"La formation des maquis de juin 1944 en Provence"

Le débarquement de Normandie du 6 juin 1944 est accompagné, dès le début du mois, par des messages de mobilisation générale de la Résistance, émis vers l’ensemble du pays. En Provence, ils sont relayés par les organisations clandestines qui pensent très proche un débarquement sur les côtes méditerranéennes.

Le 1er juin, dans la soirée, le message d’alerte générale « Le gendarme dort d’un œil », passe sur les antennes de la BBC. Dès le lendemain, le capitaine Lécuyer, Sapin, de l’ORA, envoie des émissaires vers tous les échelons départementaux. Il accueille les messages de confirmation de l’opération, quelques jours après, avec un « énorme soupir de soulagement ». Il se souvient, dans ses mémoires, que « le 5 juin, au soir, parmi les 210 messages passés par la BBC figurait nos quatre messages d’exécution ». Les résistants savent qu’il faut saboter les moyens de transport (« Plan vert »), les télécommunications (« Plan Violet »), les dépôts de carburants (« Plan Tortue »). Le fameux « Méfiez-vous du toréador » appelle au déclenchement du « Plan rouge » d’une guérilla généralisée.

La plupart des organisations et formations armées de la Résistance prônent une action immédiate d’envergure dans le Midi. Le 6 juin, l’« ordre du jour » du haut commandement FTPF de la zone Sud – amplement relayé - appelle à l’insurrection nationale et à assurer la libération de larges fractions du territoire national partout où le rapport de forces le permet. À 17 heures, c’est le général de Gaulle lui même, qui, depuis Londres, exhorte les Français à participer à la « Bataille suprême »: « Pour les fils de France, où qu’ils soient, quels qu’ils soient, le devoir simple et sacré est de combattre par tous les moyens dont ils disposent. Il s’agit de détruire l’ennemi qui écrase et souille la patrie, l’ennemi détesté, l’ennemi déshonoré ».

L’état-major régional FFI a prévu un « plan d’opérations » qui organise la région en plusieurs zones de maquis. De fait, on assiste alors, dans l’ensemble des départements provençaux, à une véritable « montée au maquis » qui s’étend bien au-delà de la Résistance organisée. Cette levée en masse bouscule les stratégies établies. Beaucoup plus étendue que prévu et difficile à canaliser, elle touche aussi des localités de la Provence intérieure, momentanément « libérées ».

Auteur(s) : Robert Mencherini
Source(s) :

Archives nationales 72 AJ 104, AIII 7 bis, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final (…) Affaire Catilina », Marseille, 6 juillet 1944, signé Dunker, SS Scharführer ;

Sapin (Jacques Lécuyer) et quelques autres, Méfiez-vous du toréador, Toulon, AGPM, 1987;

Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes de Haute-Provence, 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, Imprimerie Vial, 1983, réed. 1990 ; 

Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var, essai d’histoire politique, thèse de doctorat d’État, dir. Émile Temime, Université de Provence, Aix-en-Provence, 1989, 2 volumes, 919 p., annexes, 280 p. ;

Jean-Louis Panicacci, Les Alpes-Maritimes dans la guerre 1939-1945, Sayat, De Borée, 2013 ;

Robert Mencherini, Résistance et Occupation, 1940-1944, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.

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