le déclenchement de l'insurrection parisienne. Le 19 août, la décision finit par échapper aux deux hommes. Le 20, avec Léo Hamon et le colonel Ély, et sous l'égide du consul général de Suède Raoul Nordling, le DMN négocia une trêve avec les Allemands. Le 22, soucieux comme Parodi de préserver l'unité de la Résistance, il cautionna la rupture de la trêve. Le 24 au soir, à la Préfecture de Police, en compagnie de Parodi, des principaux membres de la Délégation générale ainsi que du nouveau préfet Luizet, il accueillit l'avant-garde de la 2e DB en la personne du capitaine Dronne. Le 25 août en début d'après-midi, au côté du général Leclerc, il reçut la reddition du général von Choltiz. Dans l'intervalle, le 22 août, le général Koenig avait été nommé gouverneur militaire de Paris.


Source(s) :

Guillaume Piketty in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

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