"Ravanel devient « un opposant qui agit dans l’illégalité »"



De septembre 1941 au printemps 1942, alors que le gouvernement du maréchal Pétain s’engage clairement dans une politique de collaboration, une « chasse aux résistants se met en place ». Dès lors, Ravanel réalise qu’il devient, avec ses deux principales activités – d’une part la diffusion de journaux clandestins, d’autre part ses actes de sabotages personnels – un opposant qui agit dans l’illégalité.
Conjointement, il suit sa formation à l’école polytechnique qui ignore tout de ses actions clandestines. « Je n’en parlais strictement pas à mes camarades de l’école. […] et je n’ai jamais failli à cette règle » (1). « Je ne devais absolument pas être soupçonné de mes actions de résistant auprès de mes camarades de polytechnique » (2).
Bien qu’il ne soit, à ce moment précis de la guerre rattaché à aucun mouvement ni réseau de Résistance, un nouveau mode de vie se met en place, des règles de sécurité et de méfiance s’imposent. Très vite et sans difficulté, Serge Ravanel apprend et adopte cette nouvelle façon de vivre et comprend dès ce moment-là que les résistants devaient se comporter en professionnels, établir des règles de sécurité, apprendre à repérer le danger.
Serge Ravanel en fait l’expérience au cours de l’été 1941 alors qu’il profite de ses quelques semaines de vacances pour « aller voir à Paris ce qu’il s’y passe ». Dépourvu d’Ausweis, indispensable pour passer la ligne de démarcation, il met en place un astucieux moyen lui permettant de voyager sous les wagons de voyageurs, sous le plancher, dans le train de nuit à destination de Paris. A l’aide de trois épaisses courroies de cuir terminées avec de grosses boucles, qu’il se procure chez un sellier de Grenoble, il se construit une sorte de litière qu’il place entre les barres qui commandent le serrage des patins de freins. Bénéficiant de la pleine obscurité, il se glisse à cet endroit en trois secondes, à Sennecey-le-Grand, dernier arrêt avant Châlon-sur-Saone où passe la ligne de démarcation et où le train s’arrête une heure, le temps de vérifier les laissez-passer des voyageurs. Il profite du premier arrêt en zone Sud à Chagny pour descendre en toute hâte de sa litière et remonter dans un wagon où il s’installe parmi les autres voyageurs après une brève toilette. Arrivé à Paris, il retrouve son beau-père et réalise que, malgré des apparences neutres et ordinaires, bon nombre de Français, noyés dans la masse sont engagés dans diverses actions comme en témoignent des arrestations massives de la Gestapo.

Sources : (1) Serge Ravanel interviewé par Yves Blondeau le 9 juin 2006. (2) Serge Ravanel interviewé par Alain Vincent le 18 novembre 2003.


                          Ravanel becomes a «Resistant fighting by illegal means »

From September 1941 to the spring of 1942, with Maréchal Pétain's regime obviously collaborating with the Germans, a «hunt for Resistants had begun. » Ravanel quickly realized that because of his involvement with the distribution of the Resistance newspapers and sabotage of Vichy trains, he would be a target for the authorities. As this was going on, Ravanel continued his studies at Polytechnique. No one there knew anything about his work in the Resistance. «I could never speak of it to my friends at school...and I never did» (1). «It was of the upmost importance that no one at school ever suspected me of being a Resistant» (2).

Even though he wasn't officially in a Resistance network at the time, a new chapter of his life had begun, and along with it, new rules to live by. But Serge Ravanel learned how to adapt quickly and easily, realizing that he needed to create and follow rules to protect himself, and learn how to spot danger.

Serge Ravanel's new skills were tested, however, when he decided to take advantage of a school vacation to go to Paris «to see what was happening». Without an Ausweis, necessary for passing into the North Zone, Ravanel had to find another way across. Using three thick straps of leather with heavy buckles—bought from a seller in Grenoble—Ravanel managed to make a sort of bed under the floor of the train. In order to cross the Demarcation line, he needed to stay hidden between the stops of Sennecey-le-Grand and Châlon-sur-Saône, where the train stops for one hour so the police could verify that the passengers had proper identification.

Completely hidden from view, he took advantage of the first stop in the Free Zone, Chagny, getting off as quickly as possible and going into a passenger car. He sat down with two other passengers after pretending to have used the bathroom, and successfully crossed into the North Zone. When he arrived in Paris, he visited his step-father and realized that, despite appearing like everything was normal, the Parisians and others in the North Zone were in the grip of the Gestapo.


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

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