"Troisième évasion"



Le 19 octobre 1943 à Villieu, près de Meximieux dans l’Ain, Ravanel et ses camarades sont arrêtés par la Feldgendarmerie, la gendarmerie allemande, lors d’une réunion organisée, dans une auberge, par Ducasse et destinée à « mettre sur pied une vaste opération de sabotage des lignes électrifiées ».
« Au lieu de nous emmener, ils nous gardent sur place. Ils ont sûrement téléphoné à la Gestapo de Lyon pour qu’elle vienne nous prendre en charge. Lyon étant à 40 km, nous disposons probablement d’une heure de répit. Si quelque chose est à faire c’est maintenant. » Profitant de la rêvasserie du gendarme qui tourne le dos à la fenêtre, Ravanel, « en nage » et saisi de « peur » sort son révolver, qui a échappé à la fouille des Allemands, frappe le gardien avec la crosse de son arme, saute par la fenêtre, atterrit sur le poulailler en se foulant la cheville. Dans sa course folle, le gendarme lui tire dessus : « je suis touché ! Mais je continue à courir. Un peu plus loin, je me précipite dans un vaste massif de hautes broussailles et de ronces. Je m’égratigne le visage et les mains. Je saigne. Immobile, j’attends. »
Les Allemands arrivent et lancent des grenades qui « explosent tout près. Mais aucun éclat ne me touche. » Sans succès ils essaient de mettre le feu au buisson puis, « tirent quelques rafales de mitraillette. » Profitant de l’arrivée de voitures, sans doute celles de la Gestapo, « je réussis à sortir de mon buisson et à ficher le camp. » (1)
Ravanel poursuit sa course mais, rattrapé par les Allemands qui lui tirent dessus, il n’a pas d’autre solution que de « plonger dans l’Ain » et se laisse emporter par le courant rapide. Profitant de l’obscurité de la nuit, il continue sa cavalcade dans cette région que par chance il connaît bien pour y avoir séjourné, à l’occasion de vacances de Pâques. A Charnoz, près de Meximieux, il retrouve la maison de famille de son ami Noguès. Il frappe à la porte des gardiens. Guère hospitalier, il ne l’héberge que peu de temps. Une heure avant le lever du couvre-feu, il repart dans la nuit et le froid. Au terme de 50 km d’une marche difficile et longue de 10 heures, Serge Ravanel arrive chez Lucie Aubrac. C’est le 20 octobre, la veille de l’opération d’évasion de son mari.Il part se réfugier chez les Bernard où il se repose quelques jours. « A partir de cette date ma tête fut mise à prix pour 3 millions de francs » (2).

Sources : Récit dans L’Esprit de Résistance, Serge Ravanel, Editions du Seuil, 1995. (1) Serge Ravanel, interview d’Alain Vincent (18 novembre 2003). (2) Op cit.


                    Third Escape

October 19th, 1943 in Villieu, close to Meximieux in Ain, Ravanel and his comrades were at a meeting organized by Ducasse, planning a «vast operation to sabotage the eclectic lines.»

They were discovered by the Germany police, Feldgendarmerie, and were immediately arrested. «Instead of hauling us off, they kept us where we were. They must have called the Gestapo in Lyon so that they could come and arrest us. Lyon was 40 kilometers away; we had about an hour before they arrived. If we were going to do anything, it had to be soon.» When one of the policemen turned his back, Ravanel «dripping with sweat» and «scared to death», pulled out the rifle he had managed to keep hidden, hit the German with the butt of his gun, and leapt out the window. He landed on a henhouse, breaking his ankle. The German managed to grab Ravanel, yelling «I've got you! But I just kept running. I found myself in a massive field with all kinds of weeds and brambles. I scratched my hands and face and was bleeding, but I couldn't move. All I could do was waiting. »

The Germans came and began throwing grenades that «exploded all around me. But none hit me.» When that didn't work, the soldiers started firing into the bushes, then «firing round after round with a machine gun.» Taking advantage of the Gestapo arriving by car, «Ravanel managed to escape». (1)

Ravanel kept running, but with the Germans right behind him, he had no other choice but to «dive into the river» and to let the current take him. Under the cover of night, Ravanel kept on, hoping that a vacation spent in the area would help him find his way. In Charnoz, close to Meximieux, he found his friend Noguès' parent's home. He knocked on the door, but no one was home. One hour before the curfew would be lifted, he went back out into the cold night. After walking 50 kilometers for a difficult 10 hours, Serge Ravanel arrived at Lucie Aubrac's home. It was October 20th, the day before her husband would escape. He left to stay at the Bernard's home where he rested for a couple of days. «After that day, I was wanted for 3 million francs » (2).


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

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