"Une armée « inefficace et irresponsable »"

 

« J’avais osé exprimer mes doutes sur les capacités de notre artillerie ».
Le 10 mai 1940, l’armée allemande lance une offensive généralisée sur la Belgique et les Pays-Bas avant d’envahir la France. A l’écoute du communiqué 499, Serge Asher est convaincu que le moment de mettre un terme à l’expansion allemande est arrivé et c’est avec un véritable enthousiasme qu’il lance à ses camarades, l’air joyeux : « enfin on va se battre ». Mais les événements s’accélèrent à une vitesse « éclair » sous-estimée par l’armée française « en retard d’une guerre » sur le plan stratégique, malgré la possession « d’excellents avions [dont Ravanel connaît par cœur les caractéristiques] et d’une marine remarquable ». En quelques jours et sans peine, les troupes allemandes largement motorisées et appuyées par leur aviation parviennent à « crever le front et atteindre l’arrière de nos armées, terrorisées et rapidement anéanties ». En huit jours seulement, les divisions blindées allemandes atteignent la Manche « sans rencontrer de résistance » !
Malgré des déclarations militaires officielles confiantes, appuyées et relayées par des articles de journaux qui rassurent l’opinion, le doute et la confusion règnent au sein de l’école d’artillerie. Bien qu’ils soient témoins de ce désastre militaire, Serge Asher et ses camarades militaires refusent de croire à une défaite. Profondément attaché à sa Patrie d’adoption, il veut croire longtemps en son armée, à laquelle il s’est rattaché avec foi, loyauté, sincérité et conviction, même s’il en connaît les limites qu’il parviendra à exprimer à plusieurs reprises tout au long de son cursus.

Sources : Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995.


             An ''inefficient and irresponsible'' army

An «inefficient and irresponsible» Army «I had dared to doubt our artillery's capabilities.»
May 10th 1940, the German army launched an offensive across Belgium and the Basque Country before invading France. Upon hearing the radio announcement 499, Serge Asher was convinced that the German army was fully mobilised, and he told his comrades enthusiastically, «Finally! We are going to fight!» But with an «incredible speed» and efficiency that the French army had not foreseen, in spite of their «best planes whose workings Ravanel knew by heart, as well as a remarkable navy,» the Germans ploughed through the French defenses. In a matter of days, the German army «punctured the French army's frontline and took out the back, laying waste to the French troops. » Eight days later, the German troops reached the Channel «without coming across any resistance!»

In spite of the French military's confident assurances that the army was still strong, and the subsequent articles published in newspapers to reassure the public, Ravanel and his fellow classmates at the military school had their doubts. Even though they had witnessed the complete and total military disaster that would become known as The Debacle, Serge Asher, like the rest of the young men, refused to admit defeat. Because he was so attached to his adopted country of France, Ravanel wanted desperately to believe in her army still, even as he wanted to voice the obvious limits and weaknesses that the Germans had exposed.

Source: Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Seuil publications, 1995.

Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

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