"Inégalité et discorde au sein de l’action immédiate "

Partout en France, les diverses formations militaires issues de la Résistance (AS, ORA, GF, FTP, Action ouvrière, le réseau Fer, les Espagnols de l’union nationale espagnole et les maquis…) s’engagent dans l’action immédiate. Mais celle-ci « n’est menée de façon efficace et régulière qu’au sein de services spécialisés tels que les GF, l’Action ouvrière et certains maquis. C’est la raison pour laquelle, sa mise en œuvre divise les Résistants en deux catégories : les partisans de l’action immédiate et ceux du Jour J. Pour Serge Ravanel, la seule préoccupation est « d’accroître constamment l’intensité de l’action militaire de la Résistance » ce qui suppose efficacité et unité. Avec ses camarades, il pense « qu’il est possible de créer un climat d’insécurité pour l’armée allemande en organisant chaque jour des centaines, voire des milliers, de petites actions-coups d’épingle ».

Parmi les différentes formations militaires engagées dans l’action immédiate il y a les maquis. Fantastique réservoir d’hommes mais dont l’efficacité de l’action militaire est inégale et, cela, pour des raisons multiples. Aux difficultés d’ordre logistique (camouflage, abri, nourriture, habillement, armement) s’ajoutent des difficultés d’ordre humain : d’un côté les maquisards dont le courage, le dévouement et la discipline (qualités indispensables pour la bonne conduite d’une opération militaire) font parfois défaut ou sont disparates, de l’autre, les chefs de maquis aux qualités et compétences très inégales et dont l’engagement ne s’inscrit pas toujours dans le sens de l’unification. Chef des corps francs, Ravanel est régulièrement en contact avec les responsables des différents maquis situés dans sa zone d’action. Leur « mise en place a mis des mois et des mois. Progressivement, Il a fallu apprendre, approfondir, faire des expériences et élaborer une doctrine » (1) qui consiste en la constitution de petits groupes très mobiles et dynamiques ayant pour « seule tactique d’attaquer et de foutre le camp sans jamais oublier de tourner le dos à l’adversaire ». Henri Romans-Petit, chef de maquis des MUR (Mouvements unis de Résistance) dans le département de l’Ain, est pour Ravanel « un homme remarquable » ; avec Tom Morel et Eugène Chavant, il est un de ces « chefs prestigieux » qui « assimilent avec un don extraordinaire la tactique de la guérilla ». Il organise des petits groupes disciplinés, mobiles et très entraînés. L’efficacité et l’envergure de leurs actions mettent la population en confiance, tandis que les Anglais n’hésitent pas à leur parachuter des armes. Tous les maquis ne connaissent pas le même succès. Beaucoup se heurtent à un manque de tactique et ne sont, parfois, pas convenablement encadrés.

Sources : Serge Ravanel, interview d’Alain Vincent, 18 novembre 2003.

Auteur(s) : Emmanuelle Benassi

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