"Bombardements alliés meurtriers"



Dans la Drôme, beaucoup de résistants et la population civile ont reproché aux Alliés de pratiquer des bombardements dévastateurs et souvent inutiles. Dans le même temps, l’absence de bombardements des installations allemandes, particulièrement de l’aérodrome de Valence – Chabeuil – La Trésorerie, au moment des combats du Vercors, a déclenché une vive polémique.

La Drôme ne possédait pas de grands complexes industriels qui pouvaient être une cible pour l'aviation alliée. Les bombardements visèrent essentiellement une gare de triage et surtout les ponts sur le Rhône et sur les voies de communication de la vallée du Rhône au moment du débarquement de Provence.

Les avions pratiquent plusieurs techniques de bombardement : le bombardement horizontal soit stratégique, soit tactique, le bombardement en piqué. Les bombardements les plus imprécis, donc aux dégâts collatéraux importants, sont ceux qui sont effectués par des vagues de bombardiers. Le bombardement en piqué, plus précis, est réalisé par des chasseurs-bombardiers.

Dans la Drôme, les bombardements s'inscrivent, essentiellement, dans les plans de l'opération Anvil/Dragoon de débarquement sur les côtes provençales. Plusieurs missions sont programmées : neutraliser l'aviation ennemie dans le sud de la France, encager le champ de bataille en coupant les lignes de communication allemandes. C'est l'opération Ducrot, le jour du débarquement.

La destruction de l'ensemble du système défensif adverse comporte plusieurs phases successives :
- Le 28 avril 1944, date considérée comme la première action aérienne, avec le raid de 488 bombardiers lourds sur Toulon. Ce sont des missions relevant de l'aviation stratégique.
- La deuxième phase présente un caractère d'opération d'interdiction avec des attaques sur le Rhône du jour J-10 jusqu'au moment du débarquement, c'est l'opération Nutweg.
 - Une troisième, au moment du débarquement, c'est l'opération Yokum : une énorme concentration de moyens, destinée à réduire dans les délais les plus courts la résistance allemande.  
- La quatrième, l'opération Ducrot, le jour du débarquement, missions d'intervention directe dans la bataille et interdiction sur les arrières de l'ennemi. L'ensemble des moyens aériens affectés à l'opération Anvil-Dragoon rassemble près de 2 000 avions répartis entre la Corse et la Sardaigne.

La presque totalité des bombardements a été réalisée par des unités de l'USAAF (United States Army Air Forces), alors que les attaques au sol sont états-uniennes et françaises. Le plan imposait l'interdiction des réseaux ferroviaire et routier donc des ponts sur le Rhône à Arles, Tarascon, Avignon, Pont-Saint-Esprit, Le Pouzin, La Voulte-sur-Rhône, Valence, Pont-de-l'Isère, Saint-Vallier-sur-Rhône, des ponts sur la Drôme à Livron, Crest et à Luc-en-Diois, ponts sur l'Isère à Romans, sur le Roubion à Montélimar. La planification des opérations aériennes ne prenait pas en compte des éléments comme le Vercors qui n'entrait pas directement dans les opérations concernant le débarquement de Provence.

La mémoire collective a retenu l'imprécision des bombardements, leurs conséquences dramatiques, l'absence de soutien à la Résistance du Vercors. C'est une vision stratégique des opérations aériennes qui alimente un ressentiment profond, surtout vis-à-vis de l'USAAF. La comparaison entre la destruction du pont de Livron par les FFI (Forces françaises de l’intérieur), efficace, sans pertes humaines, et, par exemple, le bombardement de Saint-Vallier qui a détruit tout un quartier sans atteindre les objectifs stratégiques (pont routier et pont ferroviaire) et causant près de 100 morts, montre qu'il y avait d'autres moyens d'enrayer la retraite de l'ennemi.



                                     Bloody Allied Bombings

In Drôme, many resistance fighters and civilians have criticized the practice of Allied bombings as devastating and often unnecessary. At the same time, the absence of bombings on the German facilities, particularly in the aerodrome de Valence – Chabeuil – La Trésorerie during the fighting in Vercors sparked a lively debate.

Drôme had no large industrial complexes which could be a target for Allied aircrafts. The bombings were essentially aimed at a yard, especially at bridges over the Rhône and the communication channels of the Rhône valley during the landing in Provence.

Aircraft bombing practices several techniques: the horizontal is strategic and dive-bombing is tactical. The most imprecise bombings are those made by waves of bombers, and so cause significant collateral damage. The more accurate dive-bombing is carried out by fighter-bombers.

In Drôme, the bombings are essentially part of the pans for Operation Anvil/Lagoon landing on the coast of Provence. Several missions are planned: to neutralize the enemy air force in southern France, caging the battlefield by cutting German lines of communication. This is Operation Ducrot, the D-Day.

The destruction of the entire system has several opposing defensive phases:

-April 28, 1944, considered the first air action, with 488 heavy bombers raiding on Toulon. These are tasks covered by strategic aviation.

-The second phase has a character of interdiction operation with attacks on the Rhône-Day-10 until the landing is the Operation Nutweg.

-A third, the landing, Operation Yokum: an enormous concentration of resources intended to reduce the German resistance in the shortest time.

-Fourth, Operation Ducrot, the day of landing missions of direct intervention in the battle and a ban on the rear of the enemy. All air assets of nearly 2,000 airplanes are deployed in Operation Anvil-Dragoon between Corsica and Sardinia.

Almost all of the bombing was carried by units of the USAAF, (United States Army Air Forces), while ground attacks were American and French. The plan imposed a ban on rail and road bridges in Rhône at Arles, Tarascon, Avignon, Pont Saint Esprit, Pouzin Voulte-sur-Rhône, Valencia, Pont-de-Isère, Saint-Vallier-sur-Rhône, bridges on the Livron, Crest, in Drôme, and Luc-en-Diois bridges over the Isère in Romans, from Roubion to Montélimar. Planning of air operations did not take into account things like the fact that Vercors was not directly in operations in the landing in Provence.

Collective memory has retained the imprecision of the bombing, its tragic consequences, and the lack of support for the Resistance in Vercors. These are strategic air operations, which feed deep resentment, especially vis-à-vis the USAAF, (United States Army Air Forces). The comparison between the destruction of the Livron bridge by the FFI, (Forces françaises de l'intérieur), which was effective and without casualties, and, for example the bombing of Saint-Vallier, which destroyed an entire neighborhood without achieving the strategic objectives, (road bridge and railway bridge), as well as causing nearly 100 deaths, shows that there were other ways to achieve the halt and retreat of the enemy.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Alain Coustaury

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