"Liaisons"



En matière d’organisation clandestine, la première structure qui s’impose est le service des liaisons chargé de transmettre, du sommet à la base de la pyramide, et inversement, instructions, consignes d’action, renseignements et comptes-rendus.

Que l'on appartienne ou non aux services de renseignement, organiser et faire vivre un service de liaison implique de créer et d'entretenir une véritable trame composée d'agents tenus, plus peut-être que tous autres, à une absolue discrétion quoi qu'il advienne. L'essentiel pour une organisation clandestine réside dans le cloisonnement obtenu, par exemple, en utilisant le système triangulaire des FTP (Francs-Tireurs et partisans). Le dirigeant ne doit jamais être connu des échelons subalternes, il ne peut donc communiquer que par intermédiaires : cloisonnement vertical. À chaque stade de l'organisation, doivent être établies des discontinuités afin qu'en cas d'arrestation, de noyautage par agents de l'ennemi, de défaillance, les dégâts soient rigoureusement limités. Pour assurer la marche de l'ensemble, les discontinuités ne peuvent être effacées que par les moyens de liaisons.

Les agents de liaison sont recrutés généralement parmi les jeunes résistants et les femmes. S'efforçant de passer inaperçus, ils vont parcourir chaque jour des kilomètres à pied, à bicyclette, et par les transports publics. Dans la ville, ils connaissent chaque rue, chaque ruelle, chaque passage dissimulé. Courant d'un lieu à un autre, transmettant messages verbaux, plis portant instructions brèves ou rendez-vous. Très vite, ces derniers sont codés, et la tolérance de retard lors des rendez-vous ne va pas excéder le quart d'heure. L'auxiliaire de l'agent de liaison est la boîte aux lettres, elle est dite "vivante" sous forme d'un sympathisant tenant une boutique, un atelier d'aspect anodin. La boîte vivante reçoit et transmet le message verbal ou le pli à un autre agent ou au destinataire lui-même. Elle est "statique" ou "morte", sous la forme de l'habituelle boîte aux lettres d'un couloir d'immeuble choisi, par préférence, dans un lieu parmi les plus fréquentés. L'agent de liaison lève périodiquement le courrier, accomplissant une besogne de facteur. Il faut disposer de nombreuses boîtes, car elles vont devenir suspectes à l'usage, grillées en cas de filature et/ou d'arrestation.

Plusieurs facteurs déterminent le danger encouru dans l'exercice de la fonction d'agent de liaison : profil, motivation et formation de l'agent, densité de l'occupation ennemie dans la zone d'action, nature, amplitude et fréquence des missions. Une étude, portant sur 24 agents de liaison recensés en Drôme, montre que, à parité entre les deux sexes, ce sont les femmes qui paient le plus lourd tribut. Ceci peut s'expliquer par le fait que les missions les plus périlleuses leur sont souvent confiées. Pour un agent de liaison masculin arrêté, torturé et exécuté, quatre agents de liaison féminine sont soit tuées, soit déportées.



                                                       Liaisons

In terms of underground organisation, the first structure to be made is the department responsible for forwarding connections from the top to bottom of the pyramid, and conversely, instructions, orders for action, information, and reports.

Whether or not it belongs to the intelligence services, to organise and create a link service involves creating and maintaining a real frame composed of agents required, perhaps more than any other, to practice absolute discretion no matter what. The key for a clandestine organisation lies in the partitioning obtained, for example, using the triangular system of Partisan Irregular Riflemen (FTP). The leader should never be known to subordinates, thus, he can only communicate by intermediates: vertical wainscoting. |At each stage of the organisation, discontinuities must be established so that in case of arrest, infiltration by enemy agents, or failure, damage is strictly limited. To ensure the progress of the ensemble, the discontinuities can only be erased through links.

Liaison officers are generally recruited amongst young and resilient women. Trying to pass unnoticed, they will travel for miles every day on foot, by bicycle, and public transportation. In the city, they know every street, every alley, every hidden passage. Racing from one place to another, transmitting verbal messages, folds carrying brief instructions or appointments. Very quickly, they are coded, and the tolerance for delays does not exceed a quarter of an hour. The auxiliary liaison officer is the mailbox, called "alive" under the guise of a supporter keeping shop, a workshop looking innocuous. The "live" mailbox receives and transmits either verbal messages or folds to another agent, or the recipient. The mailbox is "static" or "dead", under the guise of the usual corridor mailbox of a chosen building, by preference, in a place amongst the most frequented. A liaison officer periodically collects mail, accomplishing a task factor. It is necessary to arrange many mailboxes, since they will become suspect, and exposed in case of stalking and/or arrest.

Several factors determine the risk involved in performing the function of liaison: profile, motivation and training, the density of the enemy occupation in the action zone, nature, magnitude and frequency of missions. A study of 24 liaison officers identified in Drôme shows that, at parity between the two sexes, it is women who pay the heaviest price. This can be explained by the fact that the most dangerous missions are often assigned to them. For every male liaison officer arrested, tortured, and executed, four female officers are either killed or deported.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s) : Pierre Balliot
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

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