"19 août 1944 : Toulouse libérée"



En dépit de la complexité de la mission qui consiste à « apprendre à des gens de formation et d’origine très différentes à travailler ensemble » (1), force est de constater que « dans le contexte court qui a existé, ce qu’on a fait n’a pas été trop mal… Au travers des combats de la Libération nous avons trouvé, dans un grand nombre de départements, une unification et une organisation des maquis qui se sont opérées dans de bonnes conditions » (2). Cette réalisation des FFI n’est pas immédiate dans la mesure où elle se heurte, au cours de ces deux mois, à des velléités d’autonomie et des problèmes d’autorité récurrents qui viennent contrecarrer les directives transmises par l’EM du COMAC, stipulant qu’il est « fortement déconseillé aux officiers en mission alliés, de former des groupes en dehors du contrôle des FFI » (3). Serge Ravanel parvient à surmonter ces difficultés en s’inscrivant inlassablement dans un « rôle de négociateur plus que de commandant » (4) et en étant « d’une impartialité absolue » (5). Cet effort ininterrompu lui permet d’être, « à la libération, complètement reconnu comme le patron des FFI » (6) et se trouve ainsi en mesure de remplir « son rôle d’animateur général » en actionnant et en fédérant l’ensemble de ses troupes lorsqu’à partir du 16 août « se déclenche le premier acte d’insurrection dans la région » (7). Avec l’accord de Ravanel, chaque chef de département et de secteur coordonne l’intervention des maquis et des groupes armés qui engagent des combats de type « guérilla en faisant des coupures sur les routes, en occupant les villes et organisant un certain nombre de barrages » (8). Les unes après les autres, l’ensemble des agglomérations sont libérées des garnisons allemandes. Simultanément, Serge Ravanel prépare, avec le Comité de Libération (CDL), la libération de la capitale régionale : l’ordre d’insurrection est imminent. Le 17 août, après la percée du front allemand en Normandie et le débarquement allié en Provence, les troupes ennemies, stationnées au sud de la Loire et à l’ouest de la vallée du Rhône, sont menacées de capture et « reçoivent l’ordre d’évacuer Toulouse » (9) et de rejoindre le nord-est de la France. En liaison avec Vernant, nommé chef d’État-major insurrectionnel pour la région, et « les chefs des organisations militaires : Cartier Bresson (CFL), Delcamp (FTP), Sarrazin, (ORA) et Acevedo (guérilleros espagnols) » (10), Serge Ravanel organise la libération de Toulouse en demandant aux différents maquis, dont les zones sont libérées, de « rejoindre les cantonnements proches de la ville » (11). Il rassemble ainsi « 4000 hommes de l’ORA, des FTP, des CFL afin que ce moment revête un caractère symbolique de la Résistance fondé sur l’égalité des combattants » (12). Mais pour Serge Ravanel, il « importe surtout que ces hommes soient disciplinés et animés du désir de faire ce qu’il leur est commandé sans récrimination » (13) et par là participer le plus efficacement possible à cet assaut final. « Nous n’avions pas un véritable plan d’ordre de la Libération. Nous n’étions pas capables de faire un plan clair parce que nous n’étions pas capables d’attaquer les Allemands au point central et la stratégie qui a prévalu c’est d’élever en permanence le niveau des petites actions qu’on pouvait faire jusqu’à des captures de petites garnisons. On ne pouvait pas faire beaucoup plus, par contre on pouvait multiplier et faire en sorte qu’un moment ça puisse basculer. Et cela se produisit ». Les 18 et 19 août, conjointement et sous la bannière commune des FFI, l’ensemble des formations militaires (maquis, CFL, ORA, FTP, Guérilleros, milices patriotiques, FFI d’entreprise, population…) assaille l’ennemi de toute part tout en s’efforçant de préserver le patrimoine industriel. La libération de Toulouse est le résultat d’un double « phénomène d’évacuation à la hâte et d’attaque des troupes allemandes » (14) et « d’une symbiose entre la population et la Résistance » (15). Elle n’a en aucun cas nécessité l’intervention de troupes extérieures. Le samedi 19 au soir, « la population est dans la rue, Toulouse est libre » (16).

Sources : (1) Serge Ravanel, interview de Christine Lévisse-Touzé le 03/12/98. (2) Op cit. (3) Directive du COMAC destinée aux chefs régionaux FFI, 12/07/44. (4) Serge Ravanel, interview de Christine Lévisse-Touzé le 03/12/98. (5) Lettre de Serge Ravanel adressée au chef de région MLN, datée du 14 août 1944. (6) Op cit. (7) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (8) Op cit. (9) Ordre d’opération n°7 émis le 19 août 1944 par le chef de Région. (10) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (11) Op cit. (12) Serge Ravanel, interview de Christine Lévisse-Touzé le 3/12/98. (13) Ordre d’opération du chef de région adressé à Berthier, Durenque et Michaud émis le 12 août 1944. (14) Serge Ravanel, interview de Christine Lévisse-Touzé le 03/12/98. (15) Témoignage de Serge Ravanel documentaire diffusé sur France 3 1944, la France libérée : Sud Ouest le rêve et les fusils ou l’été de la Libération. (16) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995.



                      August 19th, 1944 : Toulouse is Liberated

Despite the difficult nature of his mission, Ravanel succeeded in «getting men from totally different backgrounds to work together » (1). Though they «did not have a lot of time, they still managed to unify, » and Ravanel himself said that «we found in several departments the maquis had organized and unified in order to operate as efficiently as possible » (2). But this did not happen immediately, and for two months, the FFI still faced opposition from small, autonomous groups and from leaders in the EM of COMAC who kept «telling their officers to form their divisions outside of the FFI's control » (3). Ravanel tried to ease these tensions by always remaining in the «role of negotiator rather than commander » (4) and to remain «completely impartial at all times » (5). These efforts made him «recognizable as the head of the FFI during the Liberation » (6) which made it possible for him to «act as general» on August 16th when he gathered the Liberation's troops to «launch the battle for Toulouse » (7).

Following Ravanel's orders, each departmental and division leader organized their maquis and other combats groups to launch «guerilla attacks such as blocking off roads and occupying villages, as well as forming blockades» (8). One after the other, towns were liberated. At the same time, Ravanel and the Comité of the Liberation (CDL) were working on a strategy to free the capital of the region: the go-ahead would be given at any moment. On August 17th, after the Allies’ victory at Normandy and more troops landing in Provence, the German army in South of the Loire and West of the Rhône were extremely vulnerable and «received orders to evacuate Toulouse» (9) in order to join the army in the North-east. Working with Vernant, head of the regional attack, and the «head of the military organizations: Cartier Bresson (CFL), Delcamp (FTP), Sarrazin, (ORA) and Acevedo (Spanish nationals) », Serge Ravanel organized the Liberation by sending the maquis from the already-freed regions to «the barracks closer to the city» (11).
«The 4000 men from the ORA, the FTP, and the CFL responsible for the liberation were a symbol of how much the Resistance valued all of its members» (12). But for Ravanel, «more importantly, the men were disciplined and wanted whole-heartedly to carry out this final assault» (12) as efficiently as possible. «We didn't exactly have a plan because we weren't going to be able to attack the Germans at a central point. Instead, our strategy was to keep waves and waves of smaller attacks coming, capturing the smaller barracks. We couldn't do a lot more than that, but each attack could push the Germans farther back. And that is exactly what happened. » August 18th and 19th, the maquis, CFL, ORA, FTP, Spanish nationals, patriotic militias, FFI d'entreprise, civilians, banded together under the FFI, attacked the enemy to free not only themselves but France. The Liberation of Toulouse was the result of two «phenomena: a common hatred of the enemy» (14) and «the joint efforts of the Resistance and the civilian population » (15). There was no need for back-up. That night, Saturday the 19th, «everyone was celebrating in the streets. Toulouse was free » (16).

Traduction : Catherine Lazernitz

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi
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