"Reconstruire une presse républicaine"

Bien avant la libération du territoire, la Résistance affirme sa volonté de reconstruire une presse sur des bases économiques et déontologiques saines. En 1941, Léon Blum faisait le procès de la presse d'avant-guerre : « On ne peut évoquer sans honte le tableau de la grande presse en France pendant ces vingt dernières années, et l'on ne saurait disconvenir sans mauvaise foi que sa vénalité presque générale, traduite par une déchéance morale et par une déchéance technique, n'ait été un foyer d'infection pour le pays tout entier. »
La presse parue pendant l'Occupation est encore plus condamnée. Aussi le Comité général d'études de la Résistance élabore des directives qui façonnent les ordonnances prises par le Gouvernement provisoire de la République française relativement à la presse. L'ordonnance du 6 mai 1944 réaffirme la liberté de la presse. Les ordonnances des 22 et 26 août 1944 fixent les critères économiques, financiers et moraux que toute entreprise de presse doit respecter afin de garantir l'indépendance et transparence de la presse, et rompre avec les pratiques opaques d'avant-guerre. L'ordonnance du 30 septembre 1944 décrète la dissolution des titres ayant continué à paraître après le 25 juin 1940 pour la zone Nord et le 26 novembre 1942 pour la zone Sud.

La presse est donc un enjeu majeur pour la Résistance. Dans les combats pour la libération de Marseille, des groupes de résistants s'emparent des locaux des journaux vichystes. Il s'agit de mettre à la disposition de la presse de la Résistance des moyens matériels qui manquaient cruellement à la presse clandestine. Des socialistes menés par Francis Leenhardt prennent possession des locaux du Petit Provençal le 22 août 1944 et font paraître, dès le 23, Le Provençal. Le Petit Marseillais disparaît au profit de La Marseillaise, organe du Front national pour la Libération de la France, et de Rouge-Midi, quotidien du Parti communiste. Deux autres quotidiens, Le Méridional (qui reflète le courant chrétien) et La France, paraissent ultérieurement, après avoir bataillé pour obtenir les autorisations nécessaires.

Les conditions de parution demeurent précaires. Malgré l'enthousiasme qui anime les journalistes et lecteurs de la Libération, les pénuries, en particulier de papier, limitent drastiquement le format des journaux.

Auteur(s) : Sylvie Orsoni
Source(s) :

Agence France-Presse, La renaissance de la presse à la Libération, BNF ;

Patrick Eveno, La presse en France depuis la Libération, La presse à la Une, BNF ;

Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-1947). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 4Paris, Syllepse, 2014 ;

1944, La Libération, exposition du Musée d'Histoire de Marseille, 2014.

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