"Mesures de surveillance et contrôle"



Le gouvernement de Vichy a l’obsession de l’ordre. Il renforce la police en la centralisant, en créant les préfets régionaux et les intendants de police. Il en gonfle considérablement les effectifs et met en place les Groupes mobiles de réserve (GMR). Des juridictions d’exception sont créées. Dès 1939, sous la IIIe République, puis sous l’État français, il est possible « d’interner administrativement des personnes non pour ce qu’elles ont fait mais pour le danger potentiel qu’elles représentent ». C’est ainsi que sont créés les camps d’internement de Loriol-sur-Drôme et Montélimar permettant d’interner les étrangers « indésirables » et les militants syndicalistes et communistes. Cet arsenal de surveillance est renforcé par la création de la Milice et soutenu par des collaborateurs qui n’hésitent pas à dénoncer, parfois anonymement, les personnes soupçonnées de se dérober au STO (Service du travail obligatoire), de participer à la Résistance ou de se livrer à des activités contraires aux lois et règlements comme le marché noir.

D’autre part, un contrôle tatillon des activités économiques est instauré avec toute une kyrielle d’inspecteurs, contrôleurs chargés de veiller à la bonne application des mesures de restriction, de prélèvement de produits destinés à l’occupant. Aux périodes de pointe, on renforce ces équipes par des temporaires, comme les instituteurs pendant l’été pour contrôler les battages des céréales.

Les imprimeries sont particulièrement surveillées et doivent prendre des dispositions pour pouvoir imprimer des tracts ou journaux pour la Résistance. Leurs publications officielles doivent être soumises au service de la censure.

D’autres mesures affectent les habitants dans leur vie quotidienne. C’est le couvre-feu dans les villes notamment interdisant de circuler la nuit si l’on n’est pas en possession d’un laissez-passer. C’est l’obligation d’occulter les lumières d’où la peinture bleue qui recouvre les vitrages des usines, ou la couverture des phares de voitures ne laissant qu’une petite ouverture (les « yeux de chat »). Les contrôles d’identité sont fréquents en ville, dans les transports en commun. Il est interdit d’écouter les radios étrangères (Londres, Moscou, Sottens), ceux qui le font, de plus en plus nombreux, en prenant des précautions, sont à la merci de dénonciations de voisins mal intentionnés.



                                     Measures of surveillance and control:

The Vichy government is obsessed with order. They reinforce the police force by centralizing, creating regional prefects and police stewards. They increase considerably in size and establish the Groupes mobiles de réserve (GMR). Special courts are created. By 1939 under the Third Republic, and then under the French state, it is possible for the administration "to detain people not just for what they did but also for the potential danger they represented". Thus internment camps are created in Loriol-sur-Drôme and Montélimar for "undesirable" foreigners, trade unionists, and communists. This arsenal of surveillance is strengthened by the creation of a militia supported by a staff who did not hesitate, sometimes anonymously, to denounce those suspected of evading the STO, (Service du travail obligatoire) to participate in the Resistance or engage in activities contrary to the laws and regulations, such as the black market.

In other units, a detailed check on economic activities is introduced with a whole host of inspectors and auditors responsible for ensuring the proper implementation of restrictive measures, including deducting products determined by the occupier. During peak periods, they strengthen these units temporarily; such as teachers who during the summer control the threshing of grain.

Printing is particularly monitored, and publishers have to take specific measures to be able to print leaflets or newspapers for the Resistance. Their official publications have to be submitted to the censorship service.

Other measures affect residents in their daily lives. There is a curfew in the cities, which includes the prohibition of driving at night without a pass. Residents have to conceal the lights in factories where there was blue paint that covered the windows, as well as the headlights of cars, leaving only a small opening (the "cat's eyes"). Identity checks are common in cities and in public transit. It is forbidden to listen to foreign radio stations, (such as from London, Moscow, or Sottens), and more and more, those who do are at the mercy of the malicious denunciation of neighbors.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

François Marcot (sous la direction de), Dictionnaire historique de la Résistance, éditions Robert Laffont.

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