"Organisation des FFI dans la région"



« La région de Toulouse, c’est une Résistance organisée »
(1)

En ce début d’été 1944, l’intensité des actions menées à Toulouse et dans sa région pour la victoire finale sur l’ennemi allemand est à son comble. En application des directives nationales, Serge Ravanel organise les FFI (Forces françaises de l’intérieur) dans l’ensemble de sa région, ce qui signifie transformer les zones préalablement établies dans le cadre des CFL (Corps francs de la Libération) en nouvelles zones FFI. L’objectif étant, comme pour le reste de la France, de la structurer hiérarchiquement et ainsi coordonner et unifier l’action des combats en vue de la Libération. L’organisation des FFI dans la région est une tâche extrêmement complexe qui exige une grande efficacité. Sa mise en place doit se faire avec discernement et promptitude. Afin de mener à bien sa mission, Serge Ravanel et son adjoint Cartier-Bresson sont aidés « d’inspecteurs sous-régionaux » : Raymond Deleule, est chargé du Tarn, du Tarn-et-Garonne et du Lot ; Louis Thévenard des Hautes et Basses-Pyrénées ; Robert Darnault du Lot-et-Garonne, du Gers et d’une partie des Landes, Vernant est responsable de la Haute-Garonne et, enfin, un dénommé Aubert a sous sa coupe le département de l’Ariège (considéré comme sous-région).

La région est constituée de dix départements « très différents les uns des autres » (2) eux-mêmes découpés en plusieurs zones désignées par les lettres A, B, C... Charge à Ravanel de nommer dix chefs départementaux et de mettre en place des responsables de zone. Il s’appuie, dans un premier temps, sur ses adjoints des CFL, dernièrement mis en place. Ils ont une bonne connaissance de leur secteur et, surtout, ils ont établi, au cours de ces dernières semaines, des relations de confiance avec leur responsable régional et ont adhéré pleinement aux principes de cohésion et d’unité qu’il leur a inculqués, avec son autorité naturelle. La nécessité d’ouverture à l’ensemble des formations militaires, (FTP, MOI, ORA, guérilleros espagnols et des groupes locaux) qui viennent renforcer les CFL et constituer ainsi les FFI, devient dès lors plus naturelle. Progressivement, Ravanel constate qu’« un esprit de cohésion se développe », il est le fruit de longues semaines de diplomatie et de patience. Afin de gérer les susceptibilités et ne froisser personne, il faut veiller à ce que chaque organisation ait sa part du « gâteau ». Contrairement aux idées reçues, Ravanel souhaite que les désignations de chefs départementaux et locaux résultent d’un choix qualitatif et non pas politique ou idéologique. À titre d’exemple, le chef d’escadron Redon, responsable départemental du Tarn, « avait su choisir ses chefs de secteur en fonction de la diversité sociale et géographique de son département… et en raison de leur expérience militaire » (3). Communistes et hommes de droite tels que Dunoyer de Segonzac se côtoient et se partagent les différentes zones du Tarn. Le colonel Lesur, originaire de l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée), prend le commandement du Gers ; Duplan le Tarn et Garonne, Coissard les Hautes-Pyrénées, Brocca pour les Landes, Montagnier pour le Gers tandis que Philippe Noireau, issu des FTP (Francs-tireurs et partisans), se voit confier le département du Lot (4). Chacun de ces chefs départementaux « doit développer son savoir-faire dans des domaines aussi variés que l’action militaire, l’unité, la coopération avec les organismes de la Résistance civile. Il doit posséder une autorité personnelle, faire preuve de dynamisme, comprendre la démarche générale de la Résistance et adhérer à ses objectifs » (5).

Sources : (1) Serge Ravanel, interview de Christine Lévisse-Touzé le 3/12/98. (2) Op cit. (3) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (4) Lettre de Ravanel adressée à Delcamp le 11 mars 1947 sur l’organisation des FFI dans la région R4. (5) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995.



                                   Organizing the FFI in Toulouse

« The Resistance in Toulouse was extremely organized» (1)

At the beginning of the summer, 1944, with the end of the war in sight, the Resistance's activities in Toulouse had reached a fever pitch. Following the national model, Serge Ravanel organized the FFI in his region, which shifted the old zones created by the CFL into those of the new FFI. Across France, the goal was to establish a hierarchy that would coordinate and unify the Resistance's armed forces in working towards the same goal: Liberation. However, organizing the FFI in Toulouse was extremely complex and required a leader who possessed a great deal of efficiency and care. In order to complete this difficult mission, Ravanel and his deputy Cartier-Bresson were helped by «regional inspectors: » Raymond Deleule, in charge of Tarn, Tarn-et-Garonne, and Lot ; Louis Thévenard, head of Hautes and Basses-Pyrénées ; Robert Darnault, for Lot-et-Garonne, Gers and a part of Landes; Vernant was in charge of the Haute-Garonne and, lastly, a man known as Aubert who headed the department of Ariège.


The region of Toulouse was split into 10 departments «that were extremely different from one another» (2), and split up into smaller zones, marked with the letters A, B, C...Ravanel was in charge of choosing the ten departmental heads for each zone. He first decided to keep the pre-existing leaders from the CFL in place because they knew their zones well, had established contacts, and had done a good job of unifying the Resistance groups within their sphere of influence. With the necessary integration of the other military divisions (FTP, MOI, ORA, Spanish nationals, and local groups) into the FFI as well as the CFL, this seemed a natural decision. After patiently negotiating, Ravanel began to see that his hard work had paid off because «unity was beginning to develop between these groups.» Without ruffling any feathers, Ravanel wanted to make sure each of these individual groups got to play their «part» in the new organization. Despite what others thought, Ravanel decided that the departmental and regional leaders should be chosen by their qualifications rather than their politics. For example, the head of Redon, in Tarn, «made sure his deputies were from all over the region and from different social classes...and, more importantly, for their military experience» (3). Communists and Democrats like Dunoyer and Segonzac worked together side by side in their respective zones in Tarn. Colonel Lesur, originally from the ORA, was in charge of Gers; Duplan of Tarn and Garonne, Coissard of the Hautes-Pyrénées, Brocca for Landes, Montagnier for Gers, and Philippe Noireau, from the FTP, was in charge of the department in Lot (4). Each of these men «needed to have the know-how to run their respective sectors and military experience, but also teamwork because they needed to cooperate with the civilians in the Resistance. Along with charisma and the ability to adapt, these leaders had to understand the Resistance's goals and ultimate objectives » (5).


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

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