"Travailler ensemble pour la Libération"



« Il fallait que l’on se comprenne et que l’on s’aperçoive que l’objectif final est le même »
(1)

Mises en place au début de l’année 1944 par le CNR (Conseil national de la Résistance), les FFI (Forces françaises de l’intérieur) visent à rassembler et à structurer de manière hiérarchique l’ensemble des formations militaires de la Résistance. Ainsi, les CFL (Corps francs de la Libération), les FTP (Francs-tireurs et Partisans) et les MOI (Main d’œuvre immigrée) qui leur sont affiliés, l’ORA (Organisation de la Résistance armée) et les autres, telles que les guérilleros espagnols et des groupes locaux, doivent agir de concert jusqu’à la libération du pays.

Dépourvu de sectarisme, capable de travailler avec des hommes très différents et, surtout, de les faire travailler ensemble, le jeune colonel Ravanel va, avec son sens aigu de l’intérêt général et son insatiable envie de vaincre, tout mettre en œuvre afin de remplir la mission qui lui a été confiée. Pareillement à la mise en place des CFL, « ses qualités de discernement et de négociation et sa capacité à conduire une équipe » vont lui permettre de réaliser l’unité en « traitant tout le monde à égalité et en établissant une confiance entre partenaires » (2). Ce travail d’unification ne se fait pas sans difficulté et certaines formations hésitent, pour diverses raisons, à rejoindre les FFI.
Ce sont notamment :
- les FTP, traditionnellement « méfiants à l’égard des autres formations militaires de la Résistance » (3) auxquelles ils reprochent l’amateurisme et le rattachement au Gaullisme, s’inquiètent d’une subordination à un chef FFI originaire des CFL gaullistes. Après avoir établi la liaison avec le dénommé Delcamp, Ravanel parvient, avec patience, persévérance et beaucoup de considération (il leur promet une place au sein de l’état-major), à gagner leur confiance ;
- le Corps franc Pommiès : chef d’un important corps franc très organisé, le commandant Pommiès agit avec une certaine autonomie, refusant de reconnaître une quelconque autorité. Par ailleurs, il « estime que le rôle de chef régional des FFI lui revient ». Finalement, « après avoir tenté de récuser l’autorité de Ravanel pendant quelques semaines » (4), ce dernier parvient à se faire accepter par cette forte tête. « Même si tout le monde le détestait, moi je lui trouvais un côté sympathique. Le Corps francPommiès était la seule organisation de l’ORA organisée en France. Les autres étaient des bricoleurs » (5). La considération et le respect que Ravanel manifeste à son égard sont à l’origine d’un accord passé avec lui le 14 juillet désignant son organisation comme le Corps franc Pommiès ;
- le maquis de l’Armagnac et le Corps Franc de la Montagne Noire. L’intégration de ces « deux puissants maquis » aux FFI n’est pas immédiate. La présence en leur sein de deux officiers actifs issus du SOE, Georges Starr (Hilaire) pour la première organisation et Harry Despeigne (Richardson) pour la seconde, sème le trouble et pose à Ravanel un problème de subordination hiérarchique : l’intervention du général Koenig est nécessaire pour rétablir l’autorité du colonel Ravanel et régler ce différend. Finalement, les efforts de coordination, peu à peu mise en place, finissent par aboutir et ces maquis « menèrent des combats efficaces contre les Allemands lors de la Libération » (6).

Dans la mise en place des FFI, Serge Ravanel va déployer « ses qualités de meneur d’hommes. Une perception pleine de finesse et de chaleur humaine le met en sympathie directe avec ceux qu’il doit influencer et qui vont accepter de le suivre » (7). Il s’efforçe, à chaque instant, de se « montrer complètement loyal à l’égard » , des responsables militaires, de départements et de secteurs en leur laissant l’initiative la plus large possible comme l’exige ses supérieurs hiérarchiques.

Sources : (1) Sud-Ouest : Le rêve et les fusils ou l’été de la libération dans le Sud-Ouest (19/07/94). (2) Extrait du discours de R. Aubrac prononcé lors des honneurs rendus à Serge Ravanel aux Invalides le 5 mai 2006. (3) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (4) Op cit. (5) Serge Ravanel, interview de Blondeau 09/06/09. (6) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (7) Sud-Ouest : Le rêve et les fusils ou l’été de la libération dans le Sud-Ouest (19/07/94). 

                      

                      Working Together for the Liberation

«It was absolutely necessary that everyone understand each other and understand that we shared the same objective in the end» (1).

Created at the beginning of 1944 by the CNR (National Counsel of the Resistance), the FFI (French Forces of the Interior) followed in the footsteps of the CFL in order to reorganize. So the CFL, the FTP (Francs-tireurs et Partisans) and the MOI (Main d’œuvre immigrée), l’ORA (Organisation de la Résistance armée) and other groups, like the Spanish Nationals, had to all join together under the FFI until France was liberated.

Because he was completely open and far, and was capable to work with anyone, young Colonel Ravanel was extremely able and prepared for the task that lay before him. Similar to his work for the CFL, «his abilities to judge a situation and to negotiate, as well as his skills as a leader» made it possible for him to unite these groups. «He also treated everyone fairly while earning their trust» (2).
Not that uniting these groups under the FFI was going to be easy, and it wasn't for several reasons:

-the FTP was considered the «least trustworthy group by other resistants » (3) because they detested the naivety of the other military groups and their attachment to de Gaulle. This in particular upset a leader in the FFI who had been one of de Gaulle's supporters in the CFL. But Ravanel became friendly with one of the FTP members known as Delcamp, and slowly but surely, (along with the promise of a job in the Chief of Staff's office), he convinced them to join the FFI.

-The Corps franc Pommiés: As head of a very well organized division of the French corps, Pommiés was used to running his own men without interference. Besides, he «believed he would be the next leader of the FFI. » After « trying for several weeks to challenge Ravanel's authority», Pommiès finally agreed. « Even though everyone else found him stubborn and difficult, I always felt somewhat sympathetic. His division was the only one in the ORA that was organized in France. The others had been formed elsewhere» (5). Pommiès respected Ravanel greatly after they agreed, on July 14th, to name his organization the Corps Franc Pommiés.

-The Maquis of Armagnac and the Corps Franc of Montagne Noir: Bringing together these «two, very powerful maquis » into the FFI did not happen immediately. The two leaders of the groups issued by the SOE, Georges Starr (Hilaire) for the first, and Harry Despeigne for the second, posed a problem for Ravanel. The existing hierarchy of these two divisions had to be overridden by General Koenig in order for Ravanel to take charge. Finally, after chipping away little by little, the two maquis were «joined together in order to efficiently beat the Germans in the name of the Liberation » (6).
Throughout this whole process, Serge Ravanel had to use «his gifts of perception, warmth of spirit, and sympathy in order to convince these men that this was the right thing to do» (7). He made sure that he was always «loyal and honest» to each leader, department, and sector in order to bring them together into the FFI.


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

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