"Fédérer, organiser et impulser l’action dans la région"



Le contexte et l’enchaînement des événements auxquels personne n’a été préparé a imposé une adaptation constante et conduit à une inévitable confrontation entre des hommes aux personnalités plus ou moins exacerbées. Au bout de quatre années de guerre, alors que chacun entend jouer son rôle et contribuer à la libération de son pays, la mise en place de cette nouvelle structure suscite parfois de vives réactions, ce que la direction mesure parfaitement. « Nous nous rendons très bien compte des difficultés pratiques que soulèvent de tels bouleversements dans des organisations existantes. Nous savons combien il sera pénible à certain de s’adapter à la situation nouvelle qui leur est si brutalement présentée… » (1).
La mission de Ravanel est très délicate et requiert un grand savoir faire. Il va devoir user de toute son énergie pour parer à l’urgence, de sa diplomatie pour éviter, dans la mesure du possible, les « mises en place arbitraires et non adaptées aux nécessités de l’action » (2), de sa finesse et de son sens de l’humain pour se faire apprécier et respecter et, enfin, de sa discipline pour assurer la mise en œuvre du plan d’action des CFL. Fort de ses expériences passées, il est bien convaincu que le problème de l’action ne peut se résoudre par la mise en place d’une hiérarchie mais au moyen d’une répartition des responsabilités et par la considération du travail accompli par l’ensemble des Résistants. « Il fallait confier à chacun une mission dont il était responsable. La priorité était de développer l’action immédiate » (3). Comme le rappellent avec insistance de nombreuses notes et rapports « trêve de discours, trêve de petites ambitions locales. Tous à l’action et au coude à coude » (4).
Animé par le souci permanent de connaître chacun de ses responsables militaires, Ravanel parvient, après des débuts parfois houleux, à transmettre ses consignes et à organiser sa région.
Sarda de Caumont, chef régional des maquis prend en charge les Hautes et Basses-Pyrénées, Jean-Pierre Vernant chef des CFL pour la Haute Garonne, Nil Duplan et Henri Viltard sont responsables du Tarn-et-Garonne… Quant au capitaine Pélissier, chef des GF, il accepte – après avoir « fait preuve de sa mauvaise humeur » (5) et de sa volonté de travailler seul – de se plier aux ordres et de prendre en charge un département.
Claude Cartier-Bresson devient l’adjoint de Ravanel.
Par ailleurs, Serge Ravanel est en contact avec le Délégué militaire régional Schlumberger, envoyé par le BCRA et chargé d’organiser la réception des parachutages d’armes. Les relations furent, au début, difficiles compte-tenu du contentieux qui existe entre le BCRA, dont il reçoit ses ordres, et la Résistance avec laquelle il doit assurer la liaison. Il fallut attendre la venue à Toulouse de Degliame et de Bourgès-Maunoury (adjoint de Chaban-Delmas pour la délégation militaire de la zone Sud)  vers le 8 juin pour que le « problème soit tranché » (6) et, ainsi, que le DMR comprenne la nécessité se mettre au service des FFI de Ravanel. « A partir de ce moment-là, Schlumberger « qui n’avait pas compris cela… deviendra un bon camarade, fraternel et courageux » (7).

Sources : (1) Note de Ravanel en réponse au questionnaire de Michel Goubet, 1er juillet 1974. (2) Communiqué de Brot pour information aux chefs de départements, aux services régionaux daté du 20/04/44 et émis par le Régional CFL. (3) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (4) Communiqué pour information aux chefs de départements aux services régionaux daté du 20/04/44 et émis par le Régional CFL-Provisoire à tous départements. (5) Note de Ravanel en réponse au questionnaire de Michel Goubet, 1er juillet 1974. (6) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (7) Op cit.



                                  Establishing, Organizing, and Enacting Military action in the Region


Implementing the CFL was not going to be an easy task given that it was clearly going to lead to some disagreements between members of the Resistance, particularly the hot-tempered ones. After four years of war, with everyone having already been playing their part and working for the Resistance, it was going to be difficult to reorganize. And there were some very strong reactions against the creation of the CFL, but none that Ravanel and others hadn't already seen coming. «We understood the practical difficulties in completely overturning the pre-existing organizations. We knew how difficult it would be for everyone to adapt to the new situation, especially as it was happening so quickly...» (1).

Ravanel's task in Toulouse was extremely delicate and required a lot of care. He had to use every tool in his arsenal—his tact, diplomacy, and charm—to avoid any possible «arbitrary groups, or those who refused to join» (2). He had to use all of his finesse and compassion as well to show his appreciation and respect for these groups, but also his discipline in order for the CF to succeed. Because of his past experiences, Ravanel knew that in order to really unite the Resistance, the CFL needed to work as a way to share the responsibilities and the glory of the Resistance movement, not just create a hierarchy. «We needed to trust every member with a mission. The priority was to train and develop the Resistance's military for combat». (3). He repeated constantly in several notes and reports, «In every speech and even in the smallest local mission, we fight shoulder to shoulder» (4).

After a rocky start, Ravanel's military training kicked in, and he began issuing orders and organizing his region. Sarda de Caumont, the head of the maquis in les Hautes and Basses-Pyrénées, Jean-Pierre Vernant, head of the CFL in la Haute Garonne, and Nil Duplan and Henri Viltard were in charge of Tarn-et-Garonne...as for Captain Pélissier, head of the GF, he finally accepted—after «complaining about such a proposition » because he wanted to work alone—to take charge of a department as well.
Claude Cartier Bresson became one of Ravanel's deputies.

Ravanel was also in contact with the Military director of the region, Schlumberger, sent by the BCRA, who was in charge of orchestrating paratroopers. The friendship was difficult at first because the relationship between the Resistance and the BCRA was less than friendly, but they had to find a way to work together. The CFL waited for the arrival of Degliame and Bourgés-Maunoury (with Chaban-Delmas and the military delegation from the South Zone) on June 8th to discuss and «resolve the problem» (6). Thankfully, the DMR understood that it was necessary to join forces with Ravanel's FFI. «At that moment, Schlumberger «who hadn't understood this partnership...became a great friend and courageous ally» (7).


Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

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